Le Lancaster NE164 de la Royal Air Force rentrait d'une mission au-dessus de l'Allemagne le 29 juillet 1944. Touché par le tir d'un chasseur allemand, il s'était écrasé dans la forêt alsacienne. Une stèle se trouve déjà non loin du lieu du crash afin de ne pas oublier le sacrifice des sept membres d'équipage.
L'histoire de cet avion est détaillée sur un panneau posé à côté de la stèle érigée en bordure de la route forestière de la "Saegmuhlmatt" près de la maison forestière du Willerhof. On y apprend que cet évènement tragique a eu lieu un mois et quelques jours après le débarquement de Normandie. Un énorme quadrimoteur Lancaster venait de larguer ses bombes au-dessus de Stuttgart ce soir du 28 juillet 1944. Appartenant à une escadre de 494 appareils qui avaient décollé entre 21h et 22h d'Angleterre, sa mission était de bombarder des sites sensibles de la capitale du Bade-Würtemberg.
Une attaque dans le ciel de Strasbourg
Sur le chemin du retour, peu après 1 heure du matin le 29 juillet, un chasseur allemand l'a mitraillé dans le ciel de Strasbourg. Le pilote a constaté un incendie sur une aile de l'avion, a perdu de l'altitude et n'a pu éviter le crash quelques minutes après l'attaque. Cette nuit-là, 53 appareils ne sont pas rentrés et 192 aviateurs ont péri.
Le pilote de ce Lancaster s'appelait Jones, il avait 23 ans. Lui et son mitrailleur, Williams âgé de 21 ans ne se sont pas éjectés, et n'ont pas survécu. Ils reposent dans le cimetière d’Ottrott-le-Bas. Le sergent Habgood, qui avait réussi à sauter près d'Ottrott a été capturé et conduit au camp du Struthof. Les SS l'ont pendu le 31 juillet 1944. Les sergents Drury, Hunter et Cumberlidge s’en sont sortis mais les Allemands les ont retrouvés et envoyés dans un camp de prisonniers en Pologne. Seul le Canadien Dinney aura de la chance. Réfugié au Mont-Sainte-Odile, il sera exfiltré par la Résistance.
La fille de l'un des aviateurs participera à la cérémonie
Lors de fouilles archéologiques estivales en 2018 dans l'ancien camp nazi du Struthof, la gourmette du sergent Frederick Habgood avait été retrouvée puis restituée à sa famille lors d'une cérémonie du souvenir en septembre 2021. Quant à Donald Hunter, le radio du Lancaster, décédé 70 ans après le crash, il voulait que ses cendres soient dispersées sur les lieux de la tragédie. Sa volonté fut respectée avec l'aide de sa fille Shelley Hunter le 30 juillet 2014 lors d'une cérémonie qui s'est tenue devant la stèle.
Ce dimanche 28 juillet, Shelley Hunter sera à nouveau présente pour honorer la mémoire de son père et de ses équipiers tombés 80 ans plus tôt. "Sa présence est un honneur pour nous, elle fait le voyage depuis la Grande-Bretagne pour chaque commémoration", salue Yves Dagorn, président du comité local du Souvenir français d'Obernai qui organise la cérémonie.
Un événement auquel les bénévoles mobilisés tiennent beaucoup."C'est une façon de faire perdurer l'histoire, pour éviter que ce type de drames ne se reproduise, plaide Yves Dagorn, convaincu que cette transmission de la mémoire est indispensable. Il n'y a plus de témoins vivants de cet épisode, mais il faut quand même en entretenir le souvenir.'"
Au cours de la cérémonie, une gerbe sera déposée en mémoire des aviateurs et des récits de témoins de l'époque seront lus.