Après la liquidation de la société Casa Ciné, exploitante du cinéma Le Vagabond en septembre, les habitants de Bar-sur-Aube (Aube) vont pouvoir retrouver leurs salles grâce à la société "Entreprise au Service du Cinéma" (ESC) qui reprend l'activité. L'ouverture est prévue mi-décembre.

Il n’y aura pas besoin d’aller jusqu’à Chaumont, Troyes ou Saint-Dizier pour voir les films à l’affiche : le cinéma Le Vagabond de Bar-sur-Aube va rouvrir ses portes. C’est ce qu’a officialisé ce matin la mairie de la commune de 5 000 habitants lors d’un point presse à la Maison des Arts.

Le cinéma avait officiellement fermé ses portes en septembre 2022, suite à l’arrêt de l’activité et à la liquidation de la société exploitante, la SCOP (Société coopérative et participative) Casa Ciné. Les gérants connaissant des difficultés financières pour faire vivre l'établissement. Le retour dans les salles aura lieu dans quelques semaines, le 14 décembre précisément, avec la sortie du film Avatar 2. Une date choisie par Christophe Lemaire, le repreneur du cinéma. "C’est l’un des films les plus attendus de l’année donc c’est intéressant pour relancer le Vagabond", confie-t-il. En prime : sa projection en 3D.

Films, séances, tickets : ce qui change

Un film qui s’intègre parfaitement dans la ligne éditoriale souhaitée par Christophe Lemaire, le co-représentant de la société "Entreprise au Service du Cinéma" (ESC) qui a candidaté pour la reprise du cinéma Bar-sur-Aubois. S'il souhaite conserver les labels "Art et Essai" et "Jeune Public", le repreneur va également élargir la programmation pour capter plus de spectateurs. "Elle sera à la fois mixte, généraliste avec des films commerciaux et d’art et d’essai", précise-t-il.

Autant de genres cinématographiques que les spectateurs pourront apprécier plusieurs fois dans la semaine puisque le cinéma sera ouvert tous les jours pendant les vacances scolaires avec deux séances par jour en semaine et minimum trois le week-end. Pour le restant de l’année, il sera fermé seulement deux jours en semaine, le lundi et le jeudi, durant les périodes creuses.

Quant à l'entrée, Christophe Lemaire sait qu'il ne pourra pas demander le prix d'un cinéma flambant neuf. Il souhaite donc rester dans une gamme modérée même si le ticket devrait augmenter de 50 centimes, passant de 7€50 à 8€. "Tout augmente notamment le prix de l’énergie donc il faut pallier toute éventualité", commente-t-il. Pour les moins de 16 ans, le tarif reste fixé à 5€. Concernant les cinéphiles, des cartes d’abonnement vont être mises à disposition : la place devrait revenir à 6€ en moyenne. Quant aux élèves scolarisés, les partenariats entre les établissements scolaires et le cinéma seront maintenus.

Travaux de rénovation

D’ici l’ouverture du cinéma, des travaux vont être effectués par la mairie notamment sur l’accessibilité et la sécurité des lieux. "Des portes plus larges ou encore des sanitaires équipés pour les personnes à mobilité réduite vont être mis en place", ajoute Christophe Lemaire. 

Moquettes et peintures vont également être rafraichies pour donner un coup de neuf dans les deux salles du Vagabond. "A moyen terme, l’idée est aussi d’améliorer la qualité sonore avec de nouveaux hauts parleurs arrières par exemple", poursuit-il. 

Car pour le repreneur, optimiser le confort dans les salles reste le seul rempart aux plateformes de streaming : "Il faudra peut-être envisager un écran plus grand, des sièges plus confortables. Mais d’abord, on se concentre sur l’ouverture et on attend de voir le niveau de fréquentation à la fin de la première année. On verra ensuite comment améliorer le reste", conclut le repreneur.


"On prend des risques, mais on n'a pas peur"


La SCOP Casa Ciné, qui animait le lieu depuis plusieurs années, avait été contrainte de laisser la main début septembre faute de moyens financiers, non sans dénoncer le fait que "la municipalité n'a pas voulu s'engager de manière ferme et concrète à les soutenir". La mairie pointant de son côté "une gestion non efficiente". La nouvelle direction, plus professionnelle, semble donc logiquement prendre un chemin plus commercial pour faire perdurer ce cinéma situé en milieu rural.

"Quand on a vu que le cinéma fermait, on a contacté la mairie pour savoir s’ils cherchaient des professionnels pour reprendre l’activité", raconte Christophe Lemaire. Quelques semaines plus tard, c’est lui et sa femme, tous les deux représentants de la société ESC, qui sont sélectionnés par la mairie parmi toutes les candidatures.

"On a apprécié sa technicité et son expérience", relate Philippe Borde, le maire de Bar-sur-Aube. Car le nouveau repreneur a déjà son cinéma en location gérance dans le sud de la France, à Bédarieux (Hérault), où il s’est installé depuis. "Puisqu’on habite plus dans la région auboise, il va falloir s’entourer d’une équipe", précise le repreneur qui cherche à recruter un assistant directeur et un agent polyvalent projectionniste.

C’est un crève-coeur pour nous de voir les salles fermer

Christophe Lemaire, repreneur du cinéma Le Vagabond

C’est un autre élément qui a également fait pencher la balance. "Son attache au département est aussi entrée en jeu", ajoute le maire. En effet, Christophe Lemaire est originaire de Nogent-sur-Seine, là où il commence en tant qu’assistant projectionniste à l’âge de 20 ans. Ces premières années proches du grand écran, il les passe d'ailleurs avec l’ancien gérant du Vagabond. "C’était encore le temps de la bobine. Le mercredi, on allait chercher les films à Paris et on se les échangeait entre les deux cinémas." Depuis, il porte le cinéma Bar-sur-Aubois dans son cœur. 

"De manière générale, c’est un crève-coeur pour nous de voir les salles fermées. Alors on prend des risques, mais on n'a pas peur. On est les premiers à crier que les salles ne sont pas mortes". Et les chiffres d’octobre l’encouragent en ce sens, appuie le futur locuteur du Vagabond. "La fréquentation remonte : le mois dernier, elle était comparable à celle d’octobre 2019, avant la crise sanitaire. Donc tout n’est pas perdu", termine Christophe Lemaire.

C’est aussi là tout l’enjeu pour le maire de la commune : "Il faut maintenant que les spectateurs retrouvent leurs salles pour que le cinéma vive", termine quant à lui Philippe Borde. Le Conseil municipal doit encore donner son accord d’ici mardi 8 novembre au soir pour la réouverture du cinéma courant décembre. Le contrat entre la mairie et le repreneur devrait ensuite être signé devant le notaire d’ici deux semaines.

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