59 détenus transférés vers une nouvelle prison : une opération "hors norme" où "tout est millimétré"

Dans la nuit du mardi 12 au mercredi 13 décembre, 59 détenus ont été transférés de la prison historique du centre de Troyes (Aube) vers le tout nouveau centre pénitentiaire de Lavau, dans l'agglomération troyenne. Une opération de sécurité colossale, qui a mobilisé près de 300 agents.

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Rien n'a été laissé au hasard. Dans la nuit du 12 au 13 décembre, le transfèrement de 59 détenus de la prison urbaine de Troyes vers le tout nouveau centre pénitentiaire de Lavau (Aube), en périphérie de la ville s'est déroulé sous haute protection. C'est l'aboutissement de plus de dix ans de négociation, de projets et de tractations, depuis le choix du lieu annoncé en octobre 2018, mais évoqué dès 2016, et pas toujours facile à accepter par les habitants du secteur, jusqu'à la construction de la maison d'arrêt, visible depuis la rocade de Troyes.

Un projet colossal, et historique, lié à la construction d'un établissement pénitencier ultra-moderne, aux normes actuelles, pour vider une prison vétuste, aux conditions maintes fois dénoncées par les visiteurs de prison. Dans un rapport de 70 pages publié en 2017, par le contrôleur général des lieux de privation de liberté, y était pointée "une surpopulation endémique et chronique". 

 

Dans la nuit, le transfèrement des détenus sur une distance de six kilomètres a mobilisé 281 agents de l'État, pour en assurer la sécurité (132 de la pénitentiaire et 149 forces de l’ordre). L'opération, tenue secrète pour éviter toute tentative d'évasion, a débuté vers 20h30, avec trois cars pour transférer les détenus, escortés par des dizaines de policiers et gendarmes. Elle s'est terminée peu avant minuit, sans incident notoire. Pour des raisons pratiques, 59 détenus seulement étaient incarcérés à ce moment-là à Troyes, afin de faciliter le déplacement. 

La préfète de l'Aube, Cécile Dindar, présente cette nuit, a précisé que cette nouvelle prison "permettra de décharger Reims et les autres maisons d’arrêt du secteur de la surpopulation carcérale. Une opération hors norme, où tout est millimétré. Il a fallu des mois de préparation pour la mettre au point. C'est aussi une opération historique pour le territoire. La prison de Lavau offre des conditions dignes du 21 eme siècle". 

Taux d'occupation : 139% dans l'ancienne prison

En moyenne, jusqu'à 150 détenus étaient surveillés dans l'établissement de la rue Hennequin, au centre historique de Troyes, à quelques centaines de mètres du centre-ville. Le rapport de 2017 sur les conditions de détention, évoquait une situation plus que critique.

"Avec 154 personnes détenues (dont 51 prévenues) pour 111 places (hors quartier de semi-liberté), le taux d’occupation de l’établissement s’élevait à 139 %. Le droit à l’encellulement individuel n’est nullement respecté puisque l’ensemble des locaux d’hébergement sont collectifs et que les seules cellules individuelles qui existent sont celles à vocation disciplinaire et d’isolement. Au moment du contrôle, une personne ne disposait pas de lit et était contrainte de dormir sur un matelas posé à même le sol".

Transformé en prison en 1834, l’ancien couvent des Cordeliers, situé en hyper centre-ville, accueillait ces dernières années entre 110 et 120 personnes détenues, voire plus, réparties en 44 cellules. "Il n’y avait pas d’encellulement individuel, pas de gymnase, pas de terrain de sport", constatait Danièle Boillée, la chef d’établissement du centre pénitentiaire de Troyes-Lavau. L'histoire de cette prison a été marquée par plusieurs évasions, dont une en 2012. 

Inaugurée en octobre 2023, par le Garde des Sceaux, Eric Dupont-Moretti, la nouvelle maison d'arrêt de Lavau semble plus adaptée à une détention dans des conditions dignes. Avec 30 000 m²  de surface, et après trois ans de construction, elle accueillera des personnes en détention provisoire avant leur procès, ou avec moins de deux ans de prison ferme à purger. Avec 476 places, le bâtiment comporte un quartier de semi-liberté pour faciliter un retour progressif à la liberté des condamnés en fin de peine. La construction a coûté plus de 100 millions d’euros à l’État.

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