Face au doublement de sa facture d'électricité en 2022, le magasin Leclerc de Geispolsheim (Bas-Rhin) situé au sud de Strasbourg a fait peindre sa toiture en blanc. Le bénéfice énergétique s'annonce important.
C'est un chantier peu commun qui se tient en cette fin juin sur le toit du centre commercial de Geispolsheim (Bas-Rhin), qui compte parmi les plus grands autour de Strasbourg. Quatre ouvriers s'affairent à peindre en blanc 12 000 m² de membrane bitumineuse, le revêtement classique de ce genre de bâtiment. L'objectif est de repousser un maximum de rayons du soleil pour réduire la température à l'intérieur du magasin.
"On applique trois couches de peinture : deux couches de fond pour blanchir la toiture, et une troisième couche qui apporte la partie réfléchissante du revêtement", explique Philippe Lang, le gérant de l'entreprise qui réalise les travaux pendant deux semaines. Il utilise un produit fabriqué en France à base d'eau et de poudre de coquilles d'huîtres.
L'effet est presque immédiat et contrôlé avec un thermomètre. Ce jour-là, le toit non peint affiche 56°C (il peut monter à 75°C), tandis que le toit peint en blanc est à 27°C. La différence se fait déjà ressentir. "On a 6°C de moins dans le magasin, se réjouit Eric Lorentz, le directeur général de la société qui exploite l'hypermarché. Les blocs de climatisation sont à l'arrêt, même à cette période de l'année qui est déjà très chaude."
Economies d'énergie
Les bénéfices sont les mêmes pour les groupes froids qui alimentent les frigos et les congélateurs de l'hypermarché Leclerc. "Ils sont installés en toiture donc ils aspiraient de l'air à 70°C pour le refroidir. Maintenant que le toit est blanchi, ils aspirent de l'air à 30°C, c'est un gain important en matière d'économies d'énergie," résume Eric Lorentz.
Le magasin a donc investi 200 000€ dans ce blanchiment de toiture pour réduire ses dépenses d'énergie. La facture d'électricité est passée de 450 000€ en 2021 à 800 000€ en 2022, et ce "malgré une baisse de consommation de 15%", explique Eric Lorentz. Soit 109% d'augmentation, plus du double en un an.
Pourquoi ne pas y avoir pensé plus tôt, à l'image des pays du pourtour méditerranéen qui utilisent cette technique depuis longtemps ? "Avant l'envolée des prix, l'énergie était un poste de préoccupation secondaire. Aujourd'hui, tout le monde s'intéresse à ces méthodes d'économies", précise Eric Lorentz.
L'hypermarché espère économiser 50% de son budget climatisation, et un retour sur investissement d'ici à quatre ou cinq ans. Un potentiel confort pour les clients. Le magasin enregistre 7 000 passages en caisse par jour.