Coronavirus : des infirmières menacées par des lettres anonymes

Ce sont des mots anonymes, scotchés au-dessus des boîtes aux lettres, ou sur les véhicules. Des mots de menace, qu'ont trouvé, par exemple, ce dimanche matin deux infirmières hospitalières, qui ne se connaissent pas mais habitent le même quartier de Bayonne.

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Des mots, qui leur demandent de déménager pour ne pas mettre "des vies en danger".
Des mots qui blessent durement ces héroïnes, engagées nuit et jour dans la lutte contre le Covid19.

C'est incroyable, mais c'est bien vrai !

Martine Laplace, Présidente du conseil interdépartemental 40/47/64 de l'Ordre des infirmiers a eu du mal à le croire. Et pourtant : "Il y a des mots "doux" qui sont retrouvés par des collègues sur les vitres de leurs véhicules. On leur demande en effet de déménager. Parfois on leur a même volé dans l'habitacle, leur matériel de protection. Il ne faut pas céder à ces menaces. Les infirmiers, hospitaliers, ou, libéraux, doivent tous porter plainte. Et informer l'Ordre. Nous allons les soutenir. Et faire remonter tous ces actes révoltants au ministre de l'intérieur, Christophe Castaner".

Martine Laplace ajoute : " Ceux qui insultent, seront les premiers à faire appel à des infirmiers pour porter secours à leur famille".

Les infirmiers ont autre chose à faire que de vivre des situations de stress, supplémentaires.
 

La tristesse et la colère


Elodie Capdevielle-Fidel, infirmière depuis 5 ans, dans un centre gériatrique de soins de suites et réadaptation, à Saint-Jean-de-Luz, a eu un doute, elle aussi,  quand elle a trouvé un courrier, au dessus de sa boîte aux lettres, dimanche matin. Elle rentrait de trois nuits de garde, et pensait qu'il s'agissait de quelques lignes de soutien. Elle vit dans un quartier résidentiel de Bayonne.
"Vraiment, j'ai été surprise", explique-t-elle encore choquée.

Je ne pouvais pas imaginer une réaction aussi idiote. 

La lettre anonyme indique qu'une "soignante vit dans notre chère et belle résidence". Sur un ton qui pourrait paraître poli, si le contenu n'était pas aussi violent, il est demandé "à cette personne de garer sa voiture loin des autres (...) de ne plus toucher les parties communes sans gants et sans s'être désinfecté les mains (...) Idéalement (...) de déménager aussi vite et loin que possible afin de ne pas mettre nos vies en danger".
Et le texte de conclure (faute d'orthographe comprise) "Ci (sic) cette femme est une vraie soignante compétente elle comprendra nos inquiétudes ".
 
Une infirmière indignée par les lettres anonymes reçues pendnat la crise sanitaire du coronavirus. ©France 3 Euskal Herri Pays Basque


Eh bien non, Elodie Capdevielle-Fidel, ne comprend pas du tout ces injonctions. Elle est une jeune femme discrète, et dévouée à son travail.

La tristesse a fait place à la colère.

" C'est tellement méprisant. C'est comme si je devais avoir honte, et partir au plus vite. Mais la honte, c'est la personne qui a écrit et collé ça qui doit la ressentir. Les mots employés sont agressifs, violents. On parle d'exclusion. J'en ai discuté avec mes collègues. Ils sont indignés ".

" Il faut en parler "


Elodie Capdevielle-Fidel  a alerté la police, qui a réalisé une enquête de voisinage. Elle n'a pas encore porté plainte. Mais après ces événements, elle a reçu d'autres types de missives. "Il y a eu beaucoup de mots de soutien de la part de nombreux voisins; des marques de solidarité, et des commentaires positifs sur les réseaux sociaux. Et tout cela en bien plus grand nombre que la lettre anonyme. Je me dis que la personne qui a rédigé ce texte s'ennuie peut-être. En tous cas il faut en parler, que ça se sache".

C'est justement en entendant son témoignage, qu'une autre infirmière des urgences du Centre hospitalier de la côte basque cette fois, a fait savoir qu'elle avait "reçu" dimanche également, le même mot, collé à la glue sur son véhicule et sur la porte de son domicile.

Lydie Loc'h Saint-Gérard, réside dans le même quartier qu'Elodie Capdevielle-Fidel. Mais elles ne se connaissent pas. 

Sur son compte Facebook, elle écrit : 
Elle a été soutenue par ses collègues du Centre hospitalier, ainsi que par le maire de Bayonne, Jean-René Echegaray qui publié ceci sur les réseaux sociaux : 

Quand une infirmière des urgences de l’hôpital de Bayonne découvre ce message sur la porte de son domicile, on revit les pages les plus sombres de notre histoire. 

Le personnel hospitalier mérite, bien plus que de l’égard, notre profond respect.
 


Le dessinateur basque Marko a également apporté son soutien aux soignants. Sa fille ambulancière à Bayonne, lui a monté le mot, encore une fois anonyme, trouvé sur le taxi-ambulance de son patron : "Pourriez-vous ne pas vous garer dans la résidence avec votre taxi-ambulance, vous risqueriez de contaminer tout le monde ici, un peu de bon sens ..."

Alors, il a pris ses crayons et relayé le hashtag #SoutienAuxSoignants avec un dessin et un texte, pour une réponse pleine "de bon sens":

Ils vous sauveront la vie un jour peut-être ! Alors soutenez les et respectez les !


 
Contact
Conseil interdépartemental ordre des infirmiers : cidoi40-47-64@ordre-infirmiers.fr
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