Troyes : mais qu'est devenu l'étudiant qui avait parodié "L'Équipe" pour trouver un stage ?

Julien Oliveira, 21 ans, s'était approprié les codes du quotidien sportif pour en faire un CV attractif en décembre 2020. Six mois plus tard, il finit bientôt le stage qu'il a trouvé grâce à son idée, malgré un contexte sanitaire tendu pour les étudiants.

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Vingt-six semaines ont passé. Elle semble loin, cette période où Julien Oliveira, en première année de master à l'université de Strasbourg -après une licence à l'université de Reims Champagne-Ardenne-, cherchait désespérément un stage dans l'événementiel et le marketing. Le tout, au sein d'un club sportif, dans un contexte épidémique très tendu où beaucoup de clubs rechignent à recruter. Après des dizaines de candidatures, un soir de janvier 2021, le Troyen tente le tout pour le tout. Il parodie la Une du quotidien sportif l'Équipe, qu'il transforme en CV et la publie sur Twitter. Une bouteille à la mer. "J'ai tout fait sur Photoshop, se souvient-il ce mercredi 30 juin. J'ai acheté un journal l'Équipe pour reprendre la disposition et j'y ai mis les infos que je voulais mettre en avant." Un moyen habile -et pragmatique- de prouver sa maîtrise du logiciel de retouche photo.

"Je voulais utiliser un support que tout le monde connaît. J'ai repris leurs codes pour me présenter sur 4 pages complètes, avec beaucoup d'infographies et d'iconographies. Pour me démarquer, je voulais que le recruteur passe un bon moment."

Julien Oliveira, étudiant en Master 2 à Strasbourg.

Retweeté par Samuel Etienne et l'Estac

Le moins que l'on puisse dire, c'est que l'audace a fini par payer. Enfin... pas autant qu'espéré. Car malgré les 606 retweets, les 48 tweets cités, et les 935 mentions "j'aime", le Strasbourgeois d'adoption n'a pas reçu autant de sollicitations qu'il en attendait. "J'ai eu beaucoup de retours positifs qui soulignaient l'initiative, précise Julien. Certains m'ont reproché d'avoir repris l'initiative d'une personne qui avait fait ça en septembre... mais ce n'était pas du tout la même démarche. J'ai eu de la solidarité de l'Estac (club de foot de Troyes) et de joueurs professionnels, ainsi que de personnes du milieu sportif. Ils m'ont contacté en privé, mais malheureusement, ils ne pouvaient rien me proposer." 

L'étudiant est même retweeté par le journaliste de Franceinfo Samuel Etienne, qui appuie sa candidature sur le réseau social : "Je vois passer ce beau CV dans ma TL [Time Line]... Acteurs du monde sportif, vous cherchez un stagiaire marketing ou évènementiel ? Celui-ci me semble particulièrement motivé non ?" Il est contacté pour des stages. Après quelques propositions qui ne correspondent pas tout à fait à ce qu'il recherche, il trouve finalement chaussure à son pied.

 

Un contexte sanitaire difficile pour les étudiants

Depuis le 15 février, il évolue au sein d'une start-up [jeune pousse dans la langue de Molière], Airfit, chargée de vendre du matériel de sport en plein-air à des collectivités territoriales. "Si je suis chez Airfit, c'est grâce à mon CV", tranche-t-il. Et l'étudiant de relativiser : "Aujourd'hui je suis dans le marketing en lien avec le sport. Certains de ma classe ne sont pas du tout dans le marketing ni dans le sport." La faute au contexte sanitaire, mais pas que. "Le système universitaire ne pousse pas aux initiatives personnelles, analyse Julien. Dans les écoles de commerce, on pousse les étudiants à faire des stages dès leur première année, alors qu'en Staps (sciences du sport), ce n'est qu'à partir de la licence 3 qu'on commence à en faire. Quand on arrive en master, on se rend compte que certains ont 6 ou 8 mois d'expérience depuis leur première année d'étude." 

Malgré sa bonne idée, la concurrence étant plus rude, il n'a pas trouvé son bonheur dans un club sportif. Mais après des mois chez Airfit, il est heureux d'avoir trouvé chaussure à son pied : "Je suis content d'être dans ce domaine-là. Je visais un club sportif, mais en janvier-février dernier, les clubs n'allaient pas fort. Financièrement, recruter une personne pour ne pas la payer n'avait aucun sens. Il y avait moins de demandes de stage de la part des recruteurs et donc encore plus de concurrence entre étudiants."

Même si les clubs sportifs ont repris leur activité, Julien Oliveira redoute quelques mois encore difficiles pour les étudiants en recherche d'emploi. En septembre, il entamera sa deuxième année de master avec, dès janvier, un stage de fin d'études à trouver. L'occasion de republier sa version de l'Equipe ? Pas si sûr. "Si c'était à refaire, je mettrais en avant ma nouvelle expérience et je prendrais plus de temps pour tout peaufiner. La dernière fois, j'ai voulu le publier trop vite." Et bien sûr, il n'oubliera pas de "personnaliser les missions clés, là où je peux apporter un plus." Car il a retenu la leçon : "Il faut faire plus que ce qu'on nous demande dans une lettre de candidature." 

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