Le premier ministre Jean Castex est arrivé ce matin, samedi 23 janvier, à Colmar au siège de la CEA (Collectivité européenne d'Alsace). Il y a tenu un discours pour le moins encourageant pour la toute nouvelle entité politique en se disant favorable à son élargissement.
Jean Castex est arrivé au siège de la CEA, Collectivité européenne d’Alsace, ce samedi 23 janvier vers 9H30. Sur le parvis, plusieurs élus alsaciens, dont Jean Rottner, président de la Région Grand Est, le maire de Colmar Eric Straumann, Michèle Lutz, maire de Mulhouse et bien entendu Frédéric Bierry, président de la CEA.
"Bienvenue dans cette collectivité ardemment désirée"
Une fois à l'intérieur, c'est Frédéric Bierry qui a pris, le premier, la parole : "Bienvenue en Alsace, bienvenue dans l'assemblée de la toute nouvelle Collectivité européenne d'Alsace, une CEA ardemment désirée et attendue par les Alsaciens qui constitue une réponse forte de l'Etat pour redonner à l'Alsace une expression institutionnelle d'une nature nouvelle."
Avant de poursuivre : "Notre ambition est d'honorer le contrat tacite de proximité passé avec les Alsaciens. Nous considérons que le périmètre actuel de nos compétences ne suffit pas à répondre aux impératifs que nous constatons sur le terrain en raison de la crise sanitaire.
Le périmètre actuel de nos compétences ne suffit pas à répondre aux impératifs que nous constatons sur le terrain en raison de la crise sanitaire
"Les Alsaciens attendent de la CEA qu'elle ait un rôle concret en matière de santé publique. Nous sommes sur ce sujet précis comme sur bien d'autres, le baromètre des attentes des Alsaciens." Et d'aller plus loin. "Hier la pénurie de masques, aujourd'hui l'organisation des campagnes de vaccination ont un même point commun : le sentiment d'un vrai manque de réactivité. Alsaciens et élus nous ne pouvons pas nous en satisfaire."
Hier la pénurie de masques, aujourd'hui l'organisation des campagnes de vaccination ont un même point commun : le sentiment d'un vrai manque de réactivité. Alsaciens et élus nous ne pouvons pas nous en satisfaire
"C'est pourquoi nous avons mis nos moyens et notre organisation pour accompagner cette campagne de l'Etat. Nous pourrions encore aller plus loin si l'ARS, agence régionale de santé, nous en laissait la latitude et nous laissait l'action de proximité comme nous l'avons fait pour les masques et le gel. Nous en avons la force de frappe nécessaire. Concrètement, nous consacrons déjà 750 millions d'euros par an à la santé et au médicosocial, nous avons également 300 agents en compétence. Voilà pourquoi la CEA est prête à être le laboratoire d'une nouvelle organisation de santé de proximité qui agit vite et bien jusqu'au coeur des territoires, jusqu'au dernier kilomètre."
L'absence depuis près d'un an des sessions parlementaires est irrespectueuse de la place de la France en Europe et exige une réaction forte de l'Etat.
Le président de la CEA a terminé son discours en abordant la question du siège strasbourgeois du parlement européen. "Nous sommes ici sur une terre d'Europe par excellence. Ce n'est pas une affaire de prestige mais un symbole pour notre pays, celui d'être le siège de la démocratie européenne. L'absence depuis près d'un an des sessions parlementaires est irrespectueuse de la place de la France en Europe et exige une réaction forte de l'Etat."
Il a également abordé le dossier Stocamine en demandant que "l’État ne se défausse pas de ses responsabilités en refusant d'assurer le déstockage des déchets, nous ne pouvons l'accepter en notre âme et conscience ". La CEA se dit prête à assurer la maîtrise d'ouvrage des travaux de déstockage "au nom d'une nouvelle subsidiarité environnementale. Vous pouvez compter sur les conseillères et conseillers d'Alsace pour relever de nouveaux défis aux côtés de l'Etat."
"Le respect des territoires"
Jean Castex a bien compris le message, lui qui prend désormais la parole derrière le pupitre se disant "particulièrement heureux d'être ici, partout en France mais particulièrement ici en Alsace, dans ce bel hémicycle. C'est un moment important pour tous les Alsaciens, une forme de renaissance de l'Alsace en tant qu'entité politique au sein des institutions de la République."
C'est un moment important pour tous les Alsaciens, une forme de renaissance de l'Alsace en tant qu'entité politique au sein des institutions de la république
"Les annulations successives de plusieurs sessions parlementaires à Strasbourg ont suscité des doutes et de l'incompréhension. L'affirmation et la consolidation du statut de capitale européenne de Strasbourg est un symbole de la réconciliation européenne et un enjeu d'intérêt national. Nous ne céderons rien."
L'affirmation et la consolidation du statut de capitale européenne de Strasbourg est un symbole de la réconciliation européenne et un enjeu d'intérêt national. Nous ne céderons rien.
"Le président de la République qui porte lui-même ce combat viendra prochainement et pour la deuxième fois signer le contrat triennal pour marquer l'engagement au plus haut niveau de l'Etat dans ce combat."
Sur Stocamine, les conseillers de l'Alsace n'auront aucune réponse. Ni même la quarantaine de manifestants écologistes rassemblés à Colmar et bloqués au bout de la rue.
A la CEA par contre, Jean Castex, réitère son soutien. Et mieux son adhésion. "Les entitités locales, c'est ce qui perdure, nous devons les respecter, nous ne pouvons les rayer d'un trait de plume. Ces identités se nourrissent de nos paysages, de références partagées, d'accents. C'est ce mélange qui fait la diversité de notre pays. L'Alsace j'ai eu la chance d'y vivre plusieurs années il y a maintenant 20 ans, je sais, je connais."
