ENTRETIEN. Comment le nouveau film du réalisateur de "Kirikou" est né dans un petit village de Moselle

"Le pharaon, le sauvage et la princesse", le nouveau film de Michel Ocelot, sort en salles, ce mercredi 19 octobre 2022. Il a été réalisé en Lorraine et en Belgique. Il a été aussi, en partie, financé, par la région Grand Est.

Trois contes, trois époques, trois univers : une épopée de l'Egypte antique, une légende médiévale de l'Auvergne, une fantaisie du XVIIIe siècle dans des costumes ottomans et des palais turcs.

"Le pharaon, le sauvage et la princesse" (Nord-Ouest Films), du réalisateur Michel Ocelot a été, en partie, financé par la région Grand Est.

Pour créer cette succession d’histoires, il y a eu trois équipes, une en Belgique, et deux dans le Grand Est. EJT Labo, promenons-nous dans les bois, installé à Saint-Quirin en Moselle a réalisé les deux derniers contes. Michel Ocelot, le réalisateur, a passé plus de six mois sur place. 

Du fric. La question du financement est toujours présente et elle l’est de plus en plus. La région Grand Est a bien voulu nous aider.

Michel Ocelot, auteur et réalisateur

Nous avons demandé à Michel Ocelot ce qu’il a trouvé dans la région qu’il n’y avait pas ailleurs et sa réponse est sans détour : "Du fric. La question du financement est toujours présente et elle l’est de plus en plus. La région Grand Est a bien voulu nous aider. J’ai aussi trouvé un super petit studio dans un village de Moselle qui avait tout ce qu’il fallait."

La création de ce film d’animation a un peu été perturbée par la période de confinement, liée à la pandémie de Covid-19. Michel Ocelot n’est pas fan du télétravail comme il l’explique : " Le premier conte, remarquablement bien exécuté, est dû à McGuff en Belgique, car la Belgique une fois de plus m’a aidé à financer mon film. Je suis en fait un auteur franco-belge, j’en suis fier.

L’autre financement est venu de la région Grand Est. Deux équipes ont été prévues pour les deux autres contes, une en télétravail, l’autre, le studio EJT-Labo à Saint Quirin, en Lorraine. Le télétravail n’a pas bien fonctionné, c’est un drame du coronavirus, de l’absence de contact, de logiciels pas au point.

C’est l’équipe installée dans la forêt lorraine qui a été chargée du plus gros du travail, une équipe très jeune et très enthousiaste. J’étais là tout le temps. Cela m’a permis de découvrir enfin, en bonne compagnie, cette fascinante partie du pays."

Eminé Seker a suggéré les beignets à la courgette, moins "poétique" que la confiture de roses, mais plus juste, car les beignets turcs sont plutôt salés que sucrés. Les courgettes, au milieu d’un duo d’amour, ça me plaît beaucoup.

Michel Ocelot, auteur et réalisateur

Michel Ocelot a aimé l'équipe du studio de Saint-Quirin et les environs : "J’ai beaucoup apprécié la gentillesse des gens d’un petit village, le fait qu’on ne pense guère à verrouiller sa maison ou sa voiture, que tout le monde se dise bonjour, même quand on ne se connaît pas, et même les cyclistes en passant. C’est un peu ce que je prêche dans mes films."

Pour le troisième conte, "La princesse" qui aurait dû s’appeler "la fille aux confitures", Michel Ocelot a bénéficié de l’aide d'Eminé Seker, première assistante de Michel Ocelot sur ce film, qui est aussi co-fondatrice du studio de Saint-Quirin : "Ce conte, c’est une histoire d’amour et de gastronomie ! J’ai bénéficié d’une excellente source de renseignements : Eminé Seker, qui m’a providentiellement assisté à la réalisation, est turque d’origine et a pu me guider. C’est elle par exemple qui a suggéré les beignets à la courgette, moins "poétique" que la confiture de roses, mais plus juste, car les beignets turcs sont plutôt salés que sucrés. Les courgettes, au milieu d’un duo d’amour, ça me plaît beaucoup."

"Au moment de la conception, je vois bien le film dans ma tête. À mesure que le film se fabrique, ce n’est plus seulement dans ma tête, mais aussi dans ma rétine, et nous retouchons peu à peu comme un peintre retouche sa toile. C’est passionnant. " 

Je suis un adulte heureux d’être un adulte, avec tous ses âges en lui, assez présents

Michel Ocelot, auteur et réalisateur

À propos de son film, Michel Ocelot nous a aussi confié : "J’espère que mes trois films plairont et feront du bien. Je suis un adulte heureux d’être un adulte, avec tous ses âges en lui, assez présents. Avec "Pharaon" et l’union de l’Egypte et de l’Afrique, je suis dans mon élément et tout me vient naturellement." Il ajoute : "Les enfants et les adultes attendent de moi que je les surprenne et que je les convainque, et pour y parvenir, je vise vérité et sincérité."

Dans sa biographie sur son site internet, il écrit : "Je n’ai été conscient de mon état de conteur qu’à l’âge très adulte, mais cet état était en place dès l’enfance. J’ai toujours été “bon en rédaction” à l’école, et à partir de huit ans (au moins) j’écrivais des histoires pour ma grand mère (ce n’est pas dans ce sens que cela se passe habituellement !). J’ai volontiers lu une collection appelée “contes et légendes”, aux illustrations soignées 1930."

Les trois contes, trois nouvelles graines semées par Michel Ocelot dans les salles, pile pour les congés scolaires. Une bonne raison de retourner au cinéma en famille.