La vitesse sur certaines routes départementales pourrait bientôt revenir à 90 km/h. Les députés se sont prononcés jeudi pour assouplir la législation et donner la main aux départements pour choisir les tronçons concernés.
Le Premier ministre a ouvert la voie jeudi 16 mai à un assouplissement par l'Assemblée nationale de la limitation à 80 km/h sur les routes secondaires. La règle de principe demeurerait au niveau national, mais les départements pourraient relever la vitesse maximale sur certains tronçons, quitte à en assumer les conséquences en matière de sécurité routière. Une proposition validée par les députés en commission dans la nuit de jeudi à vendredi.
Dans l'Aube, le conseil départemental compte étudier au cas par cas les routes. "Sur un sujet qui est devenu aussi sensible, voire polémique, les décisions qui seront prises doivent être assises sur des considérations objectives et connues de tous", indique Philippe Pichery, le président sans étiquette du conseil départemental.
Pour lui, les critères à prendre en compte sont "les caractéristiques de la voirie, son tracé, sa largeur", "le trafic que supporte la voie" et "surtout des considérations d'accidentologie."
Huit Français sur dix opposés aux 80 km/h
Il donnne un exemple. "Sur des tronçons comme la RD 619, la liaison entre Troyes et Romilly, on passe de 80 km/h parce qu'on est sur une trois voies avec une seule voie du côté où on circule, à 90 km/h parce qu'on passe à nouveau sur la section à deux voies, voire à certains endroits où il y a un danger particulier à 70 km/h. Je pense que cette succession de vitesses différentes est peu lisible et qu'elle peut être source de difficultés."Il y a des routes où, très naturellement, on restera à 80 km/h. Notamment des routes étroites ou sineuses, sur lesquelles de toute façon un usager responsable se doit d'avoir une vitesse adaptée.
- Philippe Pichery, président du conseil départemental de l'Aube
Les 80 km/h, considérés comme efficaces par la plupart des experts de la sécurité routière, sont dénoncés comme le symbole des villes déconnectées de la vie quotidienne des campagnes. Selon les sondages réalisés ces derniers mois, près de huit Français sur dix sont favorables à l'abandon ou du moins à l'assouplissement de la mesure.
En laissant la seule responsabilité aux présidents de conseils départementaux, la majorité mise aussi sur le fait que peu d'entre eux oseront franchir le pas, trop soucieux de ne pas assumer les accidents mortels. Le texte voté à l'Assemblée ne mentionne pas les routes nationales, qui resteraient donc à 80 km/h.