En Champagne-Ardenne, pas loin de 110 000 élèves apprennent l'allemand à l'école, au collège ou au lycée. Dans l'Académie de Reims, le pourcentage de germanophones est supérieur à celui du pays. La proximité entre le Grand-Est et l'Allemagne l'explique sans doute, toutefois des efforts restent indispensables pour que l'allemand reste une langue bien vivante.
« Wilkommen in Maizières ! », ce qui veut simplement dire « bienvenue à Maizières », traduction à l’intention de celles et ceux pour qui l’Allemand est une langue vraiment étrangère. C’est avec ces mots que les élèves de l’école primaire de Maizières-lès-Brienne ont accueilli le recteur de l’Académie de Reims, lundi, à l’occasion de la Journée Franco-Allemande. Une journée anniversaire qui renvoie au 22 janvier 1963 et à la signature du traité de l’Elysée destiné à sceller la réconciliation entre la France et la République Fédérale d’Allemagne.
Si les petits écoliers ont accueilli leur hôte dans la langue de Goethe, c’est en raison d’une pratique assidue en classe. L’école du village vient même d’adhérer officiellement au programme « Elysée » dont la vocation est d’apporter un enseignement précoce de l’allemand. La pratique se poursuit évidemment à l’entrée au CP, jusqu’au CM2. Dans l’Académie de Reims, 115 écoles proposent des cours d’allemand. Parmi les élèves, Lucas, 10 ans, dont c'est la « grande passion » selon sa mère. « Mon grand, il adore ça, et il m'a déjà dit qu’au collège, il ferait allemand », ajoute-t-elle avec une pointe de fierté dans le regard.
L’espagnol plus séduisant que l’allemand
Permettre aux enfants de devenir germanophones, ou en tout cas développer l’apprentissage de l’allemand dans l’académie, c’est un souhait clairement affiché par Vincent Stanek, son recteur. Lundi, dans l’Aube, il a pu voir « des enfants qui disent des comptines en allemand, qui font des jeux en allemand, qui apprennent en allemand ». De quoi susciter plus tard, peut-être, des vocations et une envie de persévérer au collège.
Bien qu’elle soit « de loin la première langue maternelle en Europe », comme le souligne Wandrille Minart, l’allemand séduit moins quand se profile l’entrée en 6e. « Au niveau national, il est vrai que le nombre d'élèves qui l'étudie a plutôt tendance à s’éroder », reconnait cet inspecteur pédagogique dans l’Académie de Reims. Sur son site, le Ministère de l’Education Nationale indique ceci : « 95.4% des élèves choisissent l’anglais en LV1 et 3.4% portent leur choix vers l’allemand ». Quant à la deuxième langue vivante, l’espagnol arrive largement en tête, représentant 72% des choix des élèves contre 15,9% pour l’allemand.
La Champagne-Ardenne, un bon élève en allemand
Si on parle du secondaire dans sa globalité, seulement 14% ou 15%, selon les années, des collégiens et lycéens suivent des cours d’allemand en France. La Champagne-Ardenne, elle, fait mieux avec 21%. « Nous sommes une académie où l'allemand se maintient », constate Wandrille Minart. Les raisons sont multiples. On peut citer les liens économiques, les liens historiques et une tradition familiale aussi. On apprend l’allemand parce que nos parents avant nous ont appris l’allemand.
D’après les chiffres communiqués par l’Académie de Reims, 109 157 élèves du primaire et du secondaire suivent des cours d’allemand en 2024. Des élèves qui en tireront profit un jour peut-être. Wandrille Minart insiste sur la réalité des échanges économiques important entre le Grand-Est et l’Allemagne. « On nous dit que ces échanges économiques peuvent se faire en anglais, mais parler anglais avec un Allemand, c’est vite se mettre en situation d’infériorité, alors que dès qu'on montre, ne serait-ce qu'un petit intérêt pour la culture et pour la langue, on est tout de suite bien reçu ». Et de l’autre côté du Rhin, fait-on en sorte d’être bien vu par les Français ? Selon l’Office fédéral des statistiques allemand, seulement 15,3% des élèves choisissent d'apprendre notre langue.