En 2004, un engin explosif est découvert au bord de la voie ferrée, près de Troyes, dans l'Aube. Le mystérieux groupe AZF revendique cette action et réclame plusieurs millions d'euros à l'État. Vingt ans après, deux personnes sont jugées à Paris cette semaine, notamment pour "association de malfaiteurs".
Le 24 mars 2004, un agent SNCF découvre un engin explosif à demi enterré au bord de la voie ferrée à Montiéramey, près de Troyes dans l'Aube. Il est désamorcé par les démineurs et son analyse montre des points communs avec une autre bombe, retrouvée deux mois plus tôt, le 21 février, à Folles au nord de Limoges (Haute-Vienne) sur les indications d'un mystérieux groupe baptisé AZF.
Son nom fait référence à l'usine de productions d'engrais de Toulouse, dont l'explosion accidentelle en septembre 2001 avait fait 31 morts et plus de 2 500 blessés. Le groupe réclame plusieurs millions d'euros à l'État pour cesser ses agissements. Des négociations s'engagent, notamment via les petites annonces du journal Libération.
"Nous ne prenons pas cette menace à la légère", affirme le 13 mars 2004 sur le plateau du 20h de France 2 Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'Intérieur. Il faut dire que le 11 mars, l'Espagne vient d'être touchée par des attentats dans plusieurs trains de banlieue autour de la capitale Madrid. Les attaques revendiquées par le groupe Al-Qaïda font 192 morts et près de 1 900 blessés.
Une dénonciation 13 ans plus tard
Le 25 mars 2004, le groupe AZF écrit une neuvième - et finalement dernière - lettre au ministère de l'Intérieur et à la présidence de la République pour indiquer qu'il suspend ses activités. La presse reproduit alors des passages du courrier, on peut notamment y lire ceci : "conscient de ses faiblesses technologiques, logistiques et autres, AZF suspend son action durant le temps nécessaire pour y remédier". Après cette date, le groupe ne fera plus parler de lui et les enquêteurs ne parviendront pas à remonter aux auteurs des faits.
Il faudra attendre presque quinze ans pour pouvoir mettre des noms sur le groupe AZF. Un proche dénonce en septembre 2017 Michel D. et Perrine R. Le premier est un ancien chef d'entreprise, la seconde était son employée. Interpellés en juin 2018, ils avaient tout de suite reconnu les faits, mais nié toute intention terroriste. Michel D. avait indiqué aux policiers que l'argent de la rançon devait permettre de réaliser des "prototypes opérationnels pour la production et l'utilisation d'énergies nouvelles non polluantes et illimitées".
Aujourd'hui âgés de 76 et 61 ans, les deux prévenus sont jugés depuis mercredi 13 février devant le tribunal correctionnel de Paris pour association de malfaiteurs et fabrication et détention sans autorisation d'engins explosifs. La qualification terroriste n'a pas été retenue. L'audience doit s'achever vendredi.