Les tuiles blanches, une solution méconnue pour garder sa maison au frais

Recouvrir son toit d'un revêtement blanc réfléchissant séduit de plus en plus les Français en période estivale. Cette technique, déjà utilisée par des grandes surfaces, s'implante progressivement chez les particuliers. Mais que vaut-elle vraiment ?

Et si la solution contre les fortes chaleurs se trouvait au-dessus de notre tête ? L'idée est simple : recouvrir sa toiture d'un revêtement blanc, qui renvoie les rayons solaires, pour conserver la fraîcheur de son habitation.

Très développé dans les pays du pourtour méditerranéen, le "cool roofing" ("cool" pour "frais" et "roof" pour "toit") s'implante progressivement en France. Plusieurs enseignes de grande distribution utilisent déjà de la peinture blanche sur leur toiture pour réduire la température de leurs locaux.

Ces toits réfléchissants séduisent désormais les particuliers français, qui y voient un bon moyen de réaliser des économies d'énergie l'été, mais aussi de moins souffrir de la chaleur.

"Ça a beaucoup intrigué mes voisins"

Habitant une zone reculée de Marienthal (Bas-Rhin), Jean-François Durand a franchi le pas du cool roofing il y a un an. "J'avais contacté une entreprise pour refaire mon isolation et ils m'ont parlé de l'idée d'une toiture avec des tuiles blanches, raconte l'Alsacien. Lorsqu'ils ont réalisé l'installation, ils m'ont dit que j'étais l'un des premiers à utiliser ce type de revêtement."

Rapidement, il se rend compte du gain de fraîcheur dans son habitation, notamment sous le toit. "L'été, je ne vois plus de différence de température d'une pièce à l'autre. Avant, il faisait très chaud dans les parties hautes de la maison." Il estime avoir perdu entre 4 et 5 degrés grâce à ce revêtement.

Jean-François Durand a même réalisé un test au soleil pour comparer ses tuiles réfléchissantes avec d'autres plus classiques. "Sous 30 degrés, il était impossible de prendre une tuile rouge en main, elle était trop brûlante. Je n'avais pas ce souci avec la blanche", relate-t-il.

Utiliser ce pouvoir réfléchissant (aussi appelé effet "d'albédo") pour se protéger de la chaleur n'est pas révolutionnaire. Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) préconisait déjà cette technique en 2014 dans son rapport à l’intention des décideurs.

Pourtant, dix ans plus tard, la pose de tuiles claires sur les maisons peine encore à se démocratiser. Jean-François Durand est d'ailleurs le seul habitant de sa commune à l'avoir réalisée. "Ça n'a pas manqué d'intriguer mes voisins, beaucoup sont venus me voir. Certains me disent que ça ressemble à une toiture enneigée."

Un marché soumis à des restrictions

Le développement du "cool-roofing" se heurte bien souvent à des contraintes en lien avec des règles d'urbanisme. En fonction de la commune, la liberté d'aménagement des toits sera plus ou moins grande. Cela est encore plus vrai pour l'Alsace, qui dispose d'un important patrimoine architectural. 

À Strasbourg, plus grande ville de la région, le plan local d'urbanisme (PLU) reste plutôt souple. "Hors abords des monuments historiques et sites patrimoniaux remarquables, le choix de la couleur est laissé à la libre appréciation du porteur de projet", nous indique l'Eurométropole. 

Face aux défis environnementaux, les architectes tendent à utiliser davantage l'effet d'albédo en zone urbaine. Et ce n'est pas forcément la toiture qui est ciblée en premier. "La pose de tuiles en façade est très demandée. Ils ont moins de contraintes à recouvrir ces parties-là plutôt que les toits", explique David Schmitt, ingénieur de l'entreprise alsacienne Wienerberger, spécialisée dans l'enveloppe du bâtiment.

Preuve que le cool roofing a le vent en poupe, il a été utilisé lors des Jeux olympiques de Paris pour la conception du village des athlètes et celui des médias. Les Alsaciens de Wienerberger ont même été plébiscités par les architectes pour le projet.

Le procédé connaît néanmoins quelques limites. Les surfaces blanches peuvent vite griser à cause de la pollution et demander un entretien plus régulier. D'autre part, son efficacité reste dépendante de l'orientation du bâtiment. "Plus il sera biscornu et plus il laissera entrer la chaleur", précise David Schmitt.

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