Deux zones sont particulièrement touchées en ce début février en France par le risque d'allergies : huit départements du sud du pays et... le Bas-Rhin. Les noisetiers et les aulnes sont en pleine floraison, leurs pollens chatouillent donc les muqueuses des personnes allergiques, qui sont de plus en plus nombreuses.
La carte publiée par le réseau national de surveillance aérobiologique (RNSA) est sans appel. Neuf départements français y apparaissent en risque élevé aux allergies, huit dans le sud du pays et le Bas-Rhin.
Ce sont les cyprès qui sévissent dans les zones septentrionales. Chez nous, ce sont les noisetiers et les aulnes qui sont en pleine floraison. "On n'est pas plus tôt que d'habitude, précise Samuel Monnier, ingénieur et responsable de la communication pour le RNSA.
L'an dernier par exemple, les premiers pollens de noisetier sont apparus dès fin décembre. Cette année, étant donné qu'il y a eu une période de froid en janvier, la floraison s'est faite plus tard, et plutôt dans les normes."
C'est tout de même toujours une mauvaise nouvelle pour les allergiques qui sont de plus en plus nombreux, la faute sans doute de nos modes de vie. Un quart à un tiers environ de la population française est concerné, ce sera sans doute la moitié à l'horizon 2050.
Sans compter le fait que la quantité de pollens mesurée dans l'air augmente. "Nous le constatons sur tous nos capteurs, précise Samuel Monnier. Par exemple, depuis 30 ans que le réseau a été créé, la quantité de pollens de bouleau a augmenté de 20%."
Deux fois plus de pollens à Strasbourg qu'à Brest
Le réchauffement climatique est évidemment en cause, réchauffement qui fait également migrer des espèces. "Le chêne vert, le cyprès, le thuya qui sont des espèces méditerranéennes, remontent vers le nord. Ainsi le cyprès est déjà très présent en Alsace même si pour l'instant, il ne présente pas de risques pour les allergiques. En effet, c'est une exposition prolongée aux pollens qui provoque l'allergie et cet arbre est arrivé trop récemment".
Reste une interrogation qui nous titille. Pourquoi l'Est de la France, et plus particulièrement l'Alsace sont-ils touchés par les pollens plus qu'ailleurs ? "C'est une bonne question, répond Samuel Monnier, amusé. C'est vrai que la quantité de pollens est deux fois plus importante à Strasbourg qu'à Brest. Peut-être que l'humidité bretonne chasse les pollens".
Que faire quand on est allergique?
En tout cas, pas de recettes miracles pour les allergiques mais quelques recommandations. "De la médecine de bon sens d'abord, préconise Christophe Marcot, pneumo allergologue à Strasbourg. Il s'agit d'éviter les allergènes autant qu'on peut. Par exemple si on veut s'adonner à une activité physique, mieux vaut privilégier le matin très tôt ou le soir."
Et il y en a beaucoup d'autres : aérer sa maison avant et après le lever et le coucher du soleil, se rincer les cheveux sous la douche le soir pour éviter que les pollens ne viennent vous chatouiller la nuit, ou encore fermer les vitres de sa voiture.
Évidemment, il s'agit aussi de consulter. "Il existe des traitements médicaux comme les antihistaminiques, précise Christophe Marcot. Il est également possible de proposer une désensibilisation qui va permettre d'enlever complètement les symptômes. Attention, les propositions médicales ne seront pas les mêmes pour tous les patients, c'est pour cela qu'il est important de consulter et même de réaliser un bilan allergique".
On peut penser que le nez qui coule et les yeux qui piquent, ce n'est finalement pas bien grave. C'est une erreur. D'abord parce que se traîner une rhinoconjonctivite pendant des semaines, ce n'est vraiment pas marrant et que les symptômes peuvent aller jusqu'à de l'asthme et des gros problèmes respiratoires.
"J'ai certains patients qui témoignent d'une qualité de vie dégradée et qui redoutent les périodes de floraison", confirme Christophe Marcot. Hélas, elles ne font que commencer.