Université : rentrée à l'UTT de Troyes, du présentiel en priorité pour les étudiants de 1ère année

Le retour en cours est très attendu par les étudiants de l'UTT de Troyes. Mais les conditions, mêmes si elles sont définies, restent à réévaluer selon la situation sanitaire, précise Thomas Maurer, directeur de la formation et de la pédagogie et enseignant chercheur en physique.
 

 

À l'université, les étudiants de première année pourront reprendre par demi-groupes les travaux dirigés en présentiel à partir du 25 janvier, a annoncé le Premier ministre Jean Castex, lors de son point de situation sur l'épidémie de Covid-19 le 14 janvier. Cette mesure s'étendra ensuite, "si la situation sanitaire le permet, aux étudiants des autres niveaux", a-t-il ajouté, en exprimant la "préoccupation" du gouvernement face au "profond sentiment d'isolement, mais aussi les vraies difficultés pédagogiques" des étudiants.

Thomas Maurer, directeur de la formation et de la pédagogie et enseignant chercheur en physique, à l'UTT de Troyes répond à nos questions.

 

Combien d'étudiants avez -vous en 1re année à l'UTT ?
Nous avons 283 étudiants en 1ère année, dont 10 internationaux.


Comment s'est passé ce premier semestre et est-ce-qu'il y a des TD (Travaux Dirigés) en présentiel ?

Notre semestre s'achève cette semaine avec les examens qui ont lieu en présentiel. Nous avions fait le choix d'un semestre hybride pour le semestre d'automne: à savoir des cours magistraux 100% en distanciel  en direct ou en "replay" dans notre jargon, on parle de synchrone ou asynchrone. L'étudiant a donc soit la possibilité de suivre le cours en direct ou soit la possibilité de le visionner plus tard. 

Pour ce qui est du suivi des travaux dirigés, nous avons mis en place des TD au choix entre 100%  distanciel,  comodal (la moitié en classe, l'autre moitié suivant à la maison grâce à la retransmission en direct) et classe inversée - 1/2 groupe sur 1/2 séance. Pour mettre en place les nouvelles annonces du gouvernement, les TD en présentiel pour les 1ère années seront réalisables en mobilisant les grandes salles et amphis et en suivant le protocole sanitaire adapté.

 

Les partiels de janvier plus ou moins sous contrôle au sein des universités 

Nous avons déjà réfléchi à un scénario, au cas où l'université fermerait, pour faire passer les examens. Les examens médians et finaux se feront en distanciel et le présentiel sera réservé pour le contrôle continu. Lors du confinement, nous avons pu facilement passer en 100 % distanciel, surtout que nous avions fortement investi en prévision d'une crise qui se prolonge: équipement des salles et amphis (systèmes visio/audio, tableaux blancs intéractifs...), équipement des enseignants (une tablette et un casque pour chaque enseignant), caisse de matériels pour que des TP et projets puissent avoir lieu au domicile de l'étudiant.

Nous avons fait le choix de basculer en 100 % distanciel pour que les étudiants puissent vivre le confinement de plusieurs semaines dans leurs familles et non dans un 20 m². Donc tous les examens ont eu lieu en distanciel.

 

Est-ce que c'est une bonne solution pour les étudiants de 1ère année?

Pour le semestre de printemps, qui commence le 15 février, nous restons sur notre scénario hybride qui est robuste et répond aux enjeux sanitaires. L'UTT de Troyes a en tout cas toujours pris très au sérieux les impacts de cette crise et anticipé un prolongement. Pour le printemps, nous travaillons à ouvrir le plus de TD en présentiel pour les étudiants de 1ère année en mobilisant les grandes salles et amphis. Nous espérons que la notion d'une demi-jauge qui correspond à notre stratégie hybride sera étendue aux autres années.

Un 3ème semestre en distanciel serait préjudiciable pour tous les étudiants et pas seulement pour les  1ère année. Cette crise et l'absence de lien social pour les étudiants accentuent les difficultés des étudiants les plus fragiles. En parallèle, nous travaillons à la mise en place d'un vaste plan de tutorat étudiant et enseignant pour les étudiants en difficulté, qui seront repérés lors des jurys de suivi de fin janvier. Nous faisons aussi des évènement en ligne pour ne pas perdre le contact.

 

Y-a-t-il beaucoup de décrochage ? Quel est le moral des étudiants ?

Nous avons lancé un grand sondage auprès des étudiants pour leur venir en aide et adapter notre stratégie à leurs besoins. Sur 1.000 étudiants, 20% estiment bien s'en sortir, 60% estiment réussir à surmonter les difficultés même si ce n'est pas simple tous les jours et 20% s'estiment en difficulté. Lors des jurys de suivi du 1er semestre, nous convoquons les étudiants les plus en difficultés pour échanger avec eux et identifier des solutions à leurs difficultés. Ces jurys vont nous permettre de leur proposer du tutorat supplémentaire. Le moral est de manière générale impacté. Nous gardons le lien grâce à nos échanges sur les réseaux sociaux et nos sites. Le service étudiant accompagne les élèves en difficultés et des vidéos sont à la disposition des étudiants pour leur apporter une aide à distance.


Cet état d'esprit touche tout le monde, y compris les enseignants ?

Il y a de plus en plus de lassitude. Cela varie d'un enseignant à l'autre, de même que pour les étudiants. Cela se creuse en fonction de la situation personnelle de chacun. Les étudiants qui ont du mal financièrement, une fragilité familiale et pédagogique sont, bien sûr, les plus impactés. On rajoute à cela la fracture numérique et donc la difficulté à suivre à distance, et le risque de décrochage pose sur le moral de certains étudiants. Même si la Région Grand Est nous a prêté des ordinateurs portables pour une cinquantaine d'étudiants, cette crise a mis à jour la nécessite de réformer le matériel indispensable pour suivre correctement à distance. L'université a doté chaque enseignant d'une tablette et ce n'est pas rien en matière de budget.

La grande question sera de savoir si demain, on sera en mesure de rendre le matériel numérique obligatoire et donc de pouvoir en doter chaque étudiant. Aujourd'hui, tout le monde n'est pas logé à la même enseigne et l'ordinateur portable doit devenir un outil indispensable dans les fournitures scolaires comme une gomme ou un stylo dans une trousse. Aujourd'hui, on entend différentes universités qui rivalisent en ingéniosité et en moyens pour suivre à distance, mais on voit bien que les difficultés s'accumulent parmi les étudiants. La grande question sera donc bien celle-là dans les années à venir : quid des équipements pour permettre aux étudiants de suivre sur le même rythme avec le même matériel pour tous ? 

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