Christelle Dott travaille à la Voûte étoilée, Ehpad de Bischheim, depuis 29 ans. Une employée énergique qui connaît le bâtiment et les résidents par coeur et pourtant elle ne les voit plus. Suite à une maladie génétique, cette Alsacienne a perdu la vue il y a 13 ans.
Quand Christelle Dott se dirige vers nous et qu'elle nous regarde droit dans les yeux, nous sommes stupéfaits. Devant nous, une femme pleine d'énergie qui nous regarde et s'adresse à nous comme si elle nous voyait et pourtant il n'en est rien. Suite à une maladie génétique, cette aide médico-psychologique d'un Ehpad de Bischheim (Bas-Rhin), a perdu la vue il y a 13 ans.
Ce matin de décembre, nous l'avons suivi dans ses tâches quotidiennes. Employée dans la maison de retraite depuis 29 ans, elle s'occupe de la toilette des résidents, les aide à s'habiller et à manger tout en travaillant au maintient de l'autonomie de ces personnes âgées. Un programme dense qu'elle effectue visiblement sans aucun souci. Une prouesse pour cette Alsacienne qui ne voit pas ce qu'elle fait.
Dans la chambre d'une résidente qu'elle connaît bien, l'heure est à l'habillement. Au moment d'enfiler les bas, Christelle colle la couture des chaussettes devant ses yeux pour tenter de différencier l'endroit de l'envers. "Lorsque je vous regarde, je ne vois que des formes floues. Cela m'est tombé dessus en 2009. Mais c'est ainsi, il faut bien continuer de vivre. Je ne peux pas rester chez moi à pleurer sur mon sort. Je continue de travailler, d'avancer. Et d'apporter un peu de bonheur aux personnes âgées".
En se levant un matin, Christelle ne voyait plus le paysage depuis sa fenêtre. Tout de suite, elle a su. "C'est une maladie génétique qui détruit le nerf optique (...) Cette maladie touche ma famille. Ma sœur en est déjà atteinte, mes oncles et tantes l'ont également", une perte de vue brutale et définitive.
Refusant de se laisser aller, elle a poursuivi son travail, a passé son examen d'aide médico-psychologique et s'est adaptée. Aujourd'hui, elle compte les marches pour ne pas trébucher, tient la rampe, si nécessaire, et reconnait les gens à leur timbre de voix. Une attitude qui suscite l'admiration des collègues. Sa volonté ? Continuer ainsi le plus longtemps possible.