Parmi la centaine d'ateliers individuels ouverts ces 20 et 21 mai, celui d'Hervé Le Bis, installé au Parc Gruber à Koenigshoffen. "J'ai participé à presque toutes les journées portes ouvertes, depuis qu'elles ont été créées."
Chaque année, les journées portes ouvertes d'ateliers permettent au public et aux artistes de se rencontrer. Certaines fois, ce sont des visites éclair, d'autres fois, elles se prolongent et les discussions s'engagent.
Parmi les artistes qui rangent leur ateliers et placards pour accueillir des inconnus dans leur antre, Hervé Le Bis, installé au Parc Gruber à Koenigshoffen. "La semaine dernière, j'ai eu la visite d'une vingtaine de personnes le samedi et une cinquantaine le dimanche. Avec un monsieur âgé de quatre-vingt ans, on a discuté vraiment longtemps."
C'est là tout le secret de ces ateliers ouverts : la rencontre et l'échange entre ceux qui créent les oeuvres et ceux qui les aiment, les admirent, les achètent.
"Chez moi, les questions tournent autour des taureaux. Ils sont souvent intrigués par les taureaux que je peins. Alors je leur explique que juste à côté de l'atelier, à la place de l'église chrétienne, se trouvait du temps de l'occupation romaine, un temple dédié au dieu Mithra, pour lequel on sacrifiait des taureaux."
D'abord ses taureaux ("pas ceux des corridas, seulement ceux qui sont libres" précise le peintre) étaient seuls dans l'oeuvre, puis ils sont devenus un partie du tableau, inclus dans la scène, avec des personnages autour.
La dernière toile que les visiteurs verront sur son chevalet est aussi consacrée à des animaux, mais cette fois ce sont des éléphants, des crocodiles et des lions, d'autres animaux qu'ils aiment, même si "les peindre représente un vrai défi pour moi."
Une visibilité indispensable
Pour ce peintre, qui peint depuis une quarantaine d'années, les ateliers ouverts donnent une visibilité à son travail qui se fait dans le secret et la solitude, et c'est un moment que les gens intéressés par la peinture attendent. "Les spectateurs disent que mes toiles paraissent habitées, moi je cherche simplement à créer une ambiance, en suivant mes impressions."
"Même si mes sujets varient, on sait que ça vient de moi, ceux qui connaissent mon travail le disent."
Hervé Le Bis, peintre
Hervé est né et a vécu à Paris, mais dans les années quatre-vingts il a eu envie de prendre le large, de vivre autrement que dans le rythme parisien. "J'ai commencé à peindre en arrivant en Alsace, en autodidacte, mais au bout de trois ans j'ai pris des cours du soir, puis en journée, à l'école des Arts décoratifs (devenue aujourd'hui Haute Ecole des Arts du Rhin). "Là, un prof m'a appris à voir les couleurs, au-delà de la narration. J'ai été fasciné par la couleur. Je suis resté accroché."
Au bout de quatre ans, ce même professeur lui a dit "vous n'avez plus besoin d'être guidé", alors le jeune peintre est parti en voyage en Martinique pour plusieurs semaines. Un déclic. "Ça a changé ma vision de la peinture, avec les couleurs et la luxuriance de la végétation, les ciels, la mer. Je suis entré dans la veine expressionniste et fauviste, avec des tableaux très colorés, comme le faisaient Paul Gaugin et André Derain.
Hervé Le Bis a exposé seul ou collectivement dans de très nombreuses galeries en France, mais aussi en Allemagne et en Suisse. Depuis 2017, il a été sélectionné chaque année, par un jury de 22 juges, pour présenter un tableau au Salon d'automne à Paris.
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"J'espère que l'initiative des ateliers ouverts va continuer, car elle nous donnent une visibilité et crée des échanges. Bien sûr, on espère toujours qu'en plus des simples amateurs, des galeristes et des collectionneurs passent également." Et si tous ces visiteurs viennent avec leur carnet de chèques, ce n'est pas de refus non plus pour les artistes. Ce nouveau rendez-vous des ateliers ouverts se déroule les samedi 20 et dimanche 21 mai, de 14h à 19h.