Entreprises familiales : depuis quatre générations, dans l’Aube, les Guérin sont serruriers de père en fils

A La Chapelle-Saint-Luc, dans l’agglomération de Troyes Champagne Métropole, dans l’Aube, le nom des Guérin est bien connu de tous ceux qui ont, notamment besoin, de sécuriser leur logis. Serrurier, c’est un métier fait de rencontres, riches en souvenirs, parfois amusants.

L’aventure familiale a commencé avec l’arrière-grand-père, Jules. Vinrent ensuite Maurice, Jean-Claude, et aujourd’hui, c’est Jean-Christophe qui  est à la tête de l’entreprise. Jules, venait de Haute-Marne. A la base, il était maréchal-ferrant. Il a évolué vers la chaudronnerie, puis vers la serrurerie pure. Il avait fait la guerre de 14/18. C’est dans l’Aube qu’il a rencontré celle qui allait devenir son épouse. Il a créé les Etablissements Guérin, et y a travaillé seul. Son fils, Maurice, après avoir été déporté pendant la guerre de 39/45, lui a succédé. Il fallait reconstruire. Le travail ne manquait pas. Avec Jean-Claude, le père de l’actuel dirigeant, l’effectif de l’entreprise est monté à 30 salariés. Entre temps, la maison a changé de nom. C’est désormais : Guérin Métal. Mais Jean-Christophe Guérin qui intervient dans tout le département de l’Aube, a voulu revenir à l’artisanat. Actuellement, ils sont quatre à travailler principalement pour des particuliers, des copropriétés. "Contrairement à mon grand-père, je ne réponds plus aux appels d’offres", explique Jean-Christophe Guérin. "Aujourd’hui, on tire de plus en plus vers le bas. Il y a une moins bonne qualité. Avant, tout était fait à la main. Maintenant, on a des machines, des outils"...

" La serrurerie, je suis dedans depuis que je suis tout gamin !"

Jean-Christophe Guérin, gérant de Guérin Métal

Des rencontres parfois surprenantes

Dans le métier de serrurier, les interventions peuvent revêtir parfois un caractère dramatique. "C’est le cas, notamment, lorsque l’on est appelé pour ouvrir la porte d’un logement, d’une maison, où une personne est décédée. Mais il y a aussi des moments inattendus", comme le raconte Jean-Christophe Guérin. "Un jour, nous avons été sollicités pour changer des volets, dans une chambre où il y avait une poupée gonflable... Un autre jour, un monsieur m’appelle, pour que je vienne lui installer une porte blindée. Il connaissait parfaitement les références et le modèle. Ca m’a intrigué, jusqu’à ce que je découvre qu’il était obligé d’équiper son logement, car il conservait des armes. Il était Garde républicain, chauffeur de personnalités, comme Carla Bruni ou Bernadette Chirac. Etre armé, était une obligation. Les assurances lui avaient fourni les références nécessaires à l’installation de cette protection". Et parmi les rencontres, il y a eu celles avec de grands architectes français. "Je me souviens de l’exposition Novator, à l’Espace Argence, à Troyes, dans les années 90. Les plus grands architectes de France avaient répondu présents. Andrée Putman, Jean-Michel Wilmotte, Jean Nouvel, étaient venus à Troyes. J’avais une vingtaine d’années. Il fallait réaménager l‘Espace Argence. On a échangé pas mal. J’ai travaillé sur les décors avec eux. Ils recherchaient l’excellence. Andrée Putman voulait des perfectionnistes qui aiment leur travail. Ca m’a renforcé dans l’idée de continuer après mon père".

La sécurité : une préoccupation

L’activité de l’entreprise, aujourd’hui, c’est notamment l’installation de coffres forts, de portails automatiques et en fer forgé, mais aussi de portes blindées. "C’est une préoccupation pour les particuliers, car il y a de plus en plus de cambriolages. L’insécurité est partout. Dans l’Aube, où la population est vieillissante, les gens ont besoin de se protéger. Quand on voit des portes de pavillon en PVC, ce n’est pas une grosse sécurité. 80% des cambriolages se font par la porte d’entrée. C’est plus silencieux que de briser une vitre. En deux minutes, vous êtes dans la maison, vous cambriolez et vous repartez…Mais certains pensent que ça ne peut pas leur arriver. Il faut qu’on soit à l’écoute des clients, de leurs besoins, car une porte blindée peut coûter 1600 euros. Et ça peut aller jusqu’à 5000 euros".

"Andrée Putman voulait des perfectionnistes qui aiment leur travail. Ca m'a renforcé dans l'idée de continuer avec mon père".

Jean-Christophe Guérin, gérant de Guérin Métal

La reprise familiale est toujours espérée

Jean-Christophe Guérin a un frère qui travaille à la Ville de Troyes. Jean-Christophe, lui, reconnaît volontiers : "En seconde, les études, ça m’a vite saoulé. La serrurerie, je suis dedans depuis que je suis tout gamin. Pendant les vacances, j’accompagnais mon père. On travaillait les samedis et les dimanches J’ai eu envie de reprendre après lui. J’ai un fils, encore jeune. Il a l‘idée d’être architecte. Il voit bien qu’être artisan, c’est compliqué. Je commence à cinq heures, cinq heures trente et je termine vers 20 heures. Il y a beaucoup de charges et il faut donner à manger à ses compagnons. La suite, on verra... On espère toujours une reprise familiale. Mais c’est super dur de s’entendre. Si on voit que l’entreprise décline après, ça fait mal, car c’était votre bébé. C’est la même chose quand on revend à l’extérieur". Aujourd’hui, le père de Jean-Christophe Guérin, Jean-Claude, est à la retraite. Mais, c’est au bureau qu’il vient lire son journal, tous les jours. Chez les Guérin, l’attachement à l’entreprise familiale est bien une réalité.

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