La section cheerleading du Géant de Souffelweyersheim n'a pas dix ans mais a réussi l'exploit de se qualifier pour les championnats du monde de la discipline. Ils démarrent samedi, à Orlando, aux Etats-Unis, là où les cheerleaders sont reines. Les Alsaciennes s'apprêtent à vivre un rêve.
Nous les avons joints alors qu'elles venaient d'arriver à l'aéroport de Paris, quelques heures avant de décoller, ce mercredi 24 avril, pour Orlando, Etats-Unis. 17 femmes, 5 hommes, des athlètes très impatients de vivre cette aventure incroyable : aller défendre les couleurs noir, blanc et rouge du Géant de Souffelweyersheim au pays où le cheerleading est quasiment une religion.
A l'heure de disputer les premiers championnats du monde de l'histoire, récente, de cette équipe, l'un de ses entraîneurs, Anouche Mazet, a répondu à nos questions. Elle est du projet depuis les premiers pas de cette section cheerleading construite au sein du club de football américain, dans cette petite commune de 8000 habitants au nord de l'Eurométropole de Strasbourg, qui va essayer de bien figurer parmi les meilleures cheerleaders du monde.
Vous parlez de "rêve un peu fou" pour évoquer cette semaine américaine à venir. Pourquoi "fou"?
Il y a neuf ans, lorsque nous avons eu l'idée de créer cette équipe de cheerleading, à côté de l'équipe de football américain, nous étions à peine une dizaine de filles, qui avions juste envie de danser, de nous dépenser... On ne connaissait pas grand-chose de ce monde-là, la discipline commençait à peine à se développer en France. Une Américaine de passage en Alsace nous a aidés à lancer l'équipe, à se structurer petit à petit.Aujourd'hui, nous avons une centaine de licenciés, de 6 à 43 ans, huit équipes engagées dans des compétitions, plusieurs au niveau national. Notre équipe élite fait partie des toutes meilleures en France, championne de France de Niveau 3 (l'équivalent du 2e niveau français, ndlr). Nous avons été parmi les pionniers en France, et c'est une fierté d'être parmi les huit clubs français qui seront présents à ces championnats du monde, une compétition de prestige, où nous portons nos propres couleurs, et pas seulement celles de la France. Nous n'aurions jamais cru pouvoir arriver là aussi rapidement.
Des championnats du monde de cheerleading, ça se passe comment?
"Déjà, il faut imaginer qu'il va y avoir beaucoup, beaucoup de monde. Là-bas, le cheerleading est très populaire (il est apparu dans les universités américaines à la fin du XIXe siècle, pour soutenir les équipes de football américain. Il y a aujourd'hui des millions de pratiquants aux Etats-Unis. NDLR), le public sera là, nous aurons à affronter des équipes professionnelles d'un tout autre niveau.""Nous nous produirons une première fois samedi, lors de la demi-finale de notre catégorie. Nous aurons trois minutes pour jouer notre programme, une équipe après l'autre défile sur un immense praticable, comme en gymnastique, au milieu du public. Notre chorégraphie se joue sur une musique spécialement créée, un "cheermix", avec beaucoup d'effets sonores."
"Et nous commencerons par 30 secondes de "scandes", c'est là que nous crions et dansons pour nos couleurs, avec nos accessoires, nos pompons. Cette partie du programme est nouvelle, et ce sera un moment fort. C'est notre identité que nous porterons sur scène. Si tout se passe bien, et nous l'espérons, nous serons qualifiés pour la finale, qui a lieu le lendemain, dimanche 28 avril."
Quelles sont vos ambitions?
"Nous voulons surtout être capables de profiter de l'évènement, qui va être énorme. Certaines d'entre nous sont encore jeunes, elles n'ont encore jamais pris l'avion ! L'objectif, c'est déjà de ne pas nous laisser "déborder". Là-bas, le cheerleading est un vrai business, il y a beaucoup d'argent. Nous, nous sommes des bénévoles de petits clubs, des amateurs ; eux, ils payent jusqu'à 3000 dollars pour l'inscription de leurs enfants dans les équipes. La pression n'est évidemment pas la même, les ambitions non plus. On va sûrement en prendre plein les yeux.""Sportivement parlant, on est fier de notre programme cette saison. C'est un professionnel américain, Darius Carter, qui nous a aidés à le mettre en place. Nous avons beaucoup de portés, de sauts... et les incontournables passages au sol, qui sont un peu notre faiblesse, en France. Cette chorégraphie, nous la travaillons tout au long de la saison, et nous espérons qu'elle nous portera vers la finale.
"Ensuite, quand nous aurons vécu cette aventure, nous pourrons nous consacrer aux finales du championnat de France, notre vrai objectif sportif de la saison. Nous aimerions vraiment pouvoir remporter le championnat Elite, qui aura lieu le 1e juin, à Paris."