Coronavirus : "merci d'éviter les sorties", le courrier anonyme choquant reçu par un aide-soignant de l'Aube

Il n'en revient toujours pas. Dans l'Aube, près de Bar-sur-Seine, un aide soignant a découvert dans sa boîte aux lettres mardi 31 mars, un courrier anonyme pour lui demander de ne plus fréquenter les commerces de son village. 

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Stupéfaction en rentrant chez lui ce mardi 31 mars vers midi. Aide-soignant à l'hôpital de Bar-sur-Seine, Franz Pfifferling n'en croit pas ses yeux. Il découvre un courrier anonyme signé par "des habitants", lui demandant "de ne pas se rendre dans les commerces et d'éviter les sorties et celles de ses (trois) enfants. Persuadés que vous comprendrez." Sauf que cet Aubois ne comprend toujours pas. Il a aussitôt posté ce papier sur Facebook pour dénoncer cette mise à l'index. Et au lendemain des faits, il est encore choqué. 
 
Joint ce mercredi 1er avril, il raconte : "j’ai découvert ce mot hier à midi en rentrant du travail, je suis à l’hôpital, je travaille comme aide soignant, depuis cinq ans, sauf en ce moment car j'ai des soucis aux cervicales, donc je fais de l'administratif. Je voyais ça tourner sur des réseaux et on tournait ça en dérision avec les collègues. Jamais je ne pensais pas avoir ça. Je suis perturbé car le mot n'est pas méchant mais stupide. C’est violent, étrange."
 

"Tout le monde est choqué"

De quoi suciter toutes sortes de questions chez ce professionnel de santé âgé de 33 ans. "Je suis quelqu'un d’ouvert donc j’ai essayé de me mettre à la place de la personne qui a écrit ce mot. Je comprend la crainte mais je ne comprend pas la démarche. Cela me rappelle des heures sombres. Si on est capable de ça, alors si on était en guerre réelle, je n'ose pas imaginer. " 

Dans sa vidéo, il interroge d'ailleurs directement le ou les auteurs de la lettre. "Quel sera votre comportement devant des infirmières, des aides-soignants, des ASH, des agents administratifs des hôpitaux que vous avez vous-même invité à rester chez eux, cloîtrés, alors qu'à ce moment-là, ils devront sauver la vie de vos proches ou la vôtre ?"

 

Un désarroi qu'il n'est pas le seul à ressentir. Des soutiens sont venus de partout.  "Au travail, j’en ai parlé et j’ai posté sur les réseaux. Cela a vite tourné. On m’en a parlé et tout le monde est choqué. C’est universel, encore plus maintenant."

Les soignants c’est une grande famille. Quand vous touchez à un soignant, vous touchez à l’ensemble de la profession. J’ai ressenti cette honte, ce dégoût de certains collègues, qui n’ont plus de vacances et du coup, j’ai senti des blessures. 
Franz Pfifferling, aide-soignant


Pour autant, Franz Pfifferling est loin de voir les choses en noir et considère ce message pour ce qu'il est, un acte isolé. Il a foi en son village dans lequel il s'est installé il y a cinq ans. "Ce message ne reflète pas du tout la pensée du village dans lequel je vis qui est Celles-sur-Ource. J’ai reçu plein de mots de soutiens des habitants. Les gens, je les côtoie, c’est possible que ce ne soit même pas quelqu'un de Celles-sur-Ource. Pour moi, le sujet est clos. La gendarmerie m’a demandé de déposer une main courante, j’y vais de ce pas. Le but, c'est de décourager ceux qui sont tentés d'envoyer ce genre de mot. On bosse pour eux, on prend des précautions mais j'entends des choses, des visiteurs à l'hôpital qui ont l’esprit retourné..."
 
Une mésaventure dont le père de famille se serait donc bien passée et qu'à défaut d'oublier, il va tenter de digérer.
 
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