Coronavirus : la filière de la pomme de terre n’a pas la frite, mais en Alsace, "on sauve les meubles"

Les conséquences de la crise du covid19 sont lourdes pour la filière de la pomme de terre, en difficulté pour écouler ses stocks face à la fermeture des restaurants, notamment. En Alsace, les producteurs dressent un bilan plus favorable. Voilà pourquoi. 

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"Elles nous restent sur les bras". Alors qu’au début de l’année, il s’était imaginé manquer de pommes de terre, incapable de répondre à la demande, voilà qu’aujourd’hui, Jacques Rohfritsch, peine à écouler son stock, un brin inquiet. Basé à Reitwiller dans le Bas-Rhin, ce producteur est l’un des rares en Alsace à rencontrer des difficultés pour vendre "ses patates" depuis que le coronavirus a cautérisé quelques-uns des débouchés essentiels de la filière.

"Les marchés sur lesquels on travaille sont restés fermé un moment, les restaurants qui nous en achètent habituellement aussi. Un seul de nos clients s’est mis à faire de la vente à emporter et continuait de nous en prendre mais les autres sont à l’arrêt", explique-t-il.

Résultat, 25% de sa production saisonnière, soit 100 tonnes, ne trouvera probablement pas preneur cette année, malgré une reprise d’activité partielle. "Depuis que les marchés reprennent, on arrive à en écouler de nouveau mais c’est timide. Les pommes de terre sont moins belles, elles ont germé, il fait chaud, les gens n’en ont plus envie, du coup on a du mal à les vendre", ajoute-t-il.
 

200 millions d'euros de pertes

En pleine crise sanitaire, la pomme de terre n’a donc pas la frite. Avec des marchés, restaurants, collectivités à l’arrêt, et une industrie au ralenti, la pomme de terre française déguste. "Dès que la restauration hors foyer, qui représente pour nous 70% de nos activités, s'est arrêtée, les ventes se sont effondrées", relate Christian Vanderheyden, président du Groupement interprofessionnel pour la valorisation de la pomme de terre (GIPT). Certes, "les ventes en supermarché ont augmenté, mais ça n'a pas compensé le reste".
 
La filière a sorti la calculette et estime ses pertes à 200 millions d'euros. Elle demande à l’Etat de débloquer, en urgence, 35 millions d’euros afin de payer, par exemple, le transport des invendus vers la filière animale et la méthanisation, des débouchés de secours. Au total 450.000 tonnes de petits légumes ronds qui auraient dû être transformés ne le seront pas cette année, parmi lesquelles 200.000 destinées aux industries françaises, dont McCain.
 
A chacun son appel à l’aide. En Belgique, les producteurs, confrontés au même problème, demandent très sérieusement aux Belges de manger des frites deux fois par semaine au lieu d'une.
 
Dans ce climat morose, difficile de trouver des patatiers qui ont le sourire. Et pourtant. En Alsace, région qui produit l’équivalent de 60.000 tonnes de pomme de terre sur quelques 1.500 hectares, certains affichent malgré tout, un bilan favorable. "On est épargnés par rapport à des régions qui produisent essentiellement pour l’industrie. Ici une partie de la production régionale va chez les grossistes", avance Roland Schweitz, producteur à Duttlenheim.
 

L’un des produits phares du confinement 


"Ceux qui ont souffert sont ceux qui travaillent pour les restaurants et les collectivités. Mais pour le reste, on n’a pas d’industrie de transformation. On n’a pas non plus beaucoup de surface de production. La vente directe aux consommateurs qui a gagné de nouveaux adeptes a compensé la fermeture des restaurants et des cantines. Ça a bien marché, globalement, on a sauvé les meubles", explique également Denis Young, conseillé en production de pommes de terre au sein de l’association Planète Légumes.

D’autant que, selon lui, la pomme de terre a été l’un des produits phares du confinement. "Les gens ont continué à en manger parce que c’est un produit que l’on peut cuisiner différemment, qui reste à un prix abordable. Une fois que les gens ont consommé les pâtes, le riz, ils se tournent vers la pomme de terre", ajoute-t-il.

Reste à croiser les doigts pour que l’engouement persiste. En attendant, face à la crise de toute une filière, certains agriculteurs en difficultés auraient déjà fait le choix de transformer leurs cultures pour l’année prochaine.
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