Bas-Rhin : pourquoi la vallée de la Bruche a été sacrée capitale française de la biodiversité ?

La communauté de commune de la vallée de la Bruche, dans le Bas-Rhin, a été élue capitale française de la biodiversité par un jury d'experts de l'environnement. Un travail de longue haleine pour un territoire qui revient de loin. Explications.

C'est la troisième fois qu'une commune du Bas-Rhin est sacrée championne de la biodiversité depuis les dix ans de la création de ce concours, soutenu par le ministère de la Transition écologique. Après Muttersholtz en 2017 et Strasbourg en 2014, c'est au tour de la communauté de communes de la vallée de la Bruche de remporter ce titre de "capitale française" pour ses efforts faits en faveur de la biodiversité et de la protection de la nature.

Le trophée, qui a été décerné à cette intercommunalité de 22 000 habitants parmi 60 autres communes candidates, permet de hisser en exemple le travail accompli dans cette vallée vosgienne pendant 30 ans.

Organisé notamment par l'Office français de la biodiversité, il réunit un panel d'une trentaine de structures expertes de l'environnement, et "récompense non pas les projets mais les bonnes pratiques, les actions réussies en terme de politique environnementale au sens large, de planification, d'aménagement du territoire, et d'implication de la population", explique Gilles Lecuir, chargé d'étude à l'Agence régionale de la biodiversité d'Ile-de-France et coordinateur du concours.

Une vallée forestière qui a retrouvé une diversité de paysages

Ce territoire revient pourtant de loin après avoir subi la déprise industrielle de plein fouet. Après l'abandon des nombreuses usines textiles, la vallée a été presque entièrement recouverte de monocultures d'épicéa ou de sapins. Non seulement ces forêts n'étaient pas forcément adaptées au micro-climat local, montagnard et humide, mais elles fragilisaient l'écosystème. Il a fallu alors rouvrir les paysages pour recréer de la diversité, réintroduire une activité pastorale et agricole, et réinvestir les friches industrielles. 

"Une prairie permanente qui ne sera pas labourée tous les ans est un véritable puits de CO2, et a une capacité de stockage équivalente à un sol forestier", assure Jean-Sebastien Laumond, chargé de mission Paysage et Environnement pour la communauté de commune, qui pilote cette politique environnementale à long terme.

La carte postale d'aujourd'hui, ce n'est pas celle d'hier. Les paysages répondent à des attentes de durabilité.

Jean-Sebastien Laumond, chargé de mission Paysage et Environnement CCVB

Aujourd'hui, les prairies où pâturent les bêtes, les vergers, mais aussi les haies, les berges des rivières ou les arbres isolés sont autant d'éléments d'une "mosaïque" environnementale qui favorise l'équilibre de la faune et la flore. 

"Ce qui a été récompensé c'est aussi ce paysage, qui n'est pas seulement beau, mais surtout fonctionnel et vivant parce qu'il est entretenu par les acteurs du territoires, les habitants, agriculteurs, associations, élus...La carte postale d'aujourd'hui, ce n'est pas celle d'hier. Les paysages répondent à des attentes de durabilité, valorisent la ressource locale", ajoute-t-il.

Le nombre d'actifs agricoles a été doublé dans la Bruche, où dominent des élevages bovins, ovins et caprins de races locales, mais où se sont installés aussi des arboriculteurs. Des propriétaires se sont regroupés en associations foncières pastorales et environnementales pour valoriser les terres en friches ou boisées, des fermes-auberges publiques ont été mises en place au service de l'économie locale... Une gestion en commun qui permet, selon le chargé de mission, de donner à la communauté l'envie de "protéger les zones humides, plutôt que de les assécher ou les urbaniser". Politique zéro pesticide, fauches tardives, plantations de haies diversifiées... Les initiatives sont nombreuses de la part des communes comme des habitants. 

Protéger "la biodiversité ordinaire"

"J'espère que cette reconnaissance va permettre d'améliorer notre connaissance de la biodiversité sur le territoire. Parce qu'on a déjà des sites reconnus, classés Natura 2000, comme Le Champ du Feu ou les massifs de Donon-Schneeberg, mais c'est aussi la biodiversité ordinaire, celle que l'on voit tous les jours, qui est très importante, il faut y porter un regard particulier", explique Jean-Sebastien Laumond, qui espère que ce trophée pourra inciter d'autres élus aux problématiques similaires à entreprendre des politiques d'aménagement durables. D'autant qu'il s'agit aussi d'un argument touristique... 

La remise du prix 2022 à la CCVB devrait s'effectuer (sous réserve) le 18 octobre. En attendant, le concours pour désigner la capitale de la biodiversité 2023 est déjà lancé. Les candidatures pour cette édition sur le thème des "Arbres et Forêts" peuvent être envoyées jusqu'au 31 janvier prochain. 

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