"Certains vont perdre l'intégralité de la récolte" : la situation est catastrophique pour ces agriculteurs victimes des crues et inondations

Le Bas-Rhin est toujours en vigilance jaune crues ce mardi 21 mai. Un trop-plein de précipitations qui désespère les agriculteurs. Selon la FDSEA, certains pourraient perdre l'intégralité de leur récolte annuelle.

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Philippe Boehmler, agriculteur à Forstfeld (Bas-Rhin), sillonne inlassablement son exploitation avec son tracteur. 80 % de la surface est sous un mètre d'eau. Les prés, comme les champs. Il est inquiet. Tout le fourrage qu'il destinait à son cheptel, 320 vaches charolaises, est détruit. " Là, aujourd'hui, elles ne broutent plus, observe-t-il. Donc, il faudra leur ramener leur alimentation".

Mais l'urgence de la situation laisse entrevoir également des soucis à plus long terme. "Une fois que l'eau se sera retirée, comment est-ce qu'on va faucher les prés, comment doit-on les travailler ?", s'interroge-t-il, le regard perdu. "Il faudra nettoyer et attendre la nouvelle pousse, et d'ici là, il va falloir qu'on gère tout le troupeau", ajoute-t-il.

De mémoire d'agriculteur à Forstfeld, de telles crues de la Sauer ne s'étaient pas produites depuis les années 1970. Il espère pouvoir très vite présenter une déclaration de catastrophe naturelle, afin de limiter la facture.

Entre 15 et 100 % de pertes

L'eau stagne, ce qui accentue encore l'inquiétude de Philippe Boehmler. Le maïs qu'il a déjà semé sur ces champs va pourrir, et il n'y peut rien.

"La perte économique va être considérable. Pour certains, ce sera 15 ou 20 % de leur exploitation, mais d'autres vont probablement perdre l'intégralité de la récolte 2024", soutient Franck Sander, le président de la FDSEA 67.

Pour lui, le manque d'entretien des cours d'eau accentue les phénomènes de crue. Avant, les petites rivières étaient entretenues afin de permettre une évacuation plus rapide de l'eau. Ce n'est plus le cas, dit-il.

La fermeture de vannes en question

Christian Wollenschlaeger, président de la FDSEA pour le secteur de Seltz-Lauterbourg, soulève une autre question. Pourquoi les vannes qui sont censées réguler le débit entre le Rhin et la Sauer n'ont pas été fermées ? Depuis janvier 2024, ce n'est plus Voies Navigables de France qui est chargé de cette mission, mais le SDEA, mandaté par les communautés de communes. Or, vendredi 17 mai, après l'épisode de fortes précipitations, il est formel, les vannes étaient restées ouvertes. Il a d'ailleurs pris la liberté de les fermer lui-même en fin de journée, après avoir donné l'alerte et constaté qu'elles n'avaient été qu'à moitié refermées.

"Le Rhin poussait dans la Sauer qui n'arrivait plus à s'écouler, explique-t-il. On aurait pu éviter 30 à 40% de surface de terres inondées" (si les vannes avaient été correctement fermées) estime-t-il, en ajoutant que ce genre de problème ne s'était jamais produit avec Voies Navigables de France.

Il ne reste plus qu'à attendre que l'eau se retire, avec peut-être une possibilité pour les céréaliers de pouvoir re-semer, si les conditions le permettent d'ici à une quinzaine de jours. Mais pour l'instant, la météo s'annonce continuellement pluvieuse.

Un comité de suivi doit se réunir mercredi 22 mai à la préfecture du Bas-Rhin à Strasbourg afin de dresser un état des lieux et organiser des réponses rapides pour les entreprises, les habitants, et bien sûr les agriculteurs touchés par ces intempéries.

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