Près de 2600 feuillets manuscrits en français relatant la guerre vue de l’intérieur… c’est ce que Charles Spindler a légué à la postérité. Cet illustre habitant de Saint-Léonard, petit hameau situé non loin d’Obernai et à une vingtaine de kilomètres du front a 49 ans lorsque la guerre est déclarée. Trop âge pour être mobilisable, ce peintre, écrivain et surtout marqueteur va devenir un précieux témoin de ces années de guerre.
Francophile mais pas germanophobe, Charles Spindler est un humaniste qui a toute forme de violence en horreur et au fil des pages du journal qu’il tient, le lecteur perçoit son attachement à la France même s’il se lie d’amitié avec le major allemand en faction dans le secteur puis avec le colonel hongrois arrivé en septembre 1918 avec son régiment pour renforcer les troupes allemandes.
Charles Spindler écrit beaucoup sur la fin de la guerre. Fin octobre 1918 il témoigne : "... à Boersch, les gens apprennent par cœur des bribes de phrases françaises pour saluer les soldats à leur passage…". "L’impatience est telle dans le village que la vague révolutionnaire qui touche l’Allemagne puis Strasbourg passe inaperçue à Boersch…"
Charles Spindler peint aussi beaucoup. Le 7 novembre, il réalise le dessin d’un soldat allemand pour garder un souvenir du dernier cantonnement.
Le 17 novembre, les allemands quittent le village et le 18 Charles Spindler écrit dans son journal : "nous voilà français et pour toujours… il me semble que chaque minute met un siècle entre nous et cette époque…"