Plus de deux millions de visiteurs, 250 millions d'euros de retombées économiques. Voilà les chiffres du marché de Noël de Strasbourg. L'annonce de son annulation a glacé d'effroi les commerçants, artisans, forains, hôteliers déjà mis à mal par l'épidémie.
Les forains sont sans doute ceux qui ont réagi le plus vivement. "Vous nous tuez!" s'est exclamée une foraine en s'adressant à Jeanne Barseghian au moment où la maire de Strasbourg donnait une conférence de presse ce jeudi 22 octobre pour annoncer que le marché de Noël aurait bien lieu mais sans chalets, une annulation déguisée. Très vite, ils se sont rassemblés et ont le forcing pour obtenir une entrevue avec la mairie, un forcing payant. La nouvelle est tombée en déburt d'après-midi, ils seront reçus le vendredi 23 octobre par la préfecture et à nouveau lundi 26 par la préfecture et l'Agence régionale de santé.
Le marché de Noël dont Strasbourg aurait dû accueillir la 450e édition cette année, c'est 300 chalets en bois répartis dans la ville, plus de deux millions de visiteurs et 250 millions d'euros de retombées économiques. Notamment pour les hôtels et les restaurants, déjà durement éprouvés par la crise sanitaire. "C'est la colère qui l'emporte, explique Pierre Siegel, le représentant des hôteliers strasbourgeois. C'est une décision unilatérale, prise sans concertation. Rendez-vous compte, un seul marché annulé en 450 ans et c'était en 1939/40! On voulait le maintien car il y aurait de toutes façons eu moins de monde, la distance physique se serait faite naturellement". Pierre Siegel reconnaît une perte de chiffre d'affaires de 70% depuis le début de l'année et demande des aides "dignes de ce nom" pour espérer garder ses 23 salariés.
Trouver des solutions collectivement
"Pas question de baisser les bras!", Mireille Oster, bien connue pour son pain d'épices, une figure du marché de Noël se dit "sereine, parce que finalement, ça fait six mois qu'on vit dans l'expectative, là au moins on est fixés. Maintenant, il va falloir trouver des solutions pour écouler la marchandise. Je ne vais pas laisser tomber pour des gens inconséquents qui mettent les autres dans l'embarras pour se protéger eux même". Pas la langue dans sa poche, Mireille Oster.
Même discours pour Michel Wagner, marqueteur à Illkirch, présent sur le marché de Noël depuis 1998 et responsable du Specs (syndicat professoinnel des exposants du Christkindelsmärik de Strasbourg). "Ce qui est important, c'est de rebondir, explique-t-il. Il ne faut pas tomber dans la sinistrose. La solution existe collectivement, on réfléchit à des plans B".
Alors même que le monde économique strasbourgeois est suspendu aux annonces qui doivent être faites par le Premier ministre Jean Castex en fin d'après-midi.