Si la FNSEA et les Jeunes Agriculteurs ont mis fin à leur mouvement de blocage après les annonces gouvernementales, la coordination rurale reste mobilisée. Une quarantaine d’exploitants venus d’Alsace et de Lorraine se sont rassemblés au pied du Parlement européen à Strasbourg pour demander des mesures à l’échelon de l’Europe.
Deux semaines après avoir manifesté à Bruxelles, c'est vers l'autre capitale européenne que se sont dirigés les tracteurs de la coordination rurale, ce mardi 6 février. Si elles ont apaisé la colère de la FNSEA et des Jeunes Agriculteurs (JA) et mis fin au bocage des routes, les mesures annoncées par le gouvernement n'ont en revanche pas suffi à la coordination rurale – qui en 2019 représentait 20 % des voix aux élections aux chambres d’agriculture.
"Le jeu se joue en Europe" clame l’un des militants venu depuis la Moselle à Strasbourg (Bas-Rhin). "Les États ont délégué beaucoup de choses à l’Union européenne en matière agricole. C’est pourquoi nous sommes aujourd’hui à Strasbourg : car nos revendications doivent être portées au niveau de l’Europe, et pas uniquement à l’Etat français", abonde Paul Fritsch, président de la coordination rurale dans le Bas-Rhin et le Grand Est.
Pour cette organisation, la politique agricole commune (PAC) est la mère de tous les maux. C’est d’ailleurs contre sa création en 1991 que le mouvement agricole avait été créé. "C’est inadmissible de se retrouver en concurrence entre agriculteurs européens, estime Paul Fritsch. On a l’impression d’être dans une arène de gladiateurs où chacun essaye de tuer l’autre pour survivre. À ce jeu-là, on va tous mourir."
On réclame une exception agriculturelle
Un producteur laitier
Les agriculteurs mobilisés veulent donc une même loi pour tous les producteurs de l’Union. Message porté à quelques députés européens qui les ont reçus dans la matinée. "On a demandé la mise en place de clauses miroir : pourquoi nous interdit-on des molécules qui seraient nocives pour la santé, alors qu’on importe des produits avec ces mêmes molécules interdites chez nous et qu’on donne quand même à manger aux consommateurs ?" rapporte le président régional du mouvement.
Arrivé de Lorraine, un éleveur laitier va plus loin. "Nous sommes à quelques semaines des élections européennes. C’est maintenant qu’il faut communiquer avec les élus européens. Parce que l’agriculture française n’est qu’une déclinaison de ce qui est décidé à Bruxelles." Et d’aller va plus loin dans ses revendications : "on réclame une exception agriculturelle : il faut sortir les produits agricoles des systèmes d’échanges internationaux régis par l’OMC."
Face à face de cortèges
À la mi-journée, les représentants de la coordination rurale ont vu arriver un autre cortège de tracteurs. Emmené celui-là par la confédération paysanne, venue au pied du Parlement européen pour protester contre le vote prévu dans la journée sur la réglementation de nouveaux OGM. Un thème qui fédère l’opposition des deux organisations agricoles. Pour autant, les cortèges ne se sont pas réunis.