Né il y a 10 ans à Mulhouse, le salon d'art contemporain art3f s'invite pour la première fois à Strasbourg du 8 au 10 avril 2022. C'est la 17e ville à se laisser séduire par ce rendez-vous qui veut amener le public à la rencontre directe des artistes.
C'est un concept original : plutôt qu'un grand salon annuel, art3f se déplace de ville en ville pour proposer 17 rendez-vous dans 17 lieux de France et d'Europe. De Bruxelles à Bordeaux, Marseille, Luxembourg, en passant par Lyon, Monaco ou encore Paris, l'idée est partie de Mulhouse, il y a 10 ans : celle de proposer une foire d'art contemporain, mais qui exposerait directement les artistes, pas seulement les galeries.
Et elle a plu. "Je crois que les artistes ont besoin de sortir de leurs ateliers, de "prendre l'air" avec leurs œuvres, de rencontrer du monde, estime Serge Beninca, le fondateur d'art3f. Et le public, lui, aime dire qu'il a rencontré l'artiste, que l'œuvre qu'il a achetée ne reste pas "anonyme". Les galeries ont bien sûr leur importance sur ce marché, quelques-unes sont présentes sur nos salons. Mais le lien direct favorise les coups de cœur."
Et artistes comme public lui donnent raison. A Mulhouse, ils sont désormais 250 artistes et 35.000 visiteurs à se donner rendez-vous chaque année. "Nous avons un petit noyau dur d'artistes qui nous suivent, qui font plusieurs salons dans l'année. Et puis, à chaque fois, de nouvelles propositions, des artistes locaux aussi toujours."
Le salon strasbourgeois est un coup d'essai. Mais l'organisateur ne s'inquiète pas. "Nous avons, pour cette première, réuni une centaine d'exposants, dans un lieu que nous avons imaginé convivial, avec un espace de restauration pour encourager à la discussion. Nous espérons autour de 10.000 visiteurs, ce serait déjà un beau succès."
A Strasbourg, art3f arrive sur une terre déjà familière de l'art contemporain. Depuis 25 ans, la foire européenne Start investit avec succès le même Parc des expositions. Une concurrence ?
"Ce n'est pas comme ça que nous voyons les choses évidemment, précise Serge Beninca. Les deux événements peuvent être parfaitement complémentaires. Nous sommes peut-être sur un créneau plus familial, plus "populaire". Nous voulons en tout cas rendre l'art contemporain accessible et abordable."
Des œuvres à moins de 100 euros
Avec une vraie volonté de ne pas être seulement un "musée". Et donc faire en sorte que les gens puissent acheter des oeuvres. "Paradoxalement, la crise a plutôt servi le marché de l'art. Il y a eu un transfert de dépenses : pas de voyages, pas de sorties, alors pourquoi ne pas se faire plaisir avec une belle œuvre d'art?", explique Serge Beninca.
Sur son stand, Nathalie Scherrer propose ses créations, des gravures et peintures sur toile, alu et plexi très colorées, à partir de 99 euros pour les plus petits modèles. "Ils ont eu beaucoup de succès sur le salon parisien par exemple, dit-elle. Car ils sont accessibles et trouvent facilement leur place dans des espaces réduits, des petits appartements. D'autres sont plus grandes, ont demandé plus de travail et donc sont plus chères bien sûr."
Snath, de son nom d'artiste, elle est installée à Wittenheim et se dit ravie de venir à la rencontre du public strasbourgeois. "Je suis une fidèle des salons art3f, celui de Mulhouse évidemment, et quelques autres. Cela fait longtemps que je voulais venir à Strasbourg, à Start aussi, pourquoi pas."
Elle paye 5.000 euros pour trois jours de présence au parc des expositions. Un investissement qu'elle juge rentable. "Déjà, je vends mes œuvres, plus ou moins, mais je vends. Avec parfois des effets d'entraînement : l'un achète et le temps que j'emballe l'œuvre, trois autres amateurs sont arrivés et veulent se laisser tenter !
Et c'est là sans aucun intermédiaire, pas de galerie, rien. Et puis je me fais connaître, je fais du réseau, et je peux taper dans l'œil de visiteurs. Certains voient ce que je fais et iront plus tard sur mon site internet, reprendront contact."
10.000 visiteurs espérés
Pour preuve, ce visiteur a déjà les mains remplies de cartes de visite et de catalogues. "Ah oui, ça ne m'étonnerait pas de ressortir avec les bras chargés d'achat. Au premier coup d'œil, il y a pas mal de choses qui me plaisent ! Et il y en a pour toutes les bourses et tous les prix."
Ce couple, venu de Colmar "pour le plaisir de voir de la peinture, de sortir", est lui aussi ravi de sa visite. "Pour le plaisir des yeux, et plus si affinités." Cette étudiante, artiste à ses heures, se dit elle surtout avide de voir tout ce qui est proposé, "des techniques, des idées, c'est très varié !"
Dès les premières heures d'ouverture, art3f semble trouver son public à Strasbourg. Il a jusqu'à dimanche soir 10 avril pour le séduire. Et pouvoir lui donner rendez-vous l'an prochain pour une 2e édition.