Une soixantaine de parlementaires français et européens, majoritairement LREM mais également des socialistes, d’anciens Verts ainsi que d’ex-marcheurs, ont lancé le 4 avril une plateforme collaborative en ligne durant un mois pour préparer "le jour d'après" la crise du covid19.
Parce qu’ils sont persuadés "qu’il y aura un avant et un après coronavirus", ils ont lancé le 4 avril, une plateforme collaborative intitulée "lejourdapres" pour élaborer un plan post-crise. Ils et elles, ce sont 60 parlementaires, majoritairement des députés LREM mais également des socialistes, d’anciens Verts ainsi que d’anciens marcheurs. Objectif : permettre à chacun pendant un mois, d’échanger, débattre, élaborer en ligne, des mesures sur le climat, la biodiversité, la solidarité, la santé. Voici le témoignage de deux signataires : la députée du Bas-Rhin, Martine Wonner et l’eurodéputé Pascal Durand.
Parmi les signataires : Martine Wonner, députée LREM de la 4e circonscription du Bas-Rhin. Lorsque nous la contactons, cette psychiatre de formation vient d’achever une astreinte téléphonique Covid qui assure un accompagnement psychologique des soignants."Ce qu’on est en train de vivre est un vrai traumatisme, il va se passer des choses à l’issue du confinement", nous confie l’élue strasbourgeoise, "en tant que parlementaire, mon rôle est d’évaluer et de contrôler l’action du gouvernement, s’il n’y a pas un virage à 180°, j’en tirerai les conséquences".S’il n’y a pas un virage à 180°, j’en tirerai les conséquences
- Martine Wonner, députée LREM de la 4e circonscription du Bas-Rhin
Pour cela, elle attend de connaître la teneur du grand plan pour l’hôpital, annoncé par le président de la République, à Mulhouse ainsi que la revalorisation des métiers de la santé. Plus généralement, cette crise sanitaire a révélé les failles et les limites de notre modèle de développement et a mis en évidence l’essentiel comme la souveraineté alimentaire et la sécurité sanitaire.
Pour celle qui combat le GCO depuis le début de son mandat, dénonce les accords de libre-échange comme le CETA, cette crise doit nous permettre de revoir nos modes de consommation. "Il faut promouvoir les circuits courts, pour accompagner nos agriculteurs au lieu de détaxer des produits qui parcourent des milliers de kilomètres avant d’arriver dans nos assiettes, de la même façon, il faut réimplanter en France, en Europe des chaînes de production de masques, par exemple."
Pascal Durand, lui est confiné à Bruxelles où il continue d’exercer à distance son mandat de député européen. Ex-Europe Ecologie Les Verts, élu en 2019 sur la liste Renouveau, il explique son engagement par une phrase d’Edmond Rostand : "C’est la nuit qu’il est beau de croire en la lumière" et d’ajouter : "ce qui me plaît dans cette plateforme c’est le fait qu’on y associe les citoyens, cette démarche participative est aujourd’hui indispensable, la démocratie représentative institutionnelle ne suffit plus. Et puis on n’y arrivera pas sans Europe, en tant qu’eurodéputé, je vais me concentrer sur les questions européennes, faire la passerelle entre le niveau français et le niveau européen."
Nous allons devoir opérer une véritable révolution culturelle
- Pascal Durand, eurodéputé
Lorsqu’on l’interpelle sur l’absence de solidarité européenne au début de la crise, Pascal Durand déplore une Europe intergouvernementale sans véritable souveraineté politique. "Est-ce qu’on va pouvoir faire bouger les lignes ? Je veux y croire, nous allons devoir opérer une véritable révolution culturelle, changer notre regard au monde, déterminer nos plus grandes priorités sociales, environnementales, déterminer dans quel monde on veut vivre".
Une quarantaine de propositions très concrètes figurent sur la plateforme, parmi elles : une augmentation de 200 euros des salaires des aides à domicile, des aides-soignants, des infirmières et des agents hospitaliers. la création d’un revenu universel dès l’âge de 18 ans la mise en place d’une taxe carbone aux frontières en Europe.En quelques jours, le site a enregistré plus de 15 millions de pages vues et 2.300 contributions ont été postées. La plateforme organise aussi des ateliers participatifs avec de « grands » invités comme Laurence Tubiana, directrice de la Fondation européenne pour le climat. Tous ces échanges et propositions feront l’objet d’une synthèse mi-mai et pourraient se transformer en propositions de loi.