Déconfinement : en Alsace, les déchèteries rouvrent mais redoutent "le chaos"

Après deux mois de fermeture, les déchèteries rouvrent progressivement en Alsace, avec le début du déconfinement. Dans l'Eurométropole de Strasbourg, la plupart d'entre elles ont fait leur rentrée ce mardi 12 mai, mais seuls les déchets verts sont acceptés et sous des conditions précises.

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Elles avaient déjà repris du service depuis plusieurs semaines dans d'autres régions, les déchèteries rouvrent désormais aussi en Alsace, avec la sortie progressive du confinement. C'est le cas dans l'Eurométropole de Strasbourg, où elles sont à nouveau toutes accessibles depuis ce mardi 12 mai.

Mais les conditions sont strictes : pour l'heure, seuls les déchets verts peuvent être déposés, et les entrées se font par alternance en fonction de la plaque d’immatriculation, paire ou impaire. Des restrictions pour garantir la sécurité, mais qui font craindre aux agents une flambée des tensions. Reportage à la déchèterie du Wacken, à Strasbourg.

Deux mois de déchets accumulés

Il y a ceux, comme Ariane, qui viennent en voisine, brouette à la main, depuis son jardin familial juste à côté de la déchèterie. Et d'autres, qui ont sorti les grands moyens : Claude et Patrick ont rempli leur remorque à ras bord. Les uns et les autres attendaient depuis longtemps ce premier jour de réouverture après le confinement. En deux mois, les déchets végétaux se sont accumulés.
 

"Ça traînait depuis le 21 mars, on était impatients de s'en débarrasser. Ça a foutu en l'air ma pelouse, plaisante Patrick, pendant qu'il jette ses thuyas dans une benne avec un ami venu l'aider. On va être obligés de refaire un voyage la semaine prochaine ou alors d'opter pour une autre déchèterie parce qu'il nous reste encore au moins autant de thuyas."

Daniel, lui, n'est qu'à moitié soulagé. Il peut déposer ses branches de framboisiers entassées depuis deux mois dans son garage - "ça a eu le temps de bien macérer, vous sentez ?" - mais se fait rappeler à l'ordre lorsqu'il essaye d'abandonner au passage quelques planches de bois traité. "Ça, on ne prend pas", répètent les agents. "Je vais repartir avec la moitié de ma remorque. Qu'est-ce que je vais en faire ? Ce n'est pas pour rien qu'on voit des dépôts partout dans la nature en ce moment. À côté de mon jardin, certains ont vidé une benne entière de gravats."
 


Un usager sur deux refoulé

Les dépôts sauvages, "c'est le risque, encore plus qu'en temps normal", reconnaît l'Eurométropole de Strasbourg. Elle mise sur le dialogue pour dissuader les usagers. Et la mission est de taille, car la moitié d'entre eux est carrément refoulée à l'entrée. 

Devant la déchèterie, Mario Dos Santos filtre les voitures. "Qu'est-ce qui vous amène ?" demande-t-il à un couple de personnes âgées. "On a une poêle à paëlla dans le coffre depuis longtemps". "Je suis désolée, elle va devoir y rester encore un moment. On ne prend que les végétaux". "On peut revenir quand ?". "Pas avant deux semaines, au moins."
 

Les cinq bennes de la déchèterie sont toutes réservées aux branchages et au gazon. "On a été obligés d'interdire tout le reste par sécurité, parce que les gens ne doivent pas se croiser. Parfois, il nous arrive d'accueillir 1.200 voitures par jour, c'est beaucoup trop dangereux en ce moment. Alors, on a mis en place certaines restrictions. Il ne peut y avoir que cinq voitures à l'intérieur en même temps, une par benne. Pour entrer, il faut un masque et une plaque d'immatriculation paire ou impaire selon le jour", détaille Mario Dos Santos, agent de l'Eurométropole (voir explications ci-dessous). 
 

À leur arrivée, les usagers ne semblent pas vraiment au courant. Certains sont même totalement perdus. "Mais comment on sait si on a une plaque paire ou impaire ?", s'interroge un homme, au volant de sa camionnette. Plus loin, un autre s'alarme : "On m'a laissé passer aujourd'hui malgré ma plaque impaire, mais comment je vais faire les prochaines fois ? Si on habite dans le 67 et qu'ils laissent entrer un jour les plaques paires et le lendemain les plaques impaires, tout le monde va venir le même jour !". Alors, l'agent prend le temps de rassurer, et de renseigner. "Il faut beaucoup de bienveillance. C'est pour ça que ce métier me plaît", insiste-t-il, avec le sourire, "heureux" d'avoir repris le travail même s'il avoue avoir beaucoup craint la réouverture. 
 

"Un chaos" redouté par les agents

Les agents sont unanimes, ils avaient la boule au ventre avant de retourner à la déchèterie, ce 12 mai. La première journée est plus calme qu'attendu. Sans doute l'effet d'une reprise un mardi. Certains usagers ont trouvé porte close la veille : "du coup, ils pensent que c'est toujours fermé mais avec le bouche-à-oreille, ça va vite changer", anticipent les "hommes en orange". 
 

Ils redoutent une hausse de la fréquentation et des situations difficiles à gérer. En période normale, déjà, sans toutes ces nouvelles restrictions, certains usagers ne supportent pas de devoir patienter avant d'entrer. La police doit intervenir en moyenne une fois par semaine face à des comportements parfois violents et des insultes qui se perdent. "Franchement, on a peur que ce soir le chaos. Vous n'imaginez pas ce qui se passe dans les déchèteries", lâchent les agents.

Consciente du risque, l'Eurométropole de Strasbourg a réduit les plages d'ouverture (du mardi au samedi de 9h30 à 16h au lieu de tous les jours de la semaine) pour pouvoir mobiliser en permanence quatre personnes contre deux habituellement. Elle a en plus demandé le renfort d'un agent de sécurité. "A cinq, on a un autre moyen de pression si jamais il y a un conflit. Les personnes voient qu'on est en supériorité numérique, si l'on peut dire", se rassure Grégory Brenner, qui affirme être régulièrement agressé avec ses collègues. 

L'Eurométropole conseille aux usagers qui le peuvent de différer leur passage en déchèterie. Ceux qui veulent se débarrasser de mobiliers ou autres appareils électroménagers volumineux peuvent s'adresser au centre de collectes des objets encombrants.
 
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