Monseigneur Luc Ravel, archevêque de Strasbourg, était l'invité du 12/13 de France 3 Alsace ce vendredi 30 octobre. Il fait le point sur la situation dans les églises après l'attaque à Nice et les annonces du gouvernement concernant le confinement.
Jeudi 29 octobre, trois personnes ont été sauvagement exécutées dans la basilique Notre-Dame à Nice. Le parquet antiterroriste a ouvert une enquête. Monseigneur Luc Ravel, archevêque de Strasbourg, était l'invité du JT de France 3 Alsace ce vendredi 30 octobre. Il fait le point sur la situation dans les églises.
Quelle a été votre réaction à l'annonce de ce drame ?
Mgr Ravel : Il y a des moments comme ça, on a l'impression qu'on est dans le rêve, ou le cauchemar en l'occurrence, et pas dans la réalité. Malheureusement, c'est la réalité mais je la vis vraiment comme un cauchemar. Nous avons eu les annonces du chef de l'État qui sont déjà terribles au niveau du confinement, et le lendemain, on a la poursuite de ce mouvement terroriste que je connais bien. Après 8 ans aux armées, moi je le vis, au niveau de mon coeur, vraiment comme une blessure très profonde alors qu'on a besoin justement en ce moment de se serrer les coudes et de faire descendre le climat d'anxiété. Au contraire, là on l'augmente en le superposant avec du terrorisme.
Vous sentez de la peur dans la communauté catholique ?
Oui bien entendu, et si j'ose dire cette peur, je souhaiterais d'ailleurs qu'on la contrôle mais que tout le monde la partage. Tout le monde aujourd hui est une cible possible et ceux qui se croient dans leur bulle parce qu'ils sont à la campagne se trompent complètement. Le père Hamel en 2016, il était au fond de sa petite paroisse au bord de la Seine, il s'est fait égorger.
Pour contrôler cette peur, des mesures vont être prises. Le gouvernement annonce le passage du plan Vigipirate au niveau urgence attentat. Est-ce que les 7000 militaires annoncés sont déjà présents devant nos églises, devant la cathédrale de Strasbourg par exemple ?
Alors précisément, on est en train de mettre en place ce dispositif. Le renfort est arrivé hier sur Strasbourg et j'ai une réunion ce vendredi particulièrement pour la cathédrale et pour les messes de la Toussaint dans toutes nos églises. Ce seront d'une certaine façon les dernières messes avant un confinement dont on ne sait pas très bien jusqu'où il va durer, je n'espère pas jusqu'à Noël.
Le confinement a démarré et les visites aux cimetières sont encore autorisées ce week-end puisque c'est le week-end de la Toussaint. Est-ce que vous pouvez nous dire ce qui sera autorisé ou non après le 1er novembre ?
C'est un vrai casse-tête pour nous. Il n'y a plus de célébration autorisée mais les églises resteront ouvertes. Il y aura les obsèques, 30 personnes maximum et les mariages, 6 personnes, donc ça ne fait pas beaucoup, Le Premier ministre l'a bien dit, de façon formelle, même s'il faudra aussi rajouter maintenant la sécurité terrorisme.
Il n'y aura plus évidemment de catéchisme. Il y aura bien sûr la possibilité de rencontre à travers le virtuel. Donc on va essayer de maintenir un lien et en particulier on va essayer au niveau de l'église d'Alsace de consolider au maximum ce qui est solidarité de proximité.
Cette solidarité de proximité, est-ce qu'elle peut passer par ce que vous avez fait au dernier confinement, à savoir des messes virtuelles via les réseaux ?
Il y aura des messes virtuelles, mais je compte surtout sur des liens personnels par téléphone ou par visite. Ce n'est pas interdit puisque le chef de l'État a dit qu'on pouvait aller visiter dans les EHPAD et maisons de retraite. Et puis peut-être par des présences dans nos églises qui seront peut-être les seuls lieux ouverts quand il va pleuvoir et quand il fera froid. Aujourd'hui, c'est la différence avec le premier confinement. Pour des gens qui vivent trop de promiscuité ou de proximité chez eux, ce sera peut-être le seul endroit où ils pourront respirer un peu.