Troyes : un autoportrait de Karl Lagerfeld vendu aux enchères 17.980 euros, "un record du monde"

Un autoportrait du grand couturier et styliste allemand Karl Lageferld réalisé en 2014 et offert à un de ses collaborateurs, a été vendu 17.980 euros ce jeudi 28 mai à Troyes. Un "record du monde" pour cette oeuvre unique qui avait été estimée entre 8 et 10.000 euros.

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Un an et demi après sa mort, le grand couturier et styliste allemand Karl Lagerfeld fascine toujours autant. Ce jeudi 28 mai, un autoportrait qu'il avait réalisé en 2014 a ainsi été adjugé 14.500 euros (soit 17.980 euros si l'on y ajoute les 24% de frais) à un acheteur lui aussi Allemand, lors d'une vente organisée par Ivoire Troyes

"Un record du monde pour une oeuvre graphique de Karl Lagerfeld", se félicite le commissaire-priseur Léonard Pomez, qui a réalisé la vente. Il faut dire que cet autoportrait n’a rien à voir avec les dessins liés aux œuvres de couture de Lagerfeld, comme il a pu en faire pour Chanel dans des tailles d’ailleurs beaucoup plus petites. Le tableau était ainsi estimé entre 8 et 10.000 € alors qu’une toile représentant une création de haute-couture se vend entre 1.500 et 2.000 euros.

"Le problème, expliquait Léonard Pomez que nous avions contacté deux jours avant la vente, c’est qu’on n’a pas de cote pour ce genre d’objet comme c’est le cas pour les meubles par exemple. Et ce genre de ventes peut faire un flop."


"Un objet pour le moins inattendu"

​​​​​​Il n'en a donc rien été, bien au contraire, ajoutant une nouvelle belle étape à une histoire qui n'en manque pas. "Tous les ans, nous organisons les journées nationales de l’expertise dans 14 villes de France. L’occasion pour tout un chacun de venir chez nous pour montrer des objets retrouvés dans un grenier, dans le cadre d’un héritage et dont on voudrait connaître la valeur", raconte le commissaire-priseur troyen Léonard Pomez.

C'est ainsi qu'à Troyes, en janvier dernier, trois commissaires-priseurs dont lui et six experts se sont mobilisés pour l’occasion. 800 personnes ont alors défilé au pas de charge. "On y voit des objets farfelus. Le plus souvent, on ne passe jamais plus de deux ou trois minutes sur ce qu’on nous montre, au risque de décevoir les propriétaires. Certains viennent juste pour une estimation de valeur pour transmettre à leur assurance."

Bref, pas toujours palpitant. Sauf que ce jour-là, un couple s’approche de Léonard Pomez. La suite de l’histoire est savoureuse. "Je reçois un couple qui me montre un objet pour le moins inattendu, explique-t-il, une toile d'un mètre par un mètre signée Karl Lagerfeld, il s’agissait d’un autoportrait. Je l’ai très vite authentifié, d’abord par la signature puis ensuite grâce à une vidéo."

 


En 2014, en effet Madame Figaro lance une initiative à la fois amusante et très originale. Le journal propose ainsi à six célébrités en vogue à cette époque, cuisiniers, artistes, stylistes de réaliser une toile, donc un autoportrait, le tout filmé.

Je suis né avec un crayon dans la main. Au début, je voulais être illustrateur
Karl Lagerfeld, créateur


L’excentrique Karl Lagerfeld se prête volontiers au jeu. Dans une séquence savoureuse, il explique, tout en se dessinant, son inspiration. "Je me connais par cœur, c’est une vision idéalisée de ma personne. Je n’ai jamais appris à dessiner, je n’ai jamais fait les Beaux-Arts."
 

L’heureux propriétaire de cette pièce unique, qui s'en est donc aujourd'hui séparée, a travaillé durant dix ans pour le créateur. Au service photographie soit au plus proche de Karl Lagerfeld.

Et c’est à l’issue de la séance de travail que celui-ci s’apprête à jeter la toile jusqu’à ce que son collaborateur la sauve d’une disparition définitive avec l’aval de Karl lui-même. "Prends-là si ça t’amuse", lui aurait-il dit.
 

"Evidemment, ce n’est pas tous les jours qu’une salle des ventes propose de tels objets. Le vendeur n’est d’ailleurs pas de la région mais confie le commissaire-priseur, il a préféré s’adresser à nous plutôt qu’à des salles prestigieuses comme Drouot à Paris."
 


Un joli coup donc pour Ivoire Troyes, qui vient couronner une période plutôt faste, les ventes aux enchères ayant connu un bel essor depuis le début de la pandémie de coronavirus. Pour cette seule salle des ventes troyenne, trois ventes 100% virtuelles ont été réalisées dont une le 6 mai, qui a vu un millier d’inscrits et une envolée des enchères de près de 30 % par rapport à une vente habituelle.
 
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