PHOTOS. Aube : comment la technique de l'aspersion a sauvé une partie des vignes de champagne face au gel

Dans le vignoble de champagne près de Bar-sur-Seine dans l'Aube, certains vignerons ont utilisé de l'eau en aspergeant les bourgeons pour protéger leurs vignes du gel début avril. Moins touchés qu'en Bourgogne, ils attendent les prochaines nuits avec inquiétude. 

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Les photos sont belles, la réalité un peu moins. Dans les vignes situées au sud de l'appellation champagne, dans l'Aube en particulier, on a frôlé la catastrophe climatique. Près de Bar-sur-seine, dans la côte des Bars, l'épisode de gel de début avril a laissé des traces. Thomas Cheurlin est vigneron depuis 25 ans dans la maison familiale Cheurlin-Dangin à Celles-sur-Ource. Comme ses collègues, il a réussi à sauver ce qui pouvait l'être, grâce à la technique de l'aspersion. Les parcelles touchées par le gel se situent autour de Celles-sur-Ource, Landreville, Gyé-sur-Seine et Plaines-saint-Lange.

Cette technique de l'aspersion consiste à "asperger les ceps de vigne avec de l’eau permettant de préserver le bourgeon. Celui-ci est pris dans la glace et donc protégé par le phénomène de surfusion. Une technique toutefois délicate, car il ne faut pas que le glaçon dégèle trop vite. C’est pour cette raison que les parcelles continuent à être arrosées jusqu’à ce que la température remonte au-dessus de 0°C", précise la chambre d'agriculture de l'Aube dans un article sur le sujet. 

 

Réserve individuelle : l'assurance récolte

"Dans la côte des Bars, le chardonnay était en avance, en ce début avril, raconte le professionnel. La conséquence de cet épisode de gel se situe entre 55 et 70% de dégâts sur le cépage chardonnay contre 30% sur le pinot noir. On va voir la suite, on attend deux nuits de gel, cette nuit aussi (le 12 avril) et trois nuits de grand froid sont attendues. On fera le bilan ensuite. Le seul avantage, c’est qu'on a des vins bloqués en cuve. C’est d'ailleurs fait pour ça, même si on fait une demi-récolte, on ne manquera pas de bouteilles". Le champagne est en effet organisé pour ce genre d'aléas climatiques, avec du vin de réserve. La réserve individuelle, elle dépend du nombre d'hectares, le volume maximum est fixé à 8.000 kilos / hectare. Une sorte d'assurance-récolte en champagne. 

Ce qui n'empêche pas les producteurs d'être touchés par cette météo glaciale en ce printemps 2021. "On est embêté et c’est gênant car on n’aura plus grand chose en bourgeons vivants et on aura des problèmes pour les jeunes plantations, la croissance normale de la végétation devra attendre l'an prochain. Certaines vignes vont pousser mais sans raisin, et il faudra quand même travailler, même sans récolte. Sur les 25 hectares que j'exploite, globalement, on est sur 40 % de perte".

 

Cocon de glace

Thomas Cheurlin a protégé ses vignes menacées par le gel avec l’aspersion sur quatre hectares. "Dès que ça peut regeler, on arrose pour saturer l’air en humidité. Cela protège le bourgeon, en formant un cocon de glace autour de celui-ci, l'aspersion produit un changement d'état de l'eau. Passant de l'état liquide à l'état solide, en découle un dégagement d'énergie à l'intérieur du bourgeon, il sera donc à +0°. On attend de voir, il reste quelques jours à tenir. L’année ne fait que commencer. On été surpris, mais les aléas sont nombreux, on a eu  25 degrés en mars, et du gel en avril". 

Un gros épisode de gel, rare en ce début de saison, selon ce producteur de vin de champagne. Même si il est conscient d'avoir échappé au pire. "Nous on n'a pas de problème de crue comme dans le sud, ou en Bourgogne, on n'utilise pas de chaufferette, pour faire du feu dans les vignes, on préfère l’aspersion. Je pense que c'est l'une des techniques les plus respectueuses de l'environnement, même si on consomme du gazoil et des moteurs pour faire monter l'eau. Ceci dit, l’installation était là depuis les années 80. Notre famille avec d'autres viticulteurs a créé une station de pompage à l'époque".

Autres systèmes

Sur les dix dernières années, la famille Cheurlin a arrosé six années sur dix. Cela fonctionne bien, mais il y a le facteur vent et degrés, "là ça gelait fort,à -6°". Viticulteur en champagne depuis 25 ans, Thomas Cheurlin est un habitué. "On est tributaire de la nature, on est nombreux et on travaille en famille. La solidarité s’organise. Ceux qui n’ont pas de bassin de rétention, ils utilisent les bougies, ou les fils électriques. Ou les hélices. Nous avec l'aspersion on a protégé quatre hectares".

D'autres systèmes existent en effet pour protéger les vignes. Les brasseurs d'air, le ventilateur antigel fixe, l’éolienne antigel mobile, les fils chauffants, des fils électriques spécifiques qui ont la capacité de chauffer l’environnement, sur environ 10 cm de diamètre. Les avantages de cette technique sont principalement : son adaptabilité sur la majorité des parcelles, sa longueur qui est variable et qui n’influence pas les parcelles voisines. Les connections entre les fils sont démontables pour éviter tout risque de vol et l’alimentation peut être faite avec un groupe électrogène mobile. Dernière possibilité, la taille tardive. 

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