Ces paléontologues découvrent des fossiles vieux de 170 millions d'années, "la faune du Jurassique est difficilement accessible en France"

Des paléontologues amateurs et passionnés ont organisé une fouille dans la ravine de Gundershoffen (Bas-Rhin) pour chercher tous les fossiles possibles, entre le 1ᵉʳ et le 6 juillet 2024. Objectif : recenser toutes les espèces présentes au Jurassique, et faire avancer la connaissance de cette faune.

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Il faut d’abord mettre les pieds dans la boue avant d’arriver au fond de la ravine de Gundershoffen. Le chemin est escarpé, et en bas, dans le mince cours d’eau, des paléontologues sont assis sur des billots de bois. Ils ramassent dans des tamis des objets qui ressemblent à des pierres.

Ces paléontologues ont l'œil pour reconnaître des fossiles du Jurassique, plus précisément de l'Aalénien du Jurassique moyen, une période qui s'étend sur 4 millions d'années, entre 174 et 170 millions d'années.

L'Alsace était alors au fond de l'océan, peuplée de mollusques, de pieuvres et de calamars, et même d'ichtyosaures. Les animaux marins morts se sont entassés au fond de l'eau, puis se sont fossilisés. Ils sont encore là, parfois enfermés dans les pierres, parfois à découvert, dans le fond de cette ravine. Il suffit de se baisser pour les ramasser. 

Bien sûr, sans un œil expérimenté, difficile d'imaginer que cette petite irrégularité signifie qu'une dizaine d'ammonites se cachent à l'intérieur de la pierre.

Ammonites et bélemnites en grand nombre

Constance Vagne est paléontologue amateure et elle explique sa trouvaille. "Quand il y a des grosses pierres, je cherche des petites traces de coquilles, et là, j'aperçois quelque chose, une toute petite trace, donc je pense qu'à l'intérieur, il y a des ammonites. Donc, on va la casser et voir ce qu'il y a dedans".

Sous la tente, Gilles Guillaume continue le travail, il casse les pierres, et dégage les ammonites avec un percuteur, en faisant bien attention de passer autour des fossiles.

Alors pourquoi ces paléontologues ont décidé de faire ces fouilles ? C'est Antoine Wagner qui nous raconte : "l'intérêt pour nous, c'est qu'une nouvelle espèce d'ammonite a été trouvée et décrite, la "dumortiera gundershofensis", donc on voulait déjà la retrouver. Et la faune du Jurassique est difficilement accessible en France, il y a très peu de spots connus et étudiés, donc c'est intéressant de voir ce qu’elle pouvait encore livrer, et on n’est pas déçu pour l'instant".

Les paléontologues ont aussi relevé un défi : essayer de retrouver toutes les espèces découvertes par une équipe de chercheurs au début du 20ᵉ siècle, ce qui avait donné lieu à une étude publiée par Nicolas Schneider en 1927. Un siècle après, trouve-t-on toujours autant d'espèces ? Et surtout, est-ce que ces chercheurs ont oublié des espèces ?

Présents en grand nombre, les ammonites et les bélemnites s'entassent sur la table des chercheurs. Contrairement aux coquilles en spirale, parfois complète des ammonites, il reste très peu de traces des bélemnites, uniquement le rostre, une partie assez rigide à l'arrière. Mais l'animal pouvait mesurer jusqu'à un mètre de long.

Les découvertes qui fascinent les paléontologues, ce sont essentiellement les espèces inconnues ou jamais répertoriées ici, comme une moule très rare, avec une coquille assez pointe sur l'une de ses faces.

Elle tient dans la main de Gilles Guillaume : "cette moule est très rare, c'est le seul spécimen trouvé en Alsace. Elle est exceptionnelle par sa qualité de conservation, on voit bien les deux coquilles, il ne manque presque rien".

Tout à coup, Loann Fauchon, un autre paléontologue, situé en amont du ruisseau, surgit avec une ammonite géante dans les mains. Le fossile est grand et très bien conservé. C’est la découverte de la semaine pour les paléontologues.

La suite, ce sera une exposition et aussi un livre, un siècle après les dernières fouilles à Gundershoffen.

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