À Brumath (Bas-Rhin), une exploitation agricole va se parer, pour la première fois, d'une structure agrivoltaïque. Encore peu rependu en France, ce système de panneaux solaires pourrait révolutionner la production agricole grâce à un fonctionnement innovant.
Le projet est encore au stade de l'expérimentation. À Brumath (Bas-Rhin), l'exploitation Au Pays des fraises s'est associée à l'entreprise BayWa r.e., pour l'installation d'un parc agrivoltaïque. À l'inverse de panneaux classiques, ce système s'équipe de modules semi-transparents et permet ainsi le passage d'une partie de la lumière.
La technologie cherche à réduire la perte de production en protégeant les récoltes des intempéries et des sécheresses. La compagnie prévoit d’implanter environ 1440 panneaux sur une surface de 4 900 m2. Ce système doit produire en un an l'équivalent de ce que produisent 100 foyers.
Pour les deux sœurs à la tête de l'exploitation alsacienne, ce projet est une véritable source d'espoir pour répondre aux défis du réchauffement climatique.
Une première en France pour l'agrivoltaïque
L'histoire retiendra peut-être que c'est à Brumath, dans le Bas-Rhin, que le premier parc agrivoltaïque a été installé, le 9 octobre 2023. La famille Guth a elle-même demandé les services de l'entreprise BayWa r.e. pour sa production de fruits rouges, après plusieurs années de récoltes capricieuses liées aux aléas climatiques.
"On a traversé des épreuves difficiles avec ma sœur. Les tempêtes et la grêle sont les gros problèmes pour nous. Il nous fallait une solution et on a rencontré BayWa. Ils ont un joli site de production aux Pays-Bas, ils nous ont invitées et on s’est dit que notre avenir passerait par-là", raconte Rosalie Guth, l'une des deux sœurs aujourd'hui à la tête de l'exploitation.
Concrètement, l'agrivoltaïque permet à l'exploitant de dire adieu aux traditionnelles bâches protectrices, qui ne sont pas totalement imperméables aux intempéries. En parallèle, ces panneaux réduisent les conséquences du réchauffement climatique, en filtrant la lumière du soleil et en protégeant les récoltes des sécheresses. "Il y a énormément d’incertitudes dans notre métier. Cette technologie nous offre une issue de secours au vu des conditions climatiques."
La structure est placée à une certaine hauteur au-dessus des productions. Semi-transparents, les modules laissent passer 49% de la lumière et transforment le reste en électricité. L'installation est censée produire 464 mégawattheures (MWh) par an, soit la consommation électrique d'environ 100 foyers français.
Une technologie en passe d'être démocratisée
Si le projet est encore en phase d'expérimentation, il pourrait bientôt connaître une exposition importante en France. Actuellement, l'agrivoltaïsme n'est pas inscrit dans la réglementation agricole. Néanmoins, les superviseurs en charge du chantier espèrent la publication d'un décret, annoncée pour cette fin d'année.
"Cet arrêté va compléter un certain nombre de manques, puisque les objectifs ne pourront être atteints si on se limite à l’installation de panneaux solaires sur toiture", explique Régis Huss, directeur général adjoint à la chambre d'agriculture Alsace. "Il y a eu plusieurs études menées par des structures officielles qui permettent de classer certaines installations à vocation agrivoltaïque comme compatibles avec les productions agricoles."
Ce décret représente donc une étape majeure pour cette technologie. En cas de validation elle pourrait ainsi se développer à grande échelle dans l'Hexagone. "Ça offre une possibilité d’avoir un contrat d’achat de l’État ou alors de négocier avec des acheteurs potentiels d’énergie comme des artisans, des industriels ou des opérateurs", explique-t-il.
Plusieurs projets sont également à l'étude dans le Grand-Est et devraient prochainement voir le jour, toujours selon Régis Huss. Dans un secteur en pleine transition comme l'agriculture, la technologie garde donc de beaux jours devant elle.