Au lieu de jeter le marc de café à la poubelle, et si on lui donnait une seconde vie ? C'est cette idée qui a guidé trois étudiants de Troyes (Aube) pour créer une entreprise qui transforme ce déchet en pellets de chauffage. Jeudi 12 octobre, ils ont été récompensés lors de la 10ᵉ édition du Prix Pépite Champagne-Ardenne, à Reims.
Le café est souvent présenté comme la boisson la plus bue au monde après l'eau. On en consommerait 2,5 milliards de tasses chaque jour sur la planète. Et le marc de café finit habituellement à la poubelle.
Pour éviter ce gâchis, trois étudiants de Troyes (Aube) ont eu l'idée de donner une deuxième vie à ce déchet. "Il y a trop de matière gaspillée. Je dis gaspillée parce qu'on peut faire plein de choses avec", explique Antonin Thimot. Avec ses colocataires Vincent Landois et Axel Molines, il a lancé une entreprise baptisée Chaff. Leur objectif est de transformer ce marc en pellets de chauffage, un projet qu'ils présentent comme unique en France.
Pour avoir suffisamment de quantité, ils ont décidé de se tourner vers les professionnels, comme les hôtels, les bars restaurants ou encore les bureaux. "Notre business model est d'être payé pour collecter le marc de café. Une fois chez nous, on le sèche et on le transforme en granulé de chauffage", détaille Antonin Thimot. Ce granulé chauffe aussi bien, voire mieux, qu'un pellet de bois classique, assure-t-il.
L'idée des trois amis est née alors qu'ils terminaient leurs études d'ingénieur par un master d'entrepreneuriat. Ils ont pu compter sur l'accompagnement du Pôle étudiant pour l'innovation, le transfert et l'entrepreneuriat (Pépite) Champagne-Ardenne. Jeudi 12 octobre, ils ont obtenu le prix spécial du jury dédié à la Transition écologique lors de la 10ᵉ édition du Prix Pépite Champagne-Ardenne, à l'occasion d'une cérémonie organisée dans la salle des fêtes de la mairie de Reims.
Passer à l'échelle industrielle
Chaff sera de nouveau mise en lumière lors d'une cérémonie nationale à Paris au mois de novembre, en présence de la ministre de l'Enseignement supérieur. Au-delà du coup de projecteur, le prix Pépite va permettre aux trois entrepreneurs d'obtenir un soutien financier de 7 000 euros.
Le potentiel du marc de café ne s’arrête pas là. L'équipe envisage aussi de l’utiliser pour produire de l’huile, extraite du gras contenu dans le marc. Elle pourrait servir de base pour des produits cosmétiques. Le marc dégraissé, quant à lui, ne perdrait pas sa valeur et serait toujours utilisable pour la production de granulés de chauffage.
Aujourd'hui installé dans un petit atelier de la Technopole de l'Aube, dans l'agglomération de Troyes, Chaff espère pouvoir grandir rapidement. "On a prouvé que le projet était possible à petite échelle, en laboratoire. On en est au moment où il faut passer à l'échelle industrielle et le faire en grand. Et il y a assez de marc de café pour le faire", sourit Antonin Thimot.
Chaff a lancé une campagne de financement participatif pour l'aider à se développer. Les trois entrepreneurs peuvent aussi compter sur un coup de pouce de la loi. Car au 1er janvier 2024, les professionnels auront l'obligation de traiter leurs biodéchets séparément des ordures ménagères. La solution qu'ils proposent tombe donc à point nommé pour les bars, restaurants ou hôtels.
Questions à Marianne Citron, directrice du Pépite Champagne-Ardenne
À quoi sert Pépite ?
Marianne Citron, directrice du Pépite Champagne-Ardenne : "Pépite est une émanation du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche. Pépite a pour mission de sensibiliser les étudiants à l'esprit d'entreprendre et à les accompagner dans leur projet.
Nous détectons des talents, nous leur attribuons le statut national d'étudiants entrepreneur. En Champagne-Ardenne, nous accompagnons une grosse centaine d'étudiants.
On est financés par la BPI [Banque publique d'investissement], par la région Grand Est, les fonds FEDER [Fonds européen de développement régional] et le ministère de l'Enseignement supérieur de la Recherche.
On a pour ambition d'être la porte d'entrée de l'entrepreneuriat étudiant. On veut être un acteur à part entière comme révélateur des talents que sont nos étudiants. Et surtout passeur de talent, pour pouvoir leur faire bénéficier des structures nombreuses qui existent en Champagne-Ardenne."
Comment ont été choisis les lauréats du Prix Pépite ?
Marianne Citron : "Les étudiants font acte de candidature en général au mois de mai. Nous avons eu 25 candidats cette année. Un premier jury fait une étude sur dossier de leur projet et fait une sélection. Ensuite, les étudiants retenus viennent expliquer leurs projets devant un jury.
Les membres du jury sont des entrepreneurs, des lauréats des années précédentes et des acteurs de l'écosystème de l'entrepreneuriat au sens très large. Le jury a eu lieu au mois de juillet. Nous avons sélectionné quatre lauréats : deux lauréats nationaux et deux lauréats régionaux."