Déconfinement - Sélestat : la Revue scoute reprend du service en juillet pour quatre représentations exceptionnelles

Le 13 mars, tout s'est arrêté. Pour elle aussi. La Revue scoute. Coupée brutalement dans son irrévérencieux éclat de rire. La troupe pensait alors avoir enterré son cru 2020 après deux mois de représentations. Les Tanzmatten à Sélestat ne leur propose ni plus ni moins qu'une résurrection. 

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On le sait, le monde de la culture a été particulièrement touché par la crise du Covid19. Le spectacle n'a plus eu de vivant que le nom. Et pendant trois mois, le rire s’est tu. Par obligation sanitaire. Par décence aussi peut-être. Pour tous ceux qui font vivre la culture, qui l’incarne, l’été s'annonce tout aussi compliqué. Bon nombre de festivals et de programmateurs ont d’ores et déjà annulé leurs dates. Et les artistes, eux, regardent, ce triste spectacle. 

La Revue scoute aurait pu, elle aussi, rester au placard et dire adieu, définitivement à sa dernière création. Après trois mois de représentations seulement. C’était sans compter sur un homme fou ou courageux. Jean Paul Humbert, directeur des Tanzmatten, qui leur a proposé quatre dates, du 9 au 12 juillet.  

 

Un printemps à l’arrêt 

Pour la Revue scoute, le coup d’arrêt a été donné le 13 mars. Denis Germain, un des membres fondateurs de la troupe satirique se souvient : “On nous a dit, le jeudi soir, après le spectacle, bon ben voilà, c’était le dernier, après c’est fini … jusqu’à nouvel ordre.” Un nouvel ordre qui aura duré longtemps. Plus de trois mois. Privant la troupe de ses représentations et de sa traditionnelle tournée. “C’est simple pour une revue, on compte à peu près 80 dates. 40 à Schiltigheim et 40 en tournée dans les villes alsaciennes. Là du 14 janvier au 12 mars, on en a fait moins de la moitié” explique Elodie Lombardo, chargée de production. 

Le manque à gagner s’élève environ à 150.000 euros. “La revue c’est cinq mois de représentations c’est tout. Là sur ces cinq mois nous en avons eu … deux. Au départ, nous avons proposé des reports qui se sont vite transformés en annulations devant les incertitudes grandissantes. Beaucoup de salles ont clôturé leur saison le 13 mars. Les dates étaient quasiment complètes. Il a fallu tout rembourser ou proposer des reports de billets pour la prochaine saison. C’est clair que notre métier c’est de réunir les gens. Là on ne pouvait tout simplement plus.” 

Mais la Revue s’en sortira. “Vous savez on existe depuis 30 ans, on se battra, on trouvera des choses. On a déjà trouvé quatre dates pour cet été, alors … ”, poursuit la jeune femme.   

 

Revue et corrigée 

La Revue scoute sera donc, cet été, la seule troupe alsacienne à remonter sur scène. Toutes les autres tournées ont été annulées. Pour Jean-Paul Humbert, directeur des Tanzmatten à Sélestat, c’en est presque une question de principes. “J’ai annulé les 17 spectacles programmés aux Tanzmatten. Tous sauf la Revue scoute. Une revue c’est saisonnier donc si elle ne vit pas sur scène, même pas un peu cet été, elle est morte. Et puis je vous avoue j’aime les défis, je suis un battant. J’avais des possibilités techniques, le maire de Sélestat était ok. Donc on y va. Voilà.” 

Une revue c’est saisonnier donc si elle ne vit pas sur scène, même pas un peu cet été, elle est morte.

Jean-Paul Humbert, directeur des Tanzmatten

S’il aime les défis, Jean-Paul Humbert aime moins les incertitudes. “Nous, monde de la culture, on reste sur le bord de la route. Tout le monde reprend à peu près une vie normale et nous ben on sait pas. On attend.  Peut-être que d’ici juillet ça aura encore évolué mais on va dire qu’on va partir comme ça et on verra bien ce que ça donne.” 

Comme ça : c’est une salle au 2/3 remplie. 300 personnes pour 440 places avec la distanciation qu’on connaît. Port du masque obligatoire. Gel hydroalcoolique à l’entrée de la salle. La revue intitulée “L’écolo chie que dans les prés” elle-même sera revue et .. corrigée.  “Pas dans son intégralité mais disons 4 ou 5 sketchs pour coller au plus près de l’actualité. On ne peut pas faire comme si rien ne s’était passé. On ne peut pas passer à côté du Covid19 ou des municipales” confie Denis Germain. 

 

Que le rire demeure 

Comment rire après le Covid19 ? Comment en rire ? Denis Germain le sait, lui, le spécialiste de la satire. Qui fait mal. Qui fait du bien. “Nous on voit cela par le prisme de l’anecdote. Prenez le docteur Raoult, lui, c’est un personnage de cabaret en soi. Il faut continuer à rire. De tout.”  Oui rions. Sans entraves. Des grands drames comme des petitesses politiques. “On va travailler un sketch sur Vetter et Fontanel. Ce couple c’est du pain béni pour nous. S’ils n’avaient pas existé, il aurait fallu les inventer.” 

Oui rions. Même derrière nos masques. Même un peu étouffés. “On ne verra pas les gens rire mais on les entendra. Y aura plein de petits carrés blancs dans la salle. Ça fait longtemps tiens, qu’on n'en avait pas vu des petits carrés blancs... mais qu’est-ce qu’on sera heureux ! “  

Qu’est-ce qu’on sera heureux !

Denis Germain

Oui rions. Collectivement. Mieux à l’unisson. “Je crois que maintenant on a besoin de légèreté. Peut-être pas de tirer un trait sur ce qui s’est passé mais de passer à autre chose.“ conclue Denis Germain.   

Pour son premier jour d’ouverture, lundi 15 juin, la billetterie a été prise d’assaut. Autant que le permet la distanciation sociale. “C’était noir de monde, je pense qu’il y avait une bonne centaine de personnes sans compter les réservations par mail ou téléphone ” Voilà Jean-Paul Humbert un peu rassuré. “C’est le jour J que je saurai si j’ai fait vraiment une grosse connerie ou pas mais disons que c’est en bonne voie.” 

Il se pourrait même que deux dates supplémentaires soient proposées en juillet. Peut-être le 13 et 14. Pour un feu d’artifesses digne de ce nom. 

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