La restauration classique est toujours à l'arrêt dans les Ardennes. Les restaurants en zone verte devraient rouvrir début juin, selon Roland Héguy, président de l'Umih, principal syndicat de l'hôtellerie-restauration. Les friteries font le plein en ce moment à Charleville-Mézières.
Le département des Ardennes espère passer au vert le 2 juin prochain grâce aux nouveaux critères de la carte du déconfinement qui seront réajustés. Pour l'heure, les restaurants, bars et établissements de restauration sont fermés au public.
La vente à emportée est fort heureusement souvent proposée par ces professionnels en attente d'un retour à la normale.
#coronavirus : à Charleville-Mézières, à l’Auberge du Laminak, “on survit” entre vente à emporter et espoir #Ardennes #restaurants #Economie https://t.co/848tX5qFgG pic.twitter.com/mHyRxNybQt
— France 3 Champagne-Ardenne (@France3CA) April 15, 2020
Pour les aider, la ville de Charleville-Mézières propose une liste des établissements qui tentent de poursuivre leur activité, les commandes se prennent souvent par téléphone, la livraison est possible.
On garde la frite
Les promenades quotidiennes dans le centre-ville de votre chef-lieu peuvent sembler moroses en ces temps de "semi-déconfinement" . C'est la sortie surréaliste du samedi soir en ce moment sur l'ensemble du territoire français : les restaurants sont dans le noir.On traverse des avenues et des places entières dans un silence inédit, sur le trottoir, la carte des menus est effacée.
Comme de petits oasis cachés çà et là dans différents quartiers de la cité, les restaurateurs ambulants, les food truck, (camions restaurant) et les friteries font de la résistance. L'animation de la place de l'hôtel de ville ce samedi 23 mai à 19 h , c'est le kiosque macérien, une friterie fraîchement rénovée, installée sur le parvis tout neuf, lui aussi.
Les dernières recommandations sanitaires de distanciations et de gestes barrière donnent à la file d'attente des lieux, une image d'un autre temps.
Qu'importe, ça sent l'oignon frit et la fricadelle à cent mètres, et la foule se presse pour y goûter.
Jérôme a traversé la ville pour trouver de quoi manger ce soir. Depuis quinze minutes, il attend sa commande en scrutant la façade magnifique de l'hôtel de ville.
" Il n’y avait rien d’autre pour se restaurer ! " me lance-t-il avec un large sourire.
" Maintenant que les friteries sont ouvertes, ça fait du bien. Ça nous fait sortir un peu. Ce n'est pas tout à fait un restaurant, mais voilà, c’est comme si. On emporte et on mange à la maison, c’est mieux, parce qu'ici en ce moment, il n’y a rien pour s’asseoir, autant manger à la maison".
C’est difficile en ce moment, tous les bars sont fermés, les restaurants, et sur la place Ducale un samedi comme ça, c’est mort. Les week-ends, ça bouge beaucoup d’habitude, mais là, depuis le début du déconfinement, c’est très dur.
Dès que ça ouvre, j’irai en centre-ville boire un café ou une bière en terrasse, et puis manger au restaurant.
Jérôme Morand, Charleville-Mézières
Manger pour 5€
Derrière son kiosque, à l'abri des regards, une grande silhouette se dessine. Dominique Boutillier, gérant de la friterie, et de deux autres points de restauration, assure l'approvisionnement. Les clients sont nombreux en ce moment, le service est ininterrompu, et le travail ne manque pas." Ça fait 50 ans qu’il y a une friterie sur cette place ! " m'annonce le patron en désignant le kiosque reconstruit.
" On a changé le kiosque lorsque la place a été refaite. Cette friterie, les gens l’ont toujours connu. C’était le rendez-vous des militaires à une époque lorsqu’ils incorporaient leur caserne.
Aujourd’hui, c'est un autre public, mais il y a une nécessité de faire vivre cette place.
Avec le confinement, il faut absolument que les gens puissent se restaurer. Il y a des gens qui n’ont pas de cuisine chez eux, qui vivent dans des chambres de bonnes. Ces gens-là ont besoin aussi de manger."
Ici, on peut manger un sandwich américain pour 5,50 €, ça rentre dans tous les budgets. On a les desserts, les crèmes glacées, les sandwiches, on peut faire un menu. On attend le déconfinement, et vu la grandeur de la place, on mettra une terrasse, on pourra séparer les tables.
En attendant ça sauve.
Dominique Boutillier, gérant du kiosque Macérien à Charleville-Mézières
Le restaurateur poursuit en évoquant ces dernières semaines : " On a eu une grosse augmentation des commandes via la plate-forme Uber Eats pendant le confinement. Les gens avaient peur de sortir chercher à manger, ils faisaient appel au livreur.
On espère surtout que la deuxième vague de virus ne va pas arriver, et qu’on pourra maintenir les mesures sanitaires. Dans tous les cas, il faut tout rouvrir pour mes collègues restaurateurs qui souffrent terriblement".
Devant le grand tableau qui affiche les tarifs, Frédéric fait les cent pas. Ce rendez-vous "casse-croûte", il le connaît bien, il y venait déjà tout petit, la première friterie de la place date des années 1970.
Il explique cette fidélité à l'endroit :
Moi, je suis un habitué de cette friterie, je viens depuis qu’elle existe, au moins une fois tous les 15 jours. Personnellement, je ne suis pas trop restaurant, je préfère la restauration rapide. Ça ne remplace pas les établissements habituels.
Si on veut manger dans un bon restaurant, il faut mettre le prix, mais quelques fois on a tout simplement pas envie de faire à manger, aussi, c’est pratique.
Frédéric, fidèle client de la friterie de Mézières
Sans patates
Il n'y a pas que la frite qui fait sortir les Carolomacériens, (les habitants de Charleville-Mézières), en ce moment.Des dizaines d'autres restaurateurs débordent d'idées pour étendre leur d'activité. Les invitations sont faites sur les réseaux sociaux et les plateformes de discutions sur internet.
Plus de 175 000 restaurants sont répartis sur le territoire français, dont plus de 18 000 se situent à Paris et alentours, selon les données de l'Insee.
La restauration rapide représente désormais 37 % des restaurants. (Source : Les Echos Entrepreneurs)