Depuis 40 ans, il n'avait passé que quelques mois en liberté. Patrick Henry, condamné en 1977 pour le meurtre d'un enfant à Troyes, est décédé d'un cancer des poumons, à l'âge de 64 ans. Défendu par Robert Badinter, le criminel troyen a participé malgré lui à l'abolition de la peine de mort.
Souffrant d'un cancer du poumon, il avait obtenu une suspension de peine en septembre 2017, après 40 ans passés derrière les barreaux. Patrick Henry, notamment condamné en 1977 pour le meurtre d'un enfant, est finalement décédé de sa maladie le 3 décembre 2017 à 64 ans, a-t-on appris auprès d'une proche et de son avocat.
"Il est mort dimanche à 10h30 au CHU de Lille d'un cancer du poumon", a déclaré à l'AFP Martine Veys, une amie qui lui avait trouvé un logement à sa sortie de prison.
Quarante ans de prison
Patrick Henri, originaire de Troyes, avait été condamné en 1977 à la réclusion criminelle à perpétuité pour le meurtre, dans l'Aube, du petit Philippe Bertrand, âgé de 7 ans. C'est ce drame, survenu en janvier 1976, qui inspire au journaliste Roger Gicquel son monologue "la France a peur", en ouverture du journal de TF1 le lendemain de l'arrestation d'Henry, le 18 février 1976.
Le criminel fut aussi un symbole de la lutte contre la peine de mort : son avocat qui lui avait évité de justesse la guillotine, Robert Badinter, deviendra ensuite ministre de la Justice et fut à l'origine de l'abolition de la peine capitale en 1981.
Quelques mois de liberté
Patrick Henry était ensuite devenu un visage de la réinsertion, obtenant en 2001, après 25 ans de détention, une libération conditionnelle. Mais il avait très vite cassé son image d'ex-détenu modèle: interpellé avec près de 10 kilos de cannabis en Espagne en 2002, il était retourné derrière les barreaux. Il avait ensuite présenté plusieurs demandes de libération conditionnelle, sans succès jusqu'au 15 septembre 2017
Patrick Henry avait obtenu à cette date une suspension de peine. Le tribunal de l'application des peines (TAP) de Melun avait notamment suivi l'avis des médecins qui avaient considéré que son état de santé était "durablement incompatible avec la détention". Ses proches "s'étaient réjouis de cette « dernière victoire sur les murs » et conjuraient avec lui sa brièveté", a dit à l'AFP son avocat Hugo Lévy.
"Depuis le 16 septembre, malgré la douleur physique et la lourdeur des soins, il a eu des moments de bonheur comme jamais il en a connu", a confié Martine Veys.