Un piège à VTT a été découvert en zone forestière à Gries (Bas-Rhin), le jeudi 27 janvier. Son emplacement a été diffusé sur les réseaux sociaux afin d'alerter les personnes habituées à emprunter ce chemin. La mairie a annoncé avoir porté plainte.
C'est une balade en forêt qui aurait pu virer au drame. Le jeudi 27 janvier 2022, une dame a marché sur un piège dans la forêt de Gries (Bas-Rhin).
Un piège bien particulier, bardé de clous destinés à déchiqueter les roues de VTT. Enterré, ce piège constitue aussi une menace pour les personnes qui marchent en forêt.
Cette dernière couvre tout le nord de Gries. Le piège a été découvert sur le chemin forestier qui longe une cabane de chasseurs (voir sur la carte ci-dessous).
France 3 Alsace a joint l'infortunée promeneuse ce vendredi 28 janvier en fin de matinée. Elle n'a pas souhaité faire de commentaire et voulait juste "avertir" .Elle va "bien", et a indiqué être allée porter plainte à la gendarmerie.
Le maire (DVD) Éric Hoffstetter était présent pour la plainte. "On est une commune tranquille et on n'a jamais de soucis de ce côté-là", explique-t-il. "Notre forêt communale est relativement grande, et c'est inadmissible de pratiquer ce genre de choses. Il y a assez de place pour tout le monde."
"Il n'y a pas eu de nuisances, on ne rapporte pas d'échos dans un sens ou un autre. On est donc très étonné par ces actes qui risquent de blesser gravement des personnes." Des agents municipaux ont inspecté et sécurisé les environs, et vérifié s'il n'y avait pas d'autres pièges. Le chemin forestier concerné est emprunté par des cyclistes, des promeneurs et promeneuses, mais également les chevaux d'une écurie toute proche.
Il y a assez de place pour tout le monde.
Éric Hoffstetter, maire (DVD) de Gries
Le piège retrouvé en forêt à Gries est semblable à ceux tendus dans les forêts vosgiennes. Maxime Mouget, auteur d'une pétition dénonçant le phénomène ("10.000 signatures restées sans réponse du ministère"), ne cache pas sa lassitude devant ce phénomène qui s'étend désormais en plaine alsacienne (et plus généralement dans l'est de la France). "Dans ma communauté vélo, c'est quelque chose de très fréquent, et on est tellement blasé qu'on ne médiatise pour ainsi dire plus autant qu'avant. Ici, la dame a bien fait de documenter le lieu où elle a trouvé le piège, et d'informer tout le monde."
La médiatisation de l'accident d'un jeune cycliste nommé Gaétan avait rencontré un large écho. "On a repris nos habitudes de sorties à vélo, mais ce n'est pas pour autant que les pièges ont disparu. Il faut malheureusement des accidents pour qu'il y ait des prises de conscience..."
Qui a fait ça ?
Certaines personnes se demandent si les chasseurs sont en cause. Maxime Mouget fait remarquer que "ce qui est rigolo, c'est que les divers utilisateurs de la forêt [chasseurs comme cyclistes; ndlr] se retrouvent sur plein de choses. On aime tous prendre un apéro après une sortie, etc." D'une manière générale, il se demande si, concernant les cyclistes, l'augmentation de l'autonomie de leurs vélos (électriques) ne suscite pas des rancoeurs. "Peut-être que ça dérange les utilisateurs qui jusqu'ici étaient seuls à aller en profondeur dans la forêt. Et qu'ils se sentent agressés par cette nouvelle population qui va là. Mais ce n'est qu'une supposition."
"On ne comprend pas la haine dont sont victimes les VTTistes. Surtout que sur le terrain, quand on croise des chasseurs, des marcheurs, des cavaliers : tout se passe bien. Si encore on avait des prises de bec avec certains... mais non."
On ne comprend pas la haine dont sont victimes les VTTistes. Surtout que sur le terrain, quand on croise des chasseurs, des marcheurs, des cavaliers : tout se passe bien.
Maxime Mouget, cycliste émérite
Justement, le président de la Fédération des chasseurs du Bas-Rhin s'appelle Gérard Lang. C'est aussi, par un certain hasard, le pharmacien de Gries. Il déclare qu'il "ne faut pas tout de suite imaginer que c'est les chasseurs. Ça m'étonnerait qu'un chasseur de Gries se permette de mettre la vie d'autrui en danger."
"En plus, en admettant qu'un chasseur le fasse, il risquerait de mettre en danger ses copains ? Sans doute encore plus, d'ailleurs, car les chasseurs y vont le matin ou le soir, et ne verraient pas le piège. Ils risqueraient aussi d'y crever les pneus de leurs [véhicules]."
"Il peut y avoir des fous parmi les chasseurs, mais il peut aussi y en avoir dans le reste de la population, statistiquement plus nombreuse." Il ajoute même qu'une personne opposée à la chasse aurait pu placer là le piège pour ensuite faire accuser les chasseurs...
La forêt est à tout le monde
L'enquête des gendarmes permettra peut-être d'y voir plus clair. En attendant, le maire espère "que c'est la première (et dernière) fois qu'un acte de cette nature est relevé dans notre secteur".
L'édile appelle à "une cohabitation harmonieuse et respectueuse entre riverains, associations de chasseurs, et autres usagers de notre belle forêt". Elle est à tout le monde, et cyclistes comme chasseurs sont d'accord là-dessus.