Les dix départements du Grand Est restent classés "rouge" et les frontières resteront fermées jusqu'au 15 juin minimum, sauf pour les travailleurs: ce sont les deux enseignements du plan de déconfinement, détaillé ce jeudi 7 mai. Une "pure folie" selon le président du département du Bas-Rhin.
C'était un secret de polichinelle. C'est désormais une certitude. La totalité des dix départements du Grand Est (Aube, Marne, Haute-Marne, Ardennes, Meuse, Meurthe-et-Moselle, Moselle, Vosges, Bas-Rhin, Haut-Rhin) sont classés en "rouge" sur la carte de France des territoires.
Le gouvernement, qui a annoncé ce jeudi 7 mai son plan de déconfinement, a priviligié une logique de couleurs par "grandes régions", par prudence et au vu de la "coopération" toujours à l'oeuvre entre départements voisins.
Des services de réanimation encore saturés
Dans le Grand Est, c'est surtout la saturation des services hospitaliers de réanimation, bien au-delà du seuil des 60% d'occupation fixé par l'exécutif, qui empêche de donner le feu vert à un déconfinement plus prononcé. L'ensemble des chiffres est mis à jour quotidiennement sur santé publique France.Rouge ou vert, dans les faits, cela ne change pourtant énormément de choses. On connaissait déjà la plupart des différences concrètes selon la couleur en vigueur dans tel ou tel département. Ainsi, pas de réouverture des collèges, ni des parcs ou des jardins publics dans les territoires en rouge sur la carte.
La seule nouveauté qui aura un impact certain sur les habitants du Grand Est est le maintien de la fermeture des frontières. "Nous avons décidé de prolonger les restrictions jusqu'au 15 juin au moins", a déclaré le ministre de l'Interieur Christophe Castaner. Impossible donc d'envisager par exemple d'aller faire ses courses outre-Rhin ou d'aller acheter ses cigarettes au Luxembourg.La libre circulation des travailleurs frontaliers sera préservée
- Christophe Castaner, ministre de l'Intérieur
Une carte de France amenée à évoluer
"La liberté de circulation des travailleurs frontaliers sera elle préservée", a-t-il encore indiqué. Concernant les déplacements hors de l'espace Schengen, un "assouplissement viendra en temps voulu, lorsque les conditions sanitaires le permettront."Voici le passage de l'intervention du ministre de l'Intérieur, sur les "restrictions" aux frontières:
? "Les frontières restent fermées" mais la "libre circulation des travailleurs transfrontaliers reste préservée", ajoute le Christophe Castaner
— franceinfo (@franceinfo) May 7, 2020
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Le gouvernement a aussi laissé entendre que les cafés et les restaurants pourraient "rouvrir" dans les départements verts au 2 juin, nouveau cap donné par l'exécutif. Cela signifierait pour l'heure que les établissements du Grand Est ne seraient pas autorisés à accueillir à nouveau de la clientèle.
La situation reste toutefois "évolutive" a rappelé le gouvernement. Chaque département peut ainsi potentiellement changer de couleur selon l'évolution des indicateurs sanitaires. Une carte actualisée doit être présentée tous les soirs lors de son intervention par Jérôme Salomon, le directeur général de la santé.
"De la pure folie"
Réagissant au plan présenté ce jeudi 7 mai par le gouvernement, Frédéric Bierry, président du conseil départemental du Bas-Rhin, a jugé qu'il relevait de la "pure folie" de maintenir le déconfinement dans les territoires classés rouge.L'élu dénonce la mise en "danger" des Alsaciens "avec un déconfinement aveugle uniforme où la différence entre zones rouges et vertes est aussi épaisse qu'une feuille de papier à cigarettes."
"Comment peut-on ignorer à ce point la pression inhumaine subie depuis trop longtemps par notre écosystème sanitaire et médico-social alsacien?" s'insurge encore Frédéric Bierry qui craint une "nouvelle catastrophe sanitaire avec de nouveaux morts"".
Il réclame "une stratégie de déconfinement adaptée aux contextes" des deux départements alsaciens en s'appuyant sur une disponibilité suffisante en masques et en menant des tests à grande échelle.