Colère des agriculteurs : malgré les appels aux négociations, des tas de fumiers et des pneus déversés devant la préfecture à Troyes

De mémoire de Troyens, jamais autant de fumier et de pneus n'a été vus devant préfecture de l'Aube. Les agriculteurs en colère ont déversé le 1ᵉʳ février des remorques de déchets pour signifier leur désarroi. Alors que les syndicats agricoles ont appelé au dialogue et quitté les barrages.

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Des pneus, du lisier, des bottes de paille, même des betteraves, des pierres, des déchets agricoles. La préfecture de l'Aube, à Troyes, a été transformée ce jeudi 1ᵉʳ février en cours de ferme, en fin d'après-midi et dans la soirée. Ne manquent que les animaux. En plein centre-ville, les agriculteurs en colère n'y sont pas allés de main morte. Jamais, à Troyes, la population n'avait vu autant de pagaille agricole. Alors que la colère des agriculteurs gronde partout en France depuis plusieurs jours. 

Face à cet amas de purin, et de paille projetée, signe visible de la colère agricole, plusieurs centaines d'agriculteurs, 350 environ, se sont massés depuis 15h30 dans ce secteur urbain de Troyes, avec des tracteurs et des banderoles. Ils refusent de baisser les bras, au terme d'un mouvement de colère qui les a fait sortir en nombre de leurs exploitations. Près de 130 tracteurs et des bennes étaient encore sur place à 21h30, selon nos équipes sur place, dont 80 qui rentrent de Paris, situé à 140 kilomètres de Troyes. 

"C'est un échantillon de ce que l'on peut faire"

Pour Benoît Lévêque, le président de la FDSEA de l’Aube, "c’est une mobilisation qui montre la détresse des agriculteurs de ce département rural. La plus grande mobilisation jamais réalisée par la profession dans le département par des agriculteurs. On ne veut pas des paroles, mais des actes, c'est juste un échantillon de que l’on peut faire. On peut aller plus loin".

Au fronton de la préfecture, une pancarte précise les augmentations dont les agriculteurs ont fait les frais ces dernières années. Celles des tarifs de l'engrais multiplié selon eux, par cinq, du gazole non routier, le GNR, de l'énergie, gaz ou électricité, alors que le prix des céréales, lui, n'a pas augmenté. "Foutez-nous la paix", l'un des slogans observés sur place, pourrait résumer l'ensemble des doléances de ces paysans en détresse. 

Les revendications sont toujours là pour la profession : avec comme demandes principales, "l'⁠arrêt complet des jachères (pas de 4%), ⁠⁠sur la simplification, on veut des actes, sur ⁠⁠les lois Egalim, il faut maintenir la pression, et qu’elle soit réellement appliquée avec plus de contrôles".

VIDÉO : Les agriculteurs déversent leur colère devant la préfecture de l'Aube, le jeudi 1er février.

 

Dans l'après-midi, des pneus et une carcasse de voitures ont été déposés devant l’Office Français de la Biodiversité (OFB) de l'Aube sur le Mail des Charmilles à Troyes. Avec en prime des gravats. L'OFB est une police de l'environnement qui crispe les agriculteurs. Ils sont 1 700 agents en France à contrôler la réglementation de l'environnement. Leur mission, veiller à l'utilisation des phytosanitaires et à tout ce qui touche à l'eau. D'où cette action chargée de symboles.

Baroud d'honneur et ultimatum

 Sur les grilles bleues de la préfecture de l'Aube, des panneaux ont été accrochés. Comme des signatures de leurs actions. On y lit des slogans, des mots de désespoir. "Sans nous vous mangerez des cailloux, pas de pays sans paysans. Non aux jachères, laissez nous vivre de notre métier". 

Les syndicats majoritaires, dont la FNSEA et les Jeunes agriculteurs, ont pourtant appelé à suspendre les blocages dans l'après-midi. Place désormais aux échanges avec les préfectures et les ministères pour mettre en application les mesures évoquées par Gabriel Attal. Avec des conditions précises : la diffusion d'une note écrite couchant sur le papier les annonces du Premier ministre, et des "premiers résultats" d'ici au Salon de l'agriculture qui se tiendra du 24 février au 3 mars à Paris.

Ils exigent aussi l'adoption d'une loi d'orientation et d'avenir agricole et des mesures européennes d'ici au mois de juin. "Si les résultats n'étaient pas au rendez-vous, la mobilisation pourrait reprendre ces types de formes", avertit Arnaud Rousseau, président de la FNSEA. 

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