Alors que le Premier ministre a déclaré n'avoir "jamais été convaincu" par la création des grandes régions, l'ancien président de la République François Hollande, à l'origine de la réforme territoriale, lui a répondu depuis Strasbourg. Il dénonce une déclaration "à l'emporte-pièce".
"Si Monsieur le Premier ministre Castex pense que ce n’est pas une bonne idée, il n’est pas trop tard pour qu’il dépose un projet de loi et change l'organisation des régions". Voilà ce qui s'appelle tacler son adversaire. François Hollande, de passage à Strasbourg le mardi 26 janvier pour visiter une association de réinsertion pour demandeurs d'emploi, n'a pas mâché ses mots pour commenter les récentes déclarations de Jean Castex. Lors d'une rencontre à Colmar avec les élus de la toute nouvelle collectivité européenne d'Alsace (CEA), ce dernier avait fait part de ses réserves concernant la réforme territoriale, disant "n'avoir jamais été convaincu par la création de ces immenses régions" (voir notre article du 23 janvier).
"On ne peut pas faire une déclaration à l’emporte-pièce pour satisfaire une partie du public et ne pas être conséquent, renchérit François Hollande, invitant le Premier ministre à "s'avancer davantage s'il pense que [cette réforme] n'est pas une bonne solution. Il reste encore quelques semaines avant les élections régionales" ironise l'instigateur de cette loi qui a semé la discorde.
Une loi que l'ancien président de la République ne renie en rien. "Je revendique la création de ces grandes régions qui donnent plus de puissance à ces collectivités, plus de capacités d’investissement, plus de moyens pour agir et changer le cadre de vie de la population, se justifie-t-il. "Je sais que pour l'Alsace ça a été une interrogation : est-ce que l’identité alsacienne allait pouvoir être préservée ? Je trouve que la solution de la collectivité unique [la CEA] est une réponse qui permet à l'Alsace d’être elle-même dans une grande région avec Strasbourg comme capitale."
Un démembrement ça fait mal, ça coupe
François Hollande a également répondu à la volonté exprimée par le président de la CEA, Frédéric Bierry, d'un "démembrement du Grand Est" (voir notre article du 25 janvier). " Je ne pense pas que ce soit un progrès. Démembrer, ça fait mal, ça coupe" commente-t-il en continuant de défendre sa réforme territoriale.
Le chapitre est clos. Officiellement du moins. Ce mardi 26 janvier, suite à une demande de clarification de Sylvain Waserman, député Modem du Bas-Rhin et conseiller régional membre de la majorité, lors de la séance des questions au gouvernement à l’Assemblée nationale, le couperet est tombé. Jean Castex par l'intermédiaire de Jacqueline Gourault, ministre des Collectivités territoriales, a répondu fermement, coupant court à cet élan spéculatif : « Très concrètement, il n’y aura pas de remise en cause des périmètres actuels des régions, comme le Premier ministre l’a dit lui-même samedi matin en Alsace. Pas de big bang territorial a-t-il dit ».
.@SylvainWaserman (Dem) demande au Premier ministre de préciser ses propos "contre les grandes régions", tenus le 23 janvier à Colmar, "afin d'éviter qu'ils ne soient instrumentalisés ou mal interprétés". #DirectAN #QAG pic.twitter.com/itGXbALKCM
— Assemblée nationale (@AssembleeNat) January 26, 2021