EN DIRECT | Intervention de @JeanCastex devant les élus de la collectivité européenne d’Alsace. https://t.co/bWz7jfqsBB
— Gouvernement (@gouvernementFR) January 23, 2021
"La réforme de 2015 a fort légitimement été très mal vécue ici. Je vais vous faire une confidence, puisqu'on est entre nous : je n'ai jamais été convaincu par ces immenses régions, dont certaines ne correspondent à aucune légitimité historique et surtout ne me paraissent pas répondre aux besoins grandissants de nos concitoyens pour une action publique de proximité."
Je n'ai jamais été convaincu par ces grandes régions, dont certaines ne correspondent à aucune légitimité historique et ne me paraissent pas répondre aux besoins grandissants de nos concitoyens d'actions de proximité
"La création de la CEA est tout à la fois un aboutissement et un commencement. L’enjeu désormais, c’est d’installer cet ensemble dans le quotidien de votre territoire, dans le coeur de vos concitoyens, d’en démontrer la plus-value. Pour cela, de nouveaux champs d’action s’ouvrent à vous, grâces aux compétences nouvelles dont vous êtes dotés et qui répondent aux spécificités locales ."
Je suis favorable à ce que nous allions plus loin et que nous élargissions, fusse dans un cadre expérimental, les compétences de la CEA.
"Vous êtes une terre frontalière, vous avez désormais un rôle de chef de file et de pilote dans la coopération transfrontalière. La crise sanitaire nous a permis de mesuser la solidité de ces liens. Il faudra aller plus loin pour tendre vers un espace encore plus intégré ce que permettra sans doute la renaissance de lignes ferroviaires comme Colmar-Fribourg ou Haguenau-Rastatt."
Il faudra aller plus loin pour tendre vers un espace encore plus intégré ce que permettra la renaissance de lignes ferroviaires comme Colmar-Fribourg ou Haguenau-Rastatt
"Je suis favorable à ce que nous allions plus loin et que nous élargissions, fusse dans un cadre expérimental, les compétences de la CEA, dans le cadre d’un dialogue riche et approfondi avec l’ensemble des parties prenantes."
Strasbourg, ville pilote d'un "assouplissement"des mesures sanitaires pour la culture ?
Jean Castex a poursuivi sa visite en Alsace à Strasbourg où il a rencontré vers midi Jeanne Barseghian lors d'un entretien privé.
Voici un extrait du communiqué de presse de la maire de Strasbourg. "Nous avons pu évoquer la situation sanitaire de notre territoire, notamment l’approvisionnement des centres de vaccination (...) J’ai demandé au Premier Ministre que des publics ciblés (élèves, étudiants, populations fragilisées sur le plan social ou psychologique) puissent de nouveau accéder à un certain nombre d’activités culturelles. Strasbourg est donc volontaire pour expérimenter, en responsabilité et avec les acteurs de la culture, l’ouverture d’activités culturelles pour ces publics spécifiques.
Nous avons enfin évoqué les enjeux du contrat triennal pour la période 2021-2023, qui vise à conforter le statut européen de Strasbourg. À ce titre, l’aéroport de Strasbourg-Entzheim doit pouvoir enfin bénéficier d’un régime fiscal dérogatoire, en tant qu’aéroport d’intérêt diplomatique dans une zone transfrontalière.
Alors que les négociations du contrat triennal arrivent à leur terme, j’ai remis au premier ministre la copie d’un courrier que j’ai adressé à Emmanuel Macron. Je souhaite que le président de la République puisse venir, dès les prochains semaines, dans notre ville pour signer ce nouveau contrat triennal, symbole de l’engagement de l’État et des collectivités territoriales en faveur de la capitale européenne"
Communiqué de presse Ville de Strasbourg suite à la visite de Jean Castex
Etudiants en difficultés : des remerciements mais pas d'annonce
Jean Castex s'est ensuite rendu à l'Agoraé et y a visité l'épicerie sociale mise en place par l'Afges (Association fédérative générale des étudiants de Strasbourg) pour venir en aide aux étudiants précarisés par la crise sanitaire.
Le Premier ministre, les ministres de l'Enseignement supérieur et chargée de l'Insertion ont dans la foulée accompagné le président de l’université de Strasbourg Michel Deneken à une table ronde pour un temps d'échanges avec neuf étudiants. Les thèmes abordés : la précarité numérique, la précarité alimentaire et la détresse psychologique des étudiants.
Léa Santerre, pdte de l'Afges, sort de cette entrevue un peu déçue. "Beaucoup de remerciements mais aucune annonce. Après celle du repas à un euro cette semaine, on ne s'attendait pas à grand-chose mais bon quand même. Ca ça fait des années qu'on le demande, c'est bien c'est sûr mais vue la situation actuelle, c'est insuffisant. On aurait aimé une aide aux loyers par exemple. Un réel problème en ce moment."
La FAGE ( Fédération des associations générales de France) appelle par ailleurs les étudiants à se mobiliser le 26 janvier prochain. L'Afges sera de la partie. Une table ronde n'y aura rien changé.
Est-ce que vous avez envie que la situation dure ⁉️
— FAGE (@La_FAGE) January 21, 2021
Face au manque de considération, la #FAGE appelle l’intégralité des étudiant·e·s à se mobiliser le 26 janvier 2021 pour demander la réouverture des #universités ?#PerilEtudiant #etudiantsfantomes pic.twitter.com/aWZP7Ozjj5