Le nombre d'oiseaux et de mammifères blessés recueillis en 2023 atteint des proportions encore jamais vues au centre de soins alsacien de la LPO à Rosenwiller, dans le Bas-Rhin. Pour pouvoir faire face à cet afflux important, l'association lance un appel aux dons.
À l'heure du bilan, ce 30 novembre 2023, le constat est affligeant et sans appel. Avec 5068 animaux recueillis cette année, la LPO Alsace enregistre un taux record depuis la création de son centre en 2010, à Rosenwiller (Bas-Rhin). Canicule, grippe aviaire, infrastructures et activités délétères pour la faune sauvage, n'auront épargné ni les oiseaux, ni les mammifères ni même les petits reptiles.
"On recueille de plus en plus d'animaux en détresse, déplore Cathy Zell, chargée de mission à la LPO Alsace. 2021 était déjà une année record. En 2022, on a eu une légère baisse mais cette année on a dépassé tous les chiffres enregistrés. C'est du jamais vu".
Une faune sauvage malmenée
Les animaux proviennent de toute l'Alsace. Du Bas-Rhin, où ils sont amenés directement au centre de soins de Rosenwiller mais aussi du Haut-Rhin, depuis le centre relais de Hunawihr. Ici, les animaux déposés sont mis en observation le temps de les diagnostiquer. S'ils peuvent être transportés, ils sont transférés à Rosenwiller, une cinquantaine de kilomètres plus au nord, pour y être soignés.
En tête des animaux victimes, on trouve, depuis plusieurs années, les hérissons. Ils sont 1040 à avoir été recueillis en 2023. Une conjonction de facteurs met l'espèce en danger : mort prématurée des parents laissant des bébés orphelins, bactéries causant une surinfection des plaies, blessures par les tondeuses, pièges des grillages, noyades dans les piscines, etc.
Puis viennent les cigognes, dont beaucoup de jeunes tombés du nid. Les rapaces, ensuite, meurtris par des collisions contre des voitures, les hirondelles et martinets, suffocant sous les toits brûlants des maisons, les chauves-souris délogées par des ravalements de façades. Sans oublier les espèces rares : hiboux grand-duc, bondrée apivore, coucou gris, faucon hobereau, martinet à ventre blanc, guêpier d’Europe, marmotte et bec-croisé des sapins.
"Les plus exigeants à soigner sont les bébés. On les garde pendant toute la période de leur émancipation. On les a donc plus longtemps que les adultes, ce qui mobilise beaucoup plus de personnels", fait remarquer Cathy Zell.
Un budget de fonctionnement en forte hausse
La période estivale est toujours très chargée. Beaucoup d'animaux arrivent en même temps au centre, jusqu'à une centaine par jour. "C'est spectaculaire et même impressionnant, on a du mal à suivre et après ça se calme un peu". Pour autant la période hivernale n'est pas un temps mort. Il faut se préparer à la saison prochaine : ranger, nettoyer, entretenir les volières et les boxes ou tailler les haies.
Tout cela a un coût. Et quand l'activité augmente, les dépenses aussi : en nourriture, en pansements, en personnel, en carburant et en énergie. "Tous les frais augmentent. On est parfois obligé de faire deux allers-retours à Hunawihr pour transporter des animaux ou de dépenser plus en lampes chauffantes par exemple". La LPO Alsace fait travailler jusqu'à 60 personnes à tour de rôle en période de pic.
Six soigneurs à temps plein, trois ou quatre services civiques, des écovolontaires logés sur place, des stagiaires et des bénévoles assurent le fonctionnement du centre ouvert seize heures par jour, toute l'année sans interruption.
Pour compléter ses fonds propres et subvenir à ses besoins financiers grandissants, la LPO lance un appel aux dons. Chacun peut contribuer au bon fonctionnement du centre, soit matériellement, soit en alimentant une cagnotte en ligne accessible depuis la page d'accueil du site internet de l'association.