Muttersholtz, petit village du Ried près de Sélestat, veut devenir, à terme, un territoire à énergie positive. Le maire et son équipe entendent montrer l’exemple au niveau communal. Un grand pas a été fait grâce à deux centrales hydroélectriques qui tournent depuis février.
Muttersholtz, « capitale française de la biodiversité 2017 », n’en finit plus de mener des projets en faveur de l'environnement. Produire plus d’énergie qu’elle n’en consomme, c’est l’objectif de cette commune bas-rhinoise, engagée depuis une dizaine d’années dans la transition énergétique.
Pour cela, elle a décidé de s'investir dans la production locale d’énergie renouvelable. Après avoir installé des panneaux photovoltaïques sur certains de ses bâtiments - dont 600 mètres carrés rien que sur le toit du nouveau gymnase passif à énergie positive - elle s'est lancée dans l'hydroélectricité. Depuis février, deux centrales hydroélectriques tournent à plein régime sur deux sites distants de quelques centaines de mètres, grâce au courant de l'Ill et au Muhlbach. La commune, bordée et traversée par de nombreux cours d'eau, veut faire de son patrimoine naturel une force au service de sa philosophie.
Déjà une centrale hydraulique au XIXe siècle
Ce projet d'envergure d'1,3 millions d'euros devrait permettre une production de 700.000 kW/h d'énergie chaque année, d'après les premiers résultats observés au bout de quelques mois de fonctionnement des trois turbines. Autrement dit, Muttersholtz est déjà capable de produire quasiment le double de ce que consomment ses infrastructures communales.
"Notre production équivaut déjà à l'approvisionnement de 120 foyers",
- Michel Renaudet, premier adjoint au maire
"Il faudra sans doute 14 ans pour que les centrales soient rentables, on est vigilants à l'impact financier. Mais ce qui est très intéressant, c'est que grâce à l'énergie des turbines et du photovoltaïque, notre balance est positive. Nous ne sommes pas encore capables de couvrir les besoins de tous les habitants, mais notre production équivaut déjà à l'approvisionnement de 120 foyers", explique Michel Renaudet, premier adjoint au maire.
Cette avancée n'est en réalité pas une première dans le village. Muttersholtz comptait déjà une centrale sur son sol au XIXe siècle lorsque l'ancien meunier du village avait décidé de convertir son moulin en ouvrage hydraulique, permettant au passage l'électrification du village dès 1894, plusieurs années avant la ville de Colmar. La centrale, entretemps rénovée par les Allemands, a été fermée en 1965, car elle ne faisait plus le poids face aux grosses structures installées le long du Rhin. La commune l'a rachetée pour lui redonner vie.
Production d'un côté, sobriété énergétique de l'autre
Dans le même temps, le maire et son équipe prônent la sobriété énergétique. C'est-à-dire qu'ils se mobilisent pour faire des économies d'énergies : les bâtiments communaux ont été isolés (école, mairie) et l'éclairage public - plus gros poste de dépenses - a été revu (les anciennes lampes ont été remplacées par des LED et l'éclairage est même complètement éteint de minuit à cinq heures du matin depuis quelques semaines). La consommation a déjà diminué de moitié.
"Tant que nous ne serons pas complètement autosuffisants, nous continuerons"
- Michel Renaudet, adjoint au maire
"Tant que nous ne serons pas complètement autosuffisants, nous continuerons", assure Michel Renaudet. Les habitants sont ainsi invités à s'inscrire eux aussi dans la dynamique. C'est le cheval de bataille de la commune. Pour les inciter à se mobiliser, elle leur propose des aides concrètes et va jusqu'à faire du porte à porte pour faire passer son message : quelles sont les possibilités d'isolation ou de production d'énergie par exemple, mise en relation avec les professionnels, plan de financement...
C'est dans ce sens aussi que la mairie a instauré une taxe d'habitation sur les logements vacants pour pousser les propriétaires à rénover leur appartement ou maison et les mettre en location. Un franc succès qui visiblement donne des ailes.