Pygargue : vous découvrez peut-être ce nom, à cet instant. Pourtant, il s'agit d'un oiseau, et c'est même le plus grand rapace diurne d'Europe. Ce vendredi 23 juin, un de ces volatiles a été relâché, après avoir été soigné près du lac d'Orient, dans l'Aube. C'est la deuxième fois que cela arrive, en France.
Ce n'est pas tous les jours que l'on peut dire "Ah, j'ai vu un pygargue blanc, aujourd'hui !" Après nos petits camarades de France 3 Alsace, qui ont pu assister il y a trois ans à la prise en charge d'Obama, d'autres privilégiés ont pu se payer ce luxe. À Soulaines-Dhuys (Aube), le Centre de soins de la faune sauvage a recueilli puis soigné un pygargue à queue blanche.
Le jeune oiseau avait été trouvé, blessé, début avril. Dès lors, il a été pris en charge. L'oiseau a retrouvé ses capacités, au point de voler de nouveau de ses propres ailes, ce 23 juin. Prendre en charge un tel rapace est une chose rare, pour ce centre.
Une de nos équipes de France 3 Champagne-Ardenne a pu assister à ce moment. Elle a vu le nouveau départ de cet oiseau, après qu'il a été soigné. Un événement hors du commun, d'autant qu'il s'agit d'un des plus grands rapaces diurnes d'Europe.
Un nouveau départ bien suivi
Instant frissons, pour ces soigneuses. Le pygargue est resté entre leurs mains et sous leurs soins, plusieurs jours durant. L'oiseau de 3 ans doit maintenant voler de nouveau. Un nouveau départ, avec une petite chose en plus. Le rapace est maintenant équipé de deux bagues. Elles contiennent son identité, ainsi qu'une valise GPS.
"Étant donné qu'il a été opéré d'une fracture très très importante, j'ai préféré lui installer la balise à cet endroit du corps pour ne pas le fragiliser davantage. La balise lui a été posée 'façon culotte', comme ils appellent ça", ajoute Martine Rolland, responsable du Centre de soins pour la faune sauvage.
Avant cet instant de grâce, tout n'était pourtant pas gagné. Le pygargue à queue blanche avait été retrouvé début avril, dans un piteux état. L'oiseau avait été localisé tout près d'un grillage, victime d'une fracture ouverte de l'aile. Avec l'aide et la volonté des soignants, il a toutefois pu reprendre des forces.
Pour son départ, une bonne escorte a fait le déplacement. Ils sont une grosse poignée de salariés et de bénévoles du centre de soins pour la faune sauvage de Soulaines-Dhuis (Aube), à avoir fait le déplacement. Le volatile doit être réimplanté là où il a été secouru : dans la réserve du parc naturel de la Forêt d'Orient.
Un sauvetage fructueux avec beaucoup de précautions
En sortant l'oiseau de sa cage, Vincent Sougnez est confiant et content. "Allez, viens voir Tonton Vincent", lance-t-il au rapace, tout en le libérant de son enclos. Ce vétérinaire bénévole au Centre de soins pour la faune sauvage est en charge du lancer. C'est lui qui a placé une broche sur l'oiseau, avant de la retirer. Une routine pour le soignant, mais il s'inquiétait tout de même, pour cette première dans le département.
"Disons que c'était une fracture ouverte, et que ce n'était pas gagné pour que l'os se solidifie. Après, l'ennui pour moi, c'est que c'est compliqué d'avoir une rééducation correcte pour un animal de cette taille, dans une volière de 36 mètres", confie-t-il à nos journalistes Tiphaine Le Roux et Olivia Garrett-Alais.
Il faut dire que pygargue à queue blanche était autrefois une espèce en voie de disparition. Aujourd'hui, sa situation est un peu plus favorable en Europe. Même si l'espèce reste encore rare en France. "Il y a un nid depuis quatre ou cinq ans dans le département. On peut dire qu'il y a au moins une dizaine de jeunes qui sont nés dans l'Aube, mais qui n'y restent pas forcément. Comme les jeunes ne nichent pas tout de suite, leur maturité sexuelle est atteinte au bout de quatre à cinq ans. Ce sont des oiseaux qui peuvent partir dans d'autres pays européens, chose que l'on peut suivre grâce aux programmes GPS", complète Stéphane Gaillard, garde de la réserve Naturelle de la Forêt d'Orient.
L'oiseau est reparti sans encombre dans son milieu. Ce volatile planeur a sans doute des chances de devenir un vrai pygargue à queue blanche. Il faudra pour autant attendre qu'il atteigne l'âge adulte, pour voir cette caractéristique. Une belle histoire pour ce centre de soins, qui en profite pour appeler à la générosité des donateurs. La structure de soins cherche en effet à se doter d'une volière plus spacieuse. Histoire de pouvoir prendre en charge des espèces plus conséquentes.