Bâtiments ou éclairage publics beaucoup trop présents, enseignes allumées toute la nuits. Depuis décembre 2018, l'Etat a durci la réglementation mais la pollution lumineuse reste importante. En Alsace, de plus en plus de communes changent leur politique.
"Retiens la nuit", dit la chanson... Mais ça devient quand même de plus en plus difficile. La lumière est omniprésente dans notre vie d'homo sapiens technologicus. La lumière artificielle éblouit notre quodidien, notre domicile, notre travail, nos nuits. Enseignes, vitrines de magasin, éclairage public… Nos villes revêtent le soir leurs habits de lumière, pour se faire belles (coucou les décorations de Noël de mi-novembre à fin janvier), ou pour donner un sentiment de sécurité.En vingt ans, la quantité de lumière a augmenté de 94% en France. On y compte 11 millions de points lumineux dont environ 320.000 en Alsace. L'équivalent en quelque sorte d'un lampadaire pour six personnes. Des chiffres aveuglants. Au sens propre. Voilà belle lurette que les observations célestes scientifiques ne se font plus sous nos latitudes. Seuls les amateurs (éclairés, cela va de soi) utilisent encore la grande lunette de l'observatoire astronomique de Strasbourg.
L'association nationale pour la protection du ciel et de l'environnement nocture (ANPCEN) combat cette pollution lumineuse au nom de la protection de la nature. L'ANPCEN décerne ainsi un label ville étoilée. Depuis 2009, seules 574 communes ont été distinguées par l'association. Les parcs urbains pourraient être des lieux de vie naturelle nocture, mais un éclairage trop envahissant dérègle complètement les rythmes biologiques. Des cycles naturels perturbés seraient également à l'origine de risques accrus de cancer et de diabète chez l'homme.
En France, 12.000 communes pratiquent déjà une extinction totale ou partielle de leurs lumières dont 150 en Alsace. Schiltigheim par exemple a choisi de couper l'éclairage de tout un quartier en milieu de nuit. "Sur ce quartier sur un an, cela représente 1.400 euros, explique Jean-Marie Vogt, adjoint au maire en charge des travaux et du cadre de vie. Nous avons 64 quartiers comme celui-là, donc c'est potentiellement une économie de 80.000 euros sur 320.000 euros au total, soit près de 30% d'économies."
Système de lumières par détection
La sobriété énergétique, à Strasbourg cela prend la forme d'un défi: réduire de 25% la consommation d'énergie liée à l'éclairage public d'ici 2020. Après s'être équipée de 600 lampadaires plus performants, la ville teste au Neudorf un système de lumière par détection, coûteux et pas adapté à toutes les rues mais moins gourmand en énergie. De même, une dizaine de parcs et jardins de la ville devraient voir leurs illuminations éteintes à partir d'une heure du matin.C'est l'une des mesures rendues obligatoires par l'Etat en fin d'année dernière pour limiter les nuisances lumineuses. Des coupures qui concernent aussi les parkings, les enseignes, le patrimoine. Selon le ministère de la transition écologique, elles permettraient d'économiser 200 millions d'euros chaque année, soit l'équivalent de 25.000 tonnes de CO2 de production électrique.