Ce sont eux les petits poucets de cette édition 2022-2023 de la coupe de France. Les joueurs de R1 du FCOSK06 (Strasbourg Koenigshoffen) sont venus à bout des professionnels du Clermont Foot (L1). Ils joueront donc les 1/16e de finale, face à une L1, Angers, comme pour adouber la voie prise par le club ces deux dernières années.
Ils n'ont plus de voix et presque plus de larmes. Les deux présidents du FCOSK06 (R1) ont peu dormi et commencent tout juste à réaliser l'exploit accompli par leurs joueurs : battre une équipe de ligue 1 en 1/32e de finale de la coupe de France.
"Je me suis planqué dans un vestiaire pour chialer tellement l'émotion était forte, nous raconte Aziz Soylul, co-président du club, la voix rocailleuse. Mais en réalité, cette victoire, on l'avait planifié dès qu'on a su qu'on jouait Clermont. Si ça avait été le PSG, on aurait privilégié une grande fête à la Meinau en mettant de côté l'aspect sportif. Là, on s'est dit qu'on ne remplirait pas le stade, alors autant jouer dans un petit stade pour leur mettre la pression et faire un tour de plus".
Pari tenu qui en dit long sur l'état d'esprit et la soif de réussite de ce club de quartier à l'histoire longue et mouvementée. Le FCOSK06 est né de la fusion entre l'Olympique de Strasbourg situé à Cronenbourg et le FCK06, basé, lui, à Koenigshoffen. En janvier 2020, les deux dirigeants se rencontrent et évoquent l'idée d'une fusion. En juillet de la même année, c'est chose faite.
Deux clubs qui se complètent bien
"On est hyper complémentaires, explique Mourad Oualit, le président de feu du FCK06 depuis 2016 et actuel co-président de la nouvelle entité. A la base, nous avions misé l'évolution du FCK06 sur la formation des jeunes, une formation bien encadrée par des éducateurs salariés, qui viendraient ensuite alimenter notre équipe senior. Tandis qu'à l'Olympique de Strasbourg, ils ont misé sur la compétitivité de leur équipe 1".
Deux visions qui se sont bien trouvées pour ces deux clubs situés à l'ouest de Strasbourg, dans des quartiers dits prioritaires. Le FCK06 possède une très longue histoire, puisqu'il naît en 1906, la même année, hasard du calendrier, que le Racing club de Strasbourg. D'ailleurs hier soir, les supporters étaient fiers de pouvoir rappeler, que non, il n'y a pas que le Racing à Strasbourg.
Une longue histoire émaillée d'invités prestigieux. Ainsi, l'international français Didier SIx a fait ses premiers pas d'entraîneur à Koenigshoffen en 1997. Avant lui, Pierre Jacky, l'actuel sélectionneur de l'équipe de France de futsal en a dirigé les vestiaires entre 1993 et 1996. L'ancien arbitre international, Frank Schneider est lui aussi passé par la case FCK06.
Une histoire émaillée de prix tout aussi prestigieux. Le club en a gagné deux, remis par la FFF et qui viennent récompenser son investissement sociétal et environnemental. Il a notamment mis en place un potager dans des bacs (portant le nom des clubs préférés des enfants licenciés, ça ne s'invente pas) et ensuite proposé lors des goûters pendant les compétitions jeunes, les légumes issus de ce potager.
Peu importe l'adversaire des 1/16e, il y aura du plaisir
L'Olympique Strasbourg, lui, naît beaucoup plus tard, en 1997. C'est la communauté turque du quartier qui le fonde. Aziz Soylul y prend sa licence en 2001 comme joueur, puis en devient le président en 2016. "A ce moment là, on a voulu changer de mentalité et sortir du communautarisme".
Pari payant, puisque l'équipe 1 remonte en R2 et joue les 1/32e de finale de la coupe de France contre Saint-Etienne en janvier 2019. "On a dû jouer à la Meinau parce que les supporters stéphanois sont nombreux et à haut risque, se souvient Aziz Soylul, jeune quadragénaire directeur d'une entreprise de transport. Mais sportivement, pour nous, c'était mission impossible, un stade trop grand, ça allait trop vite."
Résultat, défaite 6-0. Un échec qui a servi à la nouvelle entité du FCOSK06. "C'est clair que cette fusion nous a offert une nouvelle dimension, note Mourad Oualit, 40 ans, conducteur de TER dans la vraie vie. L'équipe 1, promue la saison dernière en R1 est d'ailleurs 2e de son championnat, invaincue cette saison toutes compétitions confondues."
Complémentaires jusqu'au modèle économique puisque si le FCK06, historiquement, s'appuie sur des salariés, répond à des appels d'offres et gagne des marchés, l'OS, lui, mise sur les partenaires privés grâce au réseau de son président chef d'entreprise.
Une belle alchimie qui fonctionne, le club compte près de 500 licenciés qui étaient tous derrière leur écran ce dimanche soir à 20 heures pour connaître le futur adversaire des Strasbourgeois en 1/16e de finale. Et les deux présidents de philosopher. "Si c'est un gros, le PSG ou l'OM, ce sera à la Meinau, tant mieux, ce sera une belle fête et tant pis pour le résultat sportif, si c'est un club de national, tant mieux aussi, ça nous laisse une chance d'entrevoir le tour suivant". Ce sera finalement une Ligue 1, Angers. Le PSG ou l'OM, ce sera peut-être plus tard. Les Angevins sont prévenus.
