Aube : "Signal Arnaques.com", une plateforme collaborative créée pour lutter contre les arnaques sur internet

Des commandes sur internet jamais livrées, des chantages. Chaque jour, ce sont 200 à 300 signalements qui arrivent sur "Signal Arnaques.com", une plateforme collaborative lancée en juin 2014 par deux Aubois pour recenser, informer, conseiller les victimes d'arnaques qui se multiplient.

Mise à jour : suite à la publication de cet article, des internautes ont signalé que le site Signal arnaques avait été ciblé par des condamnations judiciaires. "J'ai été victime ainsi que mon épouse, sur notre réputation ainsi que nos investissements allant jusqu’à des menaces de mort sur le site internet signal-arnaques.com", explique l'un d'entre eux. Il s'agit en réalité de condamntaions sur des commentaires laissé sur le site, par des contenus édités par ce site, comme le rappelle en nuances l'un de fondateurs joint par téléphone.

Anthony Legros co-fondateur du site explique que "l'on on n’est pas responsable des commentaires qui sont publiés. On est hébergeur de contenu. On met à disposition le contenu mais comme sur Facebook il n’y a pas de modération systématique, il peut y avoir des abus, il faut juste nous les signaler. Conformément à l’article 6 de la LCEN. Nous sommes hébergeurs de contenus. On ne modère pas. Dans un monde où la liberté d’expression existe, on peut laisser les commentaires".

"Il y a en effet un juge qui a estimé que les avis n’étaient pas justifiés. Il a dit qu’il manquait une expérience de consommation, et nous a demandé de supprimer. Ce que nous avons fait évidemment. Quand un tribunal nous condamne on est en cause, mais on ne cherche pas à se cacher, il y a des modérations malgré tout, mais on ne peut pas tout contrôler. La quantité de commentaires est énorme. Nous sommes un groupe mondial. Il faut distinguer éditeur et hébergeur. On valide ce que l’on édite, pas ce qui est de l’ordre du commentaire. Je ne nie pas qu’il y ait des abus laissés sur le site. Mais on a besoin des internautes pour nous aider. On est conscient qu’il faut régler des choses, mais on ne peut empêcher les insultes. Comme quelqu’un qui fait un tag sur votre maison. On a aussi gagné certains procès", précise le co-fondateur. 

 

Eviter les escrocs en ligne 

L'histoire a commencé, en 2013, quand Anthony Legros et Jean-Baptiste Boisseau ont lancé un site de petites annonces, qui n'a pas fonctionné. Toutefois, ce site a beaucoup intéressé des arnaqueurs qui y intervenaient. Le site n'existe plus, mais les deux, aujourd'hui quadragénaires, Aubois, ont cherché une solution pour faire face à ce problème. "Signal Arnaques.com" est partie d'un besoin.

Un besoin hélas partagé par de très nombreuses personnes. Selon l'Observatoire National de la Délinquance, en 2017/2018, la moitié des escroqueries ont été réalisées sur le web. Et moins d'une victime sur cinq obtiendrait réparation totale ou partielle.


La France est très exposée

"Ce qui favorise en grande partie les arnaques, c'est le différentiel important de revenus entre les pays qui possèdent la même langue. La France étant un pays riche, elle se retrouve naturellement ciblée par des pays francophones plus pauvres notamment d'Afrique de l'Ouest. Cela fait d'elle probablement un des pays les plus touchés en Europe pour cette raison", explique Anthony Legros.

Il faut vérifier les mentions légales, être capable d'identifier une personne qui se cache derrière un site.

Anthony Legros, cofondateur de la plateforme "Signal Arnaques.com


Il indique par ailleurs que, "à l'échelle mondiale, les Etats-Unis restent les plus impactés. C'est d'ailleurs vers eux que les premières arnaques nigérianes ont été ciblées". Des arnaques que détaille le site "economie.gouv.fr".

Face à cette délinquance, en hausse constante, "il y a une grande difficulté à porter plainte. Souvent, les arnaques représentent de faibles montants, et elles ne sont pas forcément prises en compte", indique Anthony Legros. "Signal Arnaques.com" se présente comme une réponse à ce fléau.
 

Faire face

Le portail communautaire, créé par Anthony Legros et Jean-Baptiste Boisseau, est basé sur les interactions. Ce sont les internautes qui le font fonctionner, grâce à leurs signalements mis en ligne. Ceux-ci sont ensuite relayés par les moteurs de recherche. Ainsi, les personnes qui font des recherches peuvent retrouver des mails, téléphone ou site frauduleux.

En cas de réception de message, de contact douteux, Anthony Legros recommande de "taper sur internet, ou un moteur de recherche les informations reçues. C'est ce qu'il faut faire", dit-il.

Si l'on est sur le point d'effectuer un achat, sur internet, "il faut vérifier les mentions légales, être capable d'identifier une personne physique, qui se cache derrière un site".
 

 

Des arnaques qui se multiplient

Avec la crise sanitaire, certaines arnaques fonctionnent bien. C'est le cas de celles liées au "e-commerce". "L'usurpation d'identité, avec tentative de phishing ou hameçonnage se développe. Les arnaqueurs se font passer pour une banque, un opérateur téléphonique ou les impôts. Ce qui marche fort, cette année, c'est aussi l'usurpation des autorités, comme la gendarmerie ou la police".

Certains n'hésitent pas à faire peur aux gens. "Je suis la police. On a détecté des photos de pédopornographie, sur votre ordinateur, merci de vous connecter afin que nous puissions fermer les yeux, en échange d'un coupon, donne en exemple le cofondateur de la plateforme. On fait tellement peur aux gens, qu'ils se montrent conciliants, et certains payent. Ce chantage de quelques centaines d'euros passe sous les radars des autorités".
 

Aller plus loin

Chaque mois, la plateforme collaborative "Signal Arnaques.com" est consultée par un million d'internautes. 450.000 arnaques y ont, en effet, été recensées. Chacune y est en moyenne consultée 200 fois. Le besoin est là. C'est pourquoi Anthony Legros et Jean-Baptiste Boisseau ont créé une autre plateforme. Il est présenté comme un outil prédictif. Son nom : "ScamDoc.com". Elle est destinés à mesurer les risques d'arnaque, notamment en cas d'achat en ligne.

Il y a une grande difficulté à porter plainte. Souvent, les arnaques représentent de faibles montants, et elles ne sont pas forcément prises en compte.

Anthony Legros, cofondateur de la plateforme "Signal Arnaques.com"


Informer et proposer des services d'aide aux internautes est ce qui fonde la démarche des deux créateurs de la plateforme collaborative. Leur ambition, et ils y travaillent, c'est de proposer, à terme, des solutions pour le remboursement, ou encore des aides juridiques.

L'actualité de la plateforme, c'est sa mise en service en Allemagne, Espagne, Italie et Angleterre. Anthony Legros et Jean-Baptiste Boisseau ambitionnent aussi un passage, outre-Atlantique. Anthony Legros ne se dit pas optimiste, face au développement de la cybercriminalité. "Les arnaques, sur internet viennent de dépasser celles, dans la vie réelle".

Il y a vingt ans, ses parents avaient commandé, sur internet, une carte mémoire, qu'ils n'ont jamais reçue. Une mésaventure dont ils n'auraient peut-être pas été victimes si "Signal Arnaques.com" avait existé.

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