Un festival dédié à la basket, à la "sneaker" comme disent les passionnés, c’est le pari pas si fou que s’est lancé pour la 2e fois le centre de marques Mc Arthur Glenn de Troyes. Pas si fou, car les aficionados de la chaussure de sport sont de plus en plus nombreux, et le marché de plus en plus lucratif.
Le "Sneakers festival", 2e édition, qui s’est tenu ces 11 et 12 mai 2024 au centre de marques Mac Arthur Glenn de Troyes, ce n’est pas qu’une simple exposition de baskets plus originales, uniques et étonnantes les unes que les autres. Non, ce rendez-vous troyen, c’est surtout le rassemblement de passionnés autour d’un sujet de conversation qui peut paraître incongru à d’autres : une paire de baskets des années 90, dessinée par une star, ou une autre, portée sur les podiums par une maison de haute couture. C'est aussi, cette paire oubliée, qui refait surface, nostalgie des années 90 aidant, et qui replonge le fan dans son adolescence.
Au détour d’une conférence sur le sujet, entre deux créateurs de sneakers en plein travail, c’est d’ailleurs ce que nous confirme ce festivalier : "Moi, ce sont les années 90 qui m’ont vraiment marqué. Du coup, je cible les modèles de ces années-là. Là, je suis avec mon neveu, lui aussi aime bien les baskets, donc on est venus ici pour voir un peu ce que c’est que la culture des sneakers".
La sneaker, star des réseaux sociaux
Et voilà donc la basket qui s’impose comme trait d’union entre les quadras nostalgiques et la génération Z, née le smartphone à la main. Voilà la basket devenue chaussure emblématique qui réunit et qui intéresse, aussi. D’ailleurs, sur les réseaux sociaux, le nombre de followers des têtes d’affiche invitées au "Sneakers festival" de Troyes se compte par centaine de milliers.
264 000 abonnés sur la chaîne Youtube de Tonton Gibs, influenceur style de vie et mode urbaine, amoureux fou de la sneaker, qui regrette peut-être un peu l’époque où cette passion était un peu plus confidentielle : "C’est vrai que c’est un phénomène qui a complètement grandi, c’est une bulle qui a complètement explosé, constate-t-il. Aujourd’hui, c’est devenu très, très populaire. On pourrait se dire, alors, qu’il manque un peu le côté très convivial qu’il y avait avant ça, mais justement, quand on vient dans des événements comme celui-ci, on le retrouve. C’est ça qui est bien".
Et Sébastien Abdelhamid, influenceur, chroniqueur sur Canal+ et réalisateur de "Sneaker Empire" pour France télévisions, d’enchaîner, lui qui compte 584 000 followers sur Instagram : "C’est populaire, la sneaker, et aujourd’hui, c’est ce que l’on voit : que c’est très important d’avoir des événements comme celui-ci hors Paris. On est en province, avec les gens du quotidien, de la vraie vie, c’est ça en fait, la sneaker".
L’homme qui est aussi à la tête d’une grosse agence de marketing, a d’ailleurs récemment cosigné une sneaker avec la marque de sport Asics.
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Un marché de plusieurs milliards d’euros
Parce que si la basket est un marqueur transgénérationnel, c’est aussi depuis une dizaine d’années un business en pleine expansion, qu’il s’agisse du neuf ou de l’occasion. Objet de collection par excellence, ces mêmes influenceurs exposent dans leurs vidéos des placards entiers de baskets, bien rangées dans leur boîte, avec leur histoire propre. Et les passionnés d’avoir des envies similaires, alors qu’une paire de Nike Air Jordan 1, première génération, s’est vendue plus de 16 000 euros aux enchères à Paris en mai 2002. D’ici quelques semaines, un lot de six paires de sneakers portées par Michael Jordan lui-même pourrait trouver preneur aux enchères pour plusieurs millions d’euros.
Alors quand on aime, on casse sa tirelire. Le marché représentait 91 milliards de dollars dans le monde en 2021 dont 4 milliards en France, selon des chiffres parus par le magazine économique La Tribune.
Peut-être parce que la basket, c’est ce qu’on met quand on veut se sentir bien dans ses pompes, et c’est ce qui nous fait aussi penser, à l’instar des légendes qui les ont portées, usées, inventées, que l’on peut aller toujours plus loin, pour peu que l’on pose le pied dehors.