Amiante au Parlement européen : première journée du procès à Strasbourg

Le tribunal correctionnel de Strasbourg a commencé mercredi à juger les responsables présumés d'une pollution à l'amiante survenue en 2013 lors d'un chantier dans les locaux du Parlement européen, un incident qui a exposé plus de 300 personnes à un risque potentiel de cancer.

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Sur les bancs des prévenus se trouvent une architecte d'intérieur, maître d'oeuvre des travaux, une entreprise de plâtrerie et un bureau spécialisé dans la coordination de sécurité. Ils sont poursuivis pour "mise en danger de la vie d'autrui", du fait d'une "violation manifestement délibérée d'une obligation de sécurité ou de prudence".

Le tribunal correctionnel de Strasbourg a commencé mercredi à juger les responsables présumés d'une pollution à l'amiante survenue en 2013 lors d'un chantier dans les locaux du Parlement européen, un incident qui a exposé plus de 300 personnes à un risque potentiel de cancer. ©France 3 Alsace

A l'origine de ce procès, un chantier destiné à aménager de nouveaux bureaux dans le bâtiment Winston Churchill, le plus ancien du Parlement européen de Strasbourg - construit dans les années 1970, lorsque l'amiante était couramment utilisée comme matériau ignifuge et isolant. En février 2013 -hors session plénière, donc dans un bâtiment relativement peu occupé-, des ouvriers d'une entreprise de plâtrerie avaient démonté le coffrage de poteaux porteurs métalliques et déposé les matériaux sans prendre de précautions particulières, avant de se rendre compte que ces plaques contenaient peut-être de l'amiante, une hypothèse confirmée au bout de quinze jours par des analyses.

Plus de 330 personnes, ayant fréquenté la zone du chantier au mauvais moment, se sont portées parties civiles. Elles doivent désormais vivre avec l'angoisse d'être atteintes d'un cancer d'ici à 20 ou 30 ans, du fait de cette brève exposition, a dit Me Luc Dörr, qui représente plusieurs d'entre elles. Le Parlement européen s'est également porté partie civile, notamment pour être indemnisé des frais de dépollution qu'il a dû engager, selon son avocat, Me Jean-Paul Teissonnière.

L'institution affirme qu'elle avait fourni aux entreprises intervenant sur le chantier toutes les informations nécessaires, et notamment un document attestant que les poteaux litigieux, bien que n'ayant pas été analysés en détail, étaient susceptibles de contenir de l'amiante. "Ce qui inacceptable, c'est que les panneaux (autour des poteaux, NDLR) ont été enlevés alors même que l'ambiguïté n'avait pas été levée sur la nature des matériaux. Personne ne s'en est soucié", a déploré Me Dörr en marge de l'audience.

L'une des trois prévenus, l'architecte d'intérieur qui assurait la maîtrise d'ouvrage, a d'ailleurs reconnu mercredi, lors d'une première journée d'audience aux débats très techniques, que la question d'une éventuelle présence d'amiante ne lui avait "pas effleuré l'esprit". Pressée de questions par le représentant du parquet, l'architecte s'est défendue en affirmant que cette question ne relevait pas de ses compétences. Les réquisitions du parquet et les plaidoiries de la défense sont attendues vendredi. Après quoi, le tribunal devrait vraisembablement mettre sa décision en délibéré à une date ultérieure.

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