Jean-Marc Reiser, suspect numéro un dans l'affaire Sophie Le Tan, a reconnu avoir démembré le corps et avoir caché les morceaux. Une information confirmée par le parquet de Strasbourg.
Alors qu'il était entendu à sa demande par la juge d'instruction, Jean-Marc Reiser, principal suspect dans l'affaire Sophie Le Tan, a avoué ce mardi 19 janvier 2021 "son implication dans le décès" de l'étudiante, selon un communiqué de la procureure de la République de Strasbourg. Sophie Le Tan avait disparu le jour de son vingtième anniversaire, le 7 septembre 2018, à Schiltigheim.
L'avocat de Jean-Marc Reiser, Pierre Giuriato, tient à préciser que son client a "reconnu les faits mais pas le meurtre, ni une volonté d'homicide". Il explique simplement que "des violences ont été assenées à Sophie Le Tan". "La jeune femme a repoussé ses avances. Ce rejet a généré des émotions assez fortes et incontrôlées, mais suffisamment fortes pour qu’elles aient entrainées la mort de Sophie Le Tan" poursuit-il. Jean Marc Reiser assure "l'avoir déjà vue sur le campus un certain nombre de fois. Mais tout ce qui a été dit auparavant (...) sur la blessure qu’elle aurait eu à la main et qu’il l’aurait fait montée pour la soigner n’est pas vrai. C’était dans son mécanisme de déni".
"Sur le fait qu'il ait caché le corps, il s'en est expliqué, de même pour amener le corps en forêt de Grendelbruch, il a reconnu que cela s’est passé" explique Pierre Giuriato.
Il a honte, il l'a dit !
"Ce qui l’a poussé à aller voir la juge, ce sont des discussions qu’on a eu ensemble" alors que la juge, en charge du dossier, avait clôturé l'instruction le 10 décembre dernier. "On a discuté avec lui de la pertinence de ses déclarations et on lui a dit très honnêtement que jamais, ce serait quelque chose qui pourrait convaincre une cour d’assises'" précise Pierre Giuriato. "Il a honte, il l’a dit ! Et je crois qu’aujourd’hui, cela l’a libéré de pouvoir dire ce qui s’est passé. Ce sont les termes qu’il a employés".
Pendant ces deux heures d'audition, l'autre avocat de Jean-Marc Reiser, Francis Metzger, décrit un moment très fort qu'il "n'imaginait pas". "A la fin de l'interrogatoire, l'homme que je défends a levé sa tête, puis regardé le plafond parce qu'il ne voulait pas, du moins il essayé d'éviter qu'on s'aperçoive que ses yeux étaient embués de larmes. Et ça, c'est très important.C'était un moment, même s'il s'agit de Jean-Marc Reiser, que je qualifie d'émotion".
Sur les aveux de son client, Francis Metzger, explique "avoir pris conscience avec un peu de décalage qu'il était devenu un peu prisonnier à la fois de son passé et du personnage fabriqué par les médias. Un monstre indifférent à la douleur notamment de la famille de Sophie Le Tan. Et je crois qu'il est arrivé au point de rupture où il ne pouvait plus supporter cette espèce de gang dans laquelle il a été enfermé. Il s'est libéré et il a voulu également signifier qu'il n'était pas simplement celui qui a provoqué la mott de Sophie Le Tan mais il lui restait un fond d'humanité malgré l'horreur dans laquelle il a pris pied".
Il a reconnu avoir démembré le corps et avoir caché les morceaux
Contacté par téléphone, Gérard Welzer, l'avocat de la famille Le Tan confirme : "Il a reconnu avoir démembré le corps et avoir caché les morceaux". "Je ne m'attendais absolument pas à cela de sa part. Si vous m'aviez dit hier soir qu'il allait avouer, je n'y aurais pas cru", reconnait-il. Très surpris de la nouvelle, il a déjà prévenu la famille. Selon lui, la persuasion des avocats a fonctionné.
Depuis le Luxembourg, Laurent Tran Van Mang, le cousin de Sophie Le Tan témoigne : "Là, à chaud, c'est difficile de vous faire part de nos sentiments, c'est trop frais. C'est très dur à encaisser. C'est dur et choquant, mais enfin la vérité éclate. Ce qui nous soulage, c'est que depuis on le savait". Il est encore sous le choc : "Je ne m'attendais pas à ce qu'il avoue. Je suis surpris de ses aveux, vu sa personnalité et son caractère. Pourquoi maintenant?".
Jean-Marc Reiser devrait comparaître devant la cour d'assises avant la fin 2021